nov.
15
2007
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Disco 2000-2004 : Butterbeans w/ Guerilla Poubelle |
Contexte :
Avril 2005 voit la sortie du split entre les deux groupes, breton et parisien, sur Guerilla Asso, la structure montée autour des ex-Betteraves qui sévissent depuis 2003 sous le nom de Guerilla Poubelle. Le disque est une compilation de titres issus des premières démos des 2 groupes ainsi que de titres rares ou inédits enregistrés entre leurs débuts et 2004.
Posthume pour l’un, Butter Beans, prédisant un grand avenir pour l’autre, Guerilla Poubelle, ce disque, de 28 titres pour une heure et quart de ska punk énergiques et de punk rock franc du collier, est un excellent aperçu de deux excellents groupes de la scène indé et activiste française.
Pressé à 500 exemplaires, ce split est aujourd’hui épuisé mais Butter Beans met tous ses titres à disposition sur son site. Les GxP eux en mettent une grande partie sur leur site et d’autres sont présents sur leur album Il Faut Repeindre Le Monde sorti en 2005.
Chronique :
Même si comme le dit un célèbre flyer de chez nous : « This is Brest not Boston », on a quand même des trucs bien ici : PunkFiction d’abord (héhé !), une mairie moche, un temps pourri, plein de ronds-points (ça fait des beaux sujets de chansons punk !) et une scène assez fournie dont Butter Beans faisait partie au temps de leur gloire plus que locale jusqu’au split en 2004. Ah ! Et aussi Le Défi Brestois, une manif de trois jours de prévention de l’alcoolisme où la population est invitée à s’abstenir de picoler mais où le vrai défi consiste à faire l’inverse de ce qui est prévu… Oui ? Et où j’veux en venir ? Ben que grâce à Butter Beans, Brest était presque devenu aussi connue pour son ska punk que pour sa colonie de « leveurs de coude ». Pour dire aussi qu’entre leur son cuivré efficace et le punk rock direct des parisiens, ce split-cd est le disque parfait pour les teufs arrosées Anti Défi Brestois !
Je ne reviendrai pas sur les 8 titres de The Golden Guidon Spirit , déjà chroniqués à l’époque de la démo et qui constituent la majorité des titres de Butter Beans présents sur le CD. Ils mettent d’autant plus en valeur la progression du groupe entre 2002 et 2004 et le rendu qu’aurait pu avoir un album du groupe avec une bien meilleure prod. ‘Les Haricots‘ avaient en effet bénéficié d’un plus gros budget pour l’enregistrement de 4 inédits plus deux reprises : « Born To Die » des Choking Victim et « Freetown » des Teenage Riot, très réussies et faisant honneur à leurs aînés. Six morceaux plus aboutis donc, qui font poindre la nostalgie à leur écoute : ça change de la prise directe ! Des tunes comme « Stain » ou « No By » auraient assurément pu faire partie des grands classiques du groupes au même titre que « Misenderstanding ». Marie, la chanteuse, développe toujours un phrasé féminin marquant, apportant outre davantage de justesse, plus de variété, du ragga, du swing, du hip hop même viennent parsemer ces perles de ska punk, hardcorisant par instant, dansant, groovy et festif le reste du temps. La basse claque plus, les cuivres sont plus équilibrés avec l’arrivée d’un trombone. C’est carré, entraînant, rapide, décédé mais fédérateur au possible en touts cas... RIP, snif !
Pour ce qui est d’être fédérateur, les parisiens ne sont pas en reste quand leur partie enchaîne par 14 titres ravageurs, gueulards, old school, ironiques, directs et humoristiques même si manquant un brin de finesse par instant. Il faut garder à l’esprit que tous les titres ont été mis en boîte au moins un an (voire deux) avant l’album, certains même, 6 au total, en prise live. Le manque de maturité est donc tout relatif et qualitativement le groupe s’en sort très honorablement avec un style qui de toute façon s’accommode parfaitement d’un prod brute et sans fioritures. Les 14 titres de GxP comptent aussi dans leurs rangs un hommage à Choking Victim : « 500 Chaînes » (et deux autres reprises dont une des Crass). Qu’il écorche la nouvelle génération ‘staraco-mcdo-internetisées’, l’illusion du vote (« Mon Rat S’appelle Judas »), le con-sot-mateur ou la gente masculine (« Etre Une Femme »), la désillusion anarchiste imprègne autant que le cynisme, les lyrics du groupe avec un peu d’outrance parfois mais c’est ce qu’on aime chez eux (ou pas d’ailleurs) depuis l’époque Betteraves. Un chant aussi gras que le son des guitares et l’humour du groupe, GxP développe un style clairement hésité des origines, oscillant entre punk rock basique, punk n’roll (limite psycho sur « Genération ») et influences plus modernes et américaines sur des morceaux comme « la Mort Douce » où le mélange des genres refait surface avec un passage reggae. L’intérêt est donc plus dans l’efficacité et la furie de morceau comme « Le Pendu » que dans l’aspect technique du trio. Leur folie est rendue communicative par la variété (ska, grind, mid tempo) et la bonne humeur que GxP arrive à insuffler à un style pourtant pas réputer pour sa diversité. Et dire que le groupe a encore progressé depuis (à voir en live) !
Un split entre d’eux groupes cohérents et complémentaires, qui mérite les mails investigateurs et les fouilles de distro en concert qu’il vous en coûtera pour vous le procurer !
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