Reconstruction Show : Pennywise + Bouncing Souls + guests @ Garage (Sarrebruck - ALL)

Publié le 10 mai 2010 par Anarchibald

Alors que je cherchais, il y a quelques temps, à me rendre au concert des Bouncing Souls à Paris ce vendredi 23 avril, je me suis rendu compte que les zicos passaient à une heure et demi de chez moi avec dans leurs bagages Pour Habit, A Wilhelm Scream, Strike Anywhere et… Pennywise ! Excusez du peu. Fraichement sorti du Groezrock, les 5 groupes prolongent en effet le plaisir avec une sorte de mini-festival : le Reconstruction Show.

Après avoir cru que j’aillais une fois de plus me perdre dans Sarrebruck (c’est ça de débarquer par les petites routes perdues dans les bois), j’arrive finalement au Garage vers 18h40. Contrairement à ce qu’il en était lors du concert de The Unseen, un an plus tôt en ce même lieu, et logiquement vu la taille de l’affiche, c’est dans la grande salle que cela se passe. Voilà 40 minutes que les portes sont ouvertes et pourtant c’est loin d’être blindé. Un public clairsemé qui me permettra de retrouver quelques français. Le temps de se saluer et nous voilà accrochés aux barrières pour accueillir Pour Habit.

Les californiens nous mettent tout de suite dans l’ambiance en entamant le set avec « Institution ». Très vite le chanteur essaye de rameuter le public, et comme celui-ci n’est pas assez rapide pour répondre à ses appels, c’est Chuck qui vient à lui, passant les barrières pour venir chanter, le temps d’une chanson, parmi les spectateurs. Agité, l’ami Chuck semble l’être ce soir, s’accrochant un peu partout et faisant le pitre à la moindre occasion, voilà qui change de le voir gerber tous les deux mots comme on a pu le voir sur le Net il y a quelques semaines. Une motivation partagée par les autres membres du groupe qui nous font passer la demi-heure dans une bonne humeur communicative.

Le temps de chercher une bière, de trainer un peu ici et là, et voilà que le changement de plateau est déjà fini. A Wilhelm Scream prend la suite et assène un brillant coup de poing d’entrée de jeu en attaquant avec l’excellente « Me Vs. Morrisey In A Pretentious Contest (The Ladder Match) », surement un des meilleurs titres du groupe : furieux, survolté, rapide et bref. Comme quoi le groupe n’a pas nécessairement besoin de se répandre en accords et en soli pour faire monter le plaisir. Pour le reste, les zicos nous livrent un titre de leur nouvel EP, quelques morceaux de Career Suicide, leur dernier album, à l’image de "The Horse" ou "5 To 9". On remonte ensuite le temps pour finir le set en retrouvant tout d’abord Ruiner et la très classe « The King Is Dead » pour enfin se quitter sur « Famous Friends And Fashion Drunks » issu de Mute Print.

Hop une demi-heure, emballé c’est pesé, la machine à l’air bien rodée et on s’attend alors à voir débarquer Strike Anywhere sous peu. Hélas, c’était sans compter sur un ingé son sourd et manchot qui fait trainer en longueur les balances, en particuliers celles de la batterie : « bom bom bom bom »… et ça dure… « bom bom »… et ça dure… on se croirait dans la pub Duracel tiens. Un retard qui ne sera pas sans conséquences, puisque le groupe devra écourter son set pour tenir l’horaire. Pour l’heure les gars de Richmond (la raclette ahah, c’est pas comme si on l’avait fait 12 fois celle-là) arrivent enfin avec le duo « We Amplify » / « Blaze » histoire de partir sur le bon pied. La salle n’étant pas vraiment adaptée au groupe (SA est avant tout un groupe de contact), Thomas descendra pour venir se coller aux barrières et laisser les premiers rangs donner de la voix. Côté set-list la part belle est laissée au dernier album avec « The Crossing », « Hands Of Glory » ou encore « Invisible Colony ». Timing serré oblige pas de « Sedition » ou « Laughter In A Police State » (bien dommage), ainsi seule « Timebomb Generation » représentera Change Is A Sound, quant à Dead FM il aura droit à « Prisonner Echoes » et « Instinct ». Bien évidement les piliers les plus importants sont présents et « Infrared » ainsi que « To The World » viennent chatouiller les gorges. Ce sera finalement « I’m Your Opposite Number » qui clôturera la prestation du groupe, toujours très prenant.

Encore deux groupes à passer et pas des moindres ! Et on commence par les Bouncing Souls qui, comme cela a été le cas pour tous leurs prédécesseurs ce soir, nous offrent une entrée en matière de choix : « True Believers » ! Un titre sur lequel Greg effectue l’un de ses rares passages du côté de la fosse, se contentant pour le reste du concert d’exercer son jeu de scène si… particulier. Le set du groupe s’articule entre morceaux les plus pêchus (« Sing Along Forever », « Gold Song », « Private Radio »), ceux un peu plus calmes « Gasoline », ou vraiment posés tel « Lean On Sheena » pour des passages plus intimistes. Ce n’est pourtant pas sur ce morceau que l’émotion sera à son comble mais bien sur la reprise acoustique de « Hybrid Moments » des Misfits qui laisse planer quelques minutes sur la salle une ambiance de slow. Passé une « The Ballad Of Johnny X » plus loin, le groupe s’en remet au choix du public pour quelques derniers titres. Un sondage dont sortiront notamment « East Coast ! Fuck You ! » et « Kids & Heroes » sur laquelle on se laisse une fois de plus porter par le chant apaisant de Greg sur les passages les plus posés. Les trois-quarts d’heure sont presque déjà finis (là aussi on compte les absents : « Manthem », « The Freaks, The Nerds And The Romantics… ») et le groupe finira avec « Never Say Die », titre issu de leur dernier album 20th Anniversary Series.

Décidément les groupes de ce soir s’en sortent haut la main, c’est donc avec plaisir que l’on attend Pennywise, même si une légère appréhension parvient toujours à surnager entre deux pulsations : est-ce toujours Pennywise ou bien… "Pennygnite" ?? Pour qu’on ne se pose pas la question trop longtemps les 4 zicos à peine débarqués entament « Every Single Day » puis « My Own Country » suivi de près par « Can’t Believe It ». Le public qui n’attendait que ça s’agite et reprend en chœur les refrains. L’occasion pour les fans de mettre leur mémoire à l’épreuve puisque le groupe ne se contente pas de se reposer sur ses lauriers avec les mastodontes que sont « Society », « Living For Today », « Peaceful Day », « Same Old Story » et autres « Straight Ahead », mais revisite aussi sa discographie en casant dans sa setlist des titres comme « Greed », « What if I » ou encore « Searching ». Pas étonnant avec ça que Zoli ait besoin de quelques pense-bêtes pour ne pas perdre le fil (un roadie est effet venu scotcher quelques paroles à porter de vue du chanteur pendant les balances), d’autant plus qu’on devine que ces titres ne ressortent pas tous les soirs. Zoli « the new guy » Teglas, puisqu’il est question de lui, s’investit comme il faut dans son rôle (cela dit étant frontman d’Ignite depuis plus d’une quinzaine d’années, ce genre d’exercice n’a rien de nouveau pour lui), occupant la scène comme il se doit, lançant ici un speech sur « Greed », tentant là d’arracher quelques mots à Randy ou bien encore venant au plus près du public avant de s’offrir un petit slam…

Malheureusement s’il n’est pas toujours aisé de remplacer un membre d’un groupe ça l’est d’autant moins lorsqu’il s’agit du chanteur, a fortiori lorsque celui-ci a pendant plus de deux décennies pu s’imposer dans les esprits au fil de milliers, de dizaines de milliers même d’écoutes. Ainsi, on ne peut s’empêcher de chercher en vain les intonations de Jim, en particulier lorsque les chœurs du public ne sont pas là pour soutenir le timbre un peu trop neutre de Zoli. Un constat qui n’empêche pas de profiter du moment et de s’époumoner sur chaque titre. Ceux-ci sont d’ailleurs décidément largement piochés dans les premiers albums du groupe puisque de la période post Live At The Key Club il n’y aura que « Fuck Authority », « Waiting » et « Something To Live For », unique représentant du dernier album (cela dit s’il en fallait un c’était bien celui-là). Est également de la partie la reprise de « Stand By Me ». Par contre des morceaux de taille sont oubliés ce soir puisqu’il n’y aura aucune trace de « Pennywise » (!) ou « Fight Till You Die (!) ». Pour l’heure voilà déjà le rappel qui s’ouvre sur « Alien » qui pose un peu l’ambiance avant le déchainement salvateur qu’est « Bro Hymn » dédiée bien entendu à Jason Mathew Thirsk, l’ancien bassite de Pennywise mais également à Kristian Dragge, le frère de Fletcher, mort il y a un peu plus d’un an. Les poings se lèvent, les gorges chauffent et les fans brûlent d’envie de venir retrouver le groupe sur scène pour faire gagner encore plus d’intensité à l’hymne. Malheureusement la sécurité veille et il faudra se contenter de finir le spectacle coincé derrière les barrières : frustrant.

Le show est fini mais laisse pourtant, pour ma part, un sentiment d’inachevé : à vrai dire il en ressort l’étrange impression d’avoir entendu, non pas Pennywise, mais un groupe jouant du Pennywise. Pas facile de remplacer un membre d’un groupe si emblématique.

Il en faudrait cependant plus pour entacher le bilan de la soirée qui s’avère plus que bon et même le violent déluge, s’écrasant avec une rage implacable sur tout le trajet du retour, ne parviendra pas à retirer le sourire figé sur les lèvres par ces 4 heures de concert.


Groupes associés
A Wilhelm Scream
Pennywise
Strike Anywhere
Bouncing Souls