Interview - Red Lights Flash

Publié le 9 avril 2010 par Fab


Nouvel album, nouveau son… les Autrichiens de Red Lights Flash ont frappé un grand coup en 2009 avec leur excellent album "For Your Safety". L’occasion d’en apprendre un peu plus sur le quatuor de Graz via une interview avec la tête pensante du groupe : Christoph (guitare, chant).

Salut Christoph ! Tu vas bien ?

  • Salut à toi. Oui, oui, ça va très bien…

"For Your Safety" est sorti en 2009, mais vous avez passé énormément de temps sur les routes européennes depuis 2005, avec Anti-Flag, Strike Anywhere et deux fois avec A Wilhelm Scream… Cela semble vraiment important pour vous de tourner ?

  • Oui, c’est très important pour un groupe de nos jours. Mais on n’a pas tant tourné que ça ces deux dernières années parce qu’on avait pas mal de choses à faire en dehors du groupe. Comme a dit un jour Russ Rankin, « être punk à 29 ans est bien différent d’être punk à 18 ans ».

Ouais, cela a sans doute un rapport avec le fait que ayez attendu aussi longtemps pour réaliser ce nouvel album (5 ans entre "Free" et son successeur) ? Est-ce que vous préfériez tourner que travailler sur un nouvel opus ?

  • On voulait surtout prendre le temps d’enregistrer le meilleur album possible. Et cela a demandé pas mal de temps en effet…

Comment le public et les médias ont-ils réagi à ce nouvel album jusque maintenant ? D’autant que "For Your Safety" et "Free" sont musicalement assez éloignés. "Free" était moins émotionnel et plus nerveux.

  • L’accueil est vraiment bon jusque là. Tu sais, nous avons grandi tous les quatre ensemble en jouant du punk rock. Mais on a toujours voulu franchir les paliers, en tant que groupe mais aussi en tant que quatre individus différents. C’est pour cela que "For Your Safety" sonne différemment de tous les autres albums de Red Lights Flash. On n’est plus les quatre mêmes personnes qu’il y a 5 ans...

Mais on retrouve tout de même des parallèles, notamment le mélange des trois voix. Comment travaillez-vous dessus, comment décidez-vous de qui chante quoi ?

  • Je ne sais pas trop honnêtement. Je pense que ça dépend de qui écrit les chansons et les textes. Parfois nous sentons que sur telle partie la voix de Werner irait mieux, alors on le force à chanter, c’est tout (rires).

Si on pouvait percevoir certaines influences sur "Free" (Strike Anywhere par exemple), ce nouvel album semble plus original et ne ressemble à rien d’autre. C’est un nouvel album mais aussi « un nouveau son RLF » quelque part. Est-ce que tu le vois aussi comme ça ?

  • Merci beaucoup ! C’est ce qu’on voulait créer avec "For Your Safety", un album plus unique, avec un son propre à Red Lights Flash. Et je pense que nous avons réussi.

Peut-on alors parler de ce disque comme d’une pierre angulaire de votre carrière, ou est-ce juste une évolution logique ?

Difficile à dire, en tout cas plus que pour notre carrière, il s’agit plus d’une étape importante d’un point de vue personnel...

Vous avez toujours été un groupe engagé. Mais là où votre rage explosait à chaque instant, je trouve que sur "For Your Safety" cette colère est plus retenue. C’est toujours énervé mais moins violent et plus émotionnel. Comment sont venus ces choix ? Écoutez-vous d’autres styles de musique ?

  • Bien sûr, comme je le disais, nous avons évolué en tant que personnes et en tant que musiciens. Et on ne voulait pas répéter les mêmes choses. On voulait garder cela enthousiasmant et nouveau pour nous-mêmes. C’est très important quand tu joues dans un groupe depuis des années, de garder de la fraîcheur...

Vous avez aussi écrit une très bonne chanson mais aux relents plus pop (« For Your Safety »), qui est selon vos dires, sur votre site Internet, un morceau d’auto-dérision. Pourquoi alors l’avoir mis sur l’album et ne pas l’avoir gardé pour un EP, ou un album de raretés ou que sais-je…

  • Werner a écrit ce titre il y a longtemps et ne l’a jamais fini. Simplement, j’ai toujours adoré ce morceau, du coup on a décidé de travailler dessus pour pouvoir le mettre sur l’album.

Malgré ce titre plus « pop », je trouve cet album plus pessimiste, dans la musique mais aussi dans les textes. Est-ce ton sentiment aussi ? Es-tu plus pessimiste aujourd’hui vis à vis des problèmes qui nous entourent ?

  • Non, on a la trentaine maintenant et on voit les choses différemment d’il y a quelques années. Par exemple, je suis une personne très positive et optimiste mais j’ai eu des difficultés personnelles quand "For Your Safety" a été écrit, donc j’avais besoin de ce disque pour garder le contrôle de ces sentiments, de ces émotions. C’est peut-être la raison pour laquelle cet album ne laisse pas une impression très joyeuse…

Le dessin de la pochette est clairement une critique de la religion, de l’hypocrisie de la religion… Tu peux nous en dire plus ?

  • Il s’agit de la peinture d’Albrecht Duerer, « Les Mains de l’Apôtre », que j’ai redessiné avec quatre doigts en moins de sorte que la position de prière devienne une position agressive, ressemblant clairement à un flingue. Pour faire court, ça montre la transformation de « l’humanisme » en « terrorisme ». La chose importante pour moi est que les mains restent dans des positions très formelles que ce soit sur la peinture originale ou sur mon interprétation, de manière à montrer que les différentes institutions religieuses sont elles-mêmes responsables de la paix et de la guerre ! « Il n’y aurait pas de paix sans guerre ! Y aurait-il eu la guerre sans (votre) paix ? »...
    Pour les dessins à l’intérieur du livret, j’ai suivi le travail sur le titre de l’album. « Les mains sont nos instruments, nous nous violons nous-mêmes en abusant d’elles ».

Vous étiez sur A-F records (et même le premier groupe européen à être signé sur le label), mais vous avez décidé de le quitter et de monter votre propre structure. Pourquoi avoir fait ce choix ?

  • Parce que l’industrie du disque est en train de mourir. Presque tous les labels indés américains ferment leur filiale européenne. Pour beaucoup de personnes, la musique est devenue un service, et non plus un produit. Donc tu ne peux plus compter sur des recettes aujourd’hui. Il était temps de tout prendre en charge. Et on ne se plaint pas. C’était comme ça que fonctionnait la musique il y a une soixantaine d’années. La plupart des artistes ne pouvaient pas vivre de leur musique mais aimaient ce qu’ils faisaient. Nous aussi !

Nous ne connaissons pas beaucoup de groupes autrichiens en France. Excepté vous et Rentokill avec qui vous avez enregistré un split. Peux-tu parler un peu de la scène là-bas ? Est-ce que la scène est active, y a-t-il beaucoup de groupes et de monde aux concerts ?

  • Respecter l’Autriche pour son architecture, ses magnifiques paysages, les randonnées et le ski… Mais le milieu de la musique connaît des moments difficiles. On a beaucoup de bons artistes, des groupes de qualité… Mais l’Autriche est trop petite pour avoir un marché national fort. On doit se reporter sur l’export, en Suède par exemple. Bien sûr, il y a des salles et une scène pour les groupes underground. Mais j’ai personnellement toujours trouvé sympa qu’un groupe underground devienne de plus en plus important, touche et influence de plus en plus de monde… Pour ça, tu as besoin de structures qui n’existent pas en Autriche.

Tu peux citer quelques bons groupes autrichiens à faire découvrir aux Français…

  • Astpai déjà assez connu, mais aussi The Gogets, The Sado Maso Guitar Club, The Staggers…

Vous avez prévu de tourner en Europe, et de venir en France ?

  • On a programmé quelques festivals et plusieurs concerts avec Rise Against. Pour la France… on bosse dessus !

Et est-ce que vous planifiez de vous exporter aux États-Unis, au Canada ou même en Asie… ?

Non, ce n’est pas le bon moment pour cela. On perdrait trop d’argent. Tous les groupes doivent partir en tournée aujourd’hui car plus personne ne vend d’albums. Mais du coup ça devient difficile de partir en tournée dans des conditions pas trop mauvaises et avec des cachets corrects, ce qui est important quand tu tournes beaucoup.

On en arrive à notre traditionnel mot-question. C’est super simple, je te dis un mot et tu réponds en quelques mots.

Religion :

  • Non merci.

Capitalisme :

  • Une part du jeu auquel nous appartenons tous.

Tour van :

  • Le nôtre est dans un sale état pour le moment !...

Végétarisme :

  • Depuis seize ans.

Hermann Maier (grand champion de ski autrichien) :

  • Un grand bonhomme, respect.

Werner Faylann (chancelier) :

  • Pantin.

Autriche :

  • Le lieu où les cœurs ont mal.

France :

  • Artistes, bouffe, amour.

Union Européenne :

  • Unité.

Merci beaucoup d’avoir pris le temps de répondre. A toi le dernier mot…

  • Vis tes rêves et profite de la vie !

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