mars
18
2011
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Nina’ School >> 13 Comptines |
Contexte :
Ah, le fameux second album ! C’est un pic, c’est un cap, que dis-je : un cap ? C’est une péninsule ! Surtout quand le premier opus a été aussi bien accueilli qu’a pu l’être « Du Bruit Dans La Tête », qui avait permis à Nina’ School de parfaitement s’incruster sur la photo de famille Guerilla Asso.
Chronique :
L’autre adage qui ressort à chaque sortie, c’est celui d’ « album de la maturité ». Pas si con. Bien que n’en ayant pas grand chose à foutre et ayant plutôt revendiqué l’immaturité sur leur excellent split avec Black Sheep, les bordelais ont indéniablement progressé, peaufiné leurs compos et pris soin de placer riffs et breaks dans tous les sens. C’est le gros point fort du disque, mais aussi ce que les fans du premier album pourrait regretter. Nina’ School est surtout déconcertant par sa facilité à placer des lignes de chant parfaites, qui une seule fois entendues, sont assimilées par le cerveau et recrachées par la gorge. En cela, le morceau emblématique était « Tom », sur le premier album. Alors si certains espéraient n’avoir que des titres de cet acabit, il faut se référer au titre : cette histoire n’est pas en 13 « Tom », mais en « 13 Comptines ».
Et avant les comptines, il y a une intro appelée originalement « Intro », et qui peut faire penser à celle des Good Charlotte sur l’album « The Young & The Hopeless », pour les plus cultivés en punk-rock... Derrière ça défouraille sévère, la progression d’accords en palm mute faisant rentrer dans « Du Punk, Des Maux Croisés, Des Sentiments... », qui fait un gros combo refrain qui bute/choeurs à la volée. Cela commence très fort, et ce n’est pas le riff qui pousse au cul de « E.R.I.C. » qui va venir calmer le jeu, bien au contraire. Les guitares s’envolent, la batterie reste. Le groupe est hallucinant de maîtrise, et déclame son refrain tranquillement, mais avec une puissance pas si contenue que ça. Gros morceau, vraiment.
Si jeunes et si fougueux, les quatre garçons dans le vent n’en sont pas moins désabusés et pessimistes. Les Sex Pistols avaient décidément bien senti le leitmotiv du punk-rock en clamant le « no future ». Les inquiétudes pour l’avenir pullulent dans les chansons du genre, et Nina’ School ne fait pas exception. Ils ont beau clamer que « Tout Ira Bien », on a du mal à les croire à la lecture des paroles sur ce titre. Et de manière générale d’ailleurs, en lisant les textes qui parsèment le chouette livret orné d’illustrations pour chaque morceau.
L’autre particularité de l’écriture chez les Nina, c’est cette propension à pondre des personnages, leurs chansons étant souvent baptisée par des prénoms en guise de titre. On retrouve ainsi une jeune fille mondaine, « Hell », que le groupe prend en pitié, une personne anorexique par la force des choses sur « 25 Kg » (avec chant copier-coller au couplet de « Du Bruit Dans La Tête »), ou encore une certaine Amy. Voilà en partie la nouvelle galerie de personnages dont parle l’ Ecole de Nina, et qui se retrouvent propulsés au milieu de pensées aussi sombres qu’un polar scandinave.
La race humaine prend cher, entre le fameux « ¼ d’Heure De Gloire » que tout le monde recherche comme l’avait prédit Andy Warhol, les clivages idéologiques sur « Kalter Krieg » (avec intro en choeurs dignes d’un jingle de pub pour une compagnie d’assurance) ou encore « Against Peace » qui dans le propos se rapproche du « White People For Peace » d’ Against Me !. L’apogée est atteinte sur l’excellente « Flambeau DC » : « Une sale lucarne pour m’abrutir / Un poignée de classe pour leurs génocides, pour ton génocide / Nous ne valons rien / Vous ne valez rien »...
Pas vraiment la joie donc, mais le tout est balancé avec une grosse patate, et cette foutue science du riff, l’école NOFX n’étant jamais bien loin (« Kalter Krieg », l’excellente « Dernier Râle »), et avec des passages que n’auraient pas reniés les Uncommmonmenfrommars (l’intro de « Hell »).
Incontestablement, la petite Nina a pris une autre envergure. Elle est plus mature, et son passage entre la classe du premier au second album ressemble davantage à celui de Dolores Riposte. Elle mérite largement les « encouragements », a su travailler ses points forts dans les matières principales, mais ne peut pas encore atteindre les « félicitations » qu’avait récoltées la petite Justin(e), qui a décidément placé la barre très haut.
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