Dropkick Murphys - The Warrior’s Code

Contexte :

C’est le jour de la fête de la musique 2005 que sort The Warrior’s Code, cinquième album studio des Dropkick Murphys. Les bostoniens accèderont avec ce disque à un palier supplémentaire en terme de popularité, atteignant même les sommets des charts américains. Dix ans après la formation du combo, difficile de faire mieux pour l’anniversaire d’un groupe punk resté toujours fidèle à ses convictions et à ses valeurs mais qui sera devenu en quelques années un des groupes indépendants les plus appréciés dans le grand public. La cornemuse, l’accordéon et le flutieau n’y sont évidemment pas étrangers, mais Dropkick Murphys, contrairement à d’autres c’est bien plus que du folklore…

Chronique :

Tout le monde aime les Dropkick Murphys. Comme le chocolat, les nounours à la guimauve et autres gâteries… j’ai rarement croisé des gens qui n’appréciaient pas pour une quelconque raison ce groupe anthemic-irisho-street-core-punk-n’roll. Et c’est peut-être justement pour cela que les coreux, les skaters, ma mère ou même les bigoudènes Tipiak® aiment Dropkick Murphys : il y en a un peu pour tout le monde et chacun y trouve son compte à un moment ou un autre. The Warriors’ Code en est la preuve la plus aboutie, l’album sans doute le plus équilibré du groupe, à l’image de son duo de chant d’une efficacité redoutable ! L’opus le mieux agencé aussi, oscillant avec un sens unique de la diversité folklorico-punk entre rock n’roll, ballade irlandaise, hardcore, street punk… Le tout à grands coups de refrains et autres chœurs mémorables à gueuler à cinquante bras dessus bas dessous sur des boucles de cornemuse improbables entre deux pintes à moitié renversées sur le parquet. On tape du pied et on aime son prochain, c’est aussi simple qu’un rôt sonore dans l’oreille de pote de picole d’à côté, putain à quand Dropkick Murphys dans un fest-noz breton bordel, ça nous changerait ?!

Dropkick Murphys doit aussi son succès à trois éléments de fidélité qui ont à la fois garanti au groupe sa crédibilité et sa légitimité auprès d’un public de puristes, et son ouverture à un auditoire plus large. Des valeurs souvent mises en avant par le mouvement hardcore d’origine : fidélité aux amis, fidélité à un état d’esprit d’honnêteté, de loyauté et de franchise, et fidélité à des racines : Boston avant tout, les racines celtes (mais ne leur dites jamais qu’ils sont irlandais) et les Etats-Unis, terre d’accueil et de métissage, dont le groupe déplore l’évolution à plusieurs reprises dans des textes au vitriol. Ainsi « Your spirit’s alive » rend hommage à leur pote décédé Greg "Chickenman" Riley, « The Warrior’s Code » fait lui référence à une légende de la boxe, Micky Ward, à sa mentalité et son esprit sportif, « Tessie » en bonus track est devenu l’hymne des Boston Red Sox ( !), tandis que « Citizen C.I.A. » et « The green fields of France » donnent bien une idée de ce que pense le groupe des deux visages de l’Amérique… Ce dernier, écrit à l’origine par Eric Bogle vous tirera sans doute une ou deux larmes à la première écoute (texte sous les yeux). A noter aussi que « I’m shipping up to Boston » apparaît sur la B.O du film The Departed de M. Scorcese.

Du tube single « Sunshine highway » à la formidable « The auld triangle », on pourrait citer chaque titre pour ce qu’il apporte à ce disque, le plus typé traditionnel dans la discographie du groupe (encore plus que Sing Loud, Sing Proud !) mais le plus convaincant de bout en bout aussi. Produit maison par Ken Casey, cet album respire la sincérité et à ce niveau-là de succès commercial c’est quelque chose de rare dans la scène US. Il y a des disques qui essoufflent notre amour de la musique indépendante et nos convictions quant à son avenir, et d’autres qui l’entretiennent, The Warrior’s Code est à posséder absolument.