After The Fall - Collar City EP

Contexte :

Quelques bouleversements chez les trois intenables d’Albany, NY. Changement de bassiste (KC Carvill), changement de label (Mightier Than Sword Records), changement de producteur (ciao le trop mélodique Blasting Room). Le message était clair en choisissant Don Fury (Agnostic Front, Gorilla Biscuits etc…), grand gourou depuis 25 ans de toute une scène hardcore (essentiellement east coast) ; forcément ce nouvel effort de 3 titres se devait de ratiboiser vos cellules ciliées à la serpe…

Chronique :

C’est sûr, au moment de rentrer en studio, on n’appréhende pas un EP comme on le ferait pour un album. On sait que sa diffusion, son impact, son importance dans un parcours discographique global, seront moindres. On peut alors se permettre plus de dérives et d’expérimentations. Trois titres, tous commençant par un « c », et tous copieusement arrosés de dissonances guitaristiques, de mélodies sombres et tendues, de déluges volontiers thrashy et minimalistes (« Coaster ») : voilà le programme de cet EP, annonciateur ou non de l’évolution musicale du trio (?).

Après son album Everything, After The Fall avait éveillé pas mal d’espoirs et fait étalage d’une fraîcheur hardcore mélo tout ce qu’il y a de plus moderne, dans un genre qui peine désormais à se renouveler. Le mi-chemin entre le modern hardcore et A Wilhelm Scream, la croisée des routes entre mélodies sans chichis et brutalité d’un punk hardcore ténébreux, à part, sur le bord du sentier : After The Fall était excitant.
Perdre un des deux guitaristes tout en délaissant les plages instrumentales et les atmosphères déployées pendant plusieurs minutes, a sans doute réduit le champ des possibles pour ce groupe (cf. le virulent album Fort Orange). Pour autant, dans son genre ’néo-hardcore mélodique’, After The Fall a le mérite de rester extrême, et de ne pas céder à des excès mélo (pensez Mighty Midgets) ou à un déluge parfois artificiel de technique (pensez Hit The Switch). Ici, le groupe génère chez l’auditeur une alternance de sentiments, crispation/décharge, qui, sur trois titres du moins, constitue un absolu défouloir. Pourtant, pour générer du contraste et de la variation dans un son qui s’est clairement durci et peut-être un peu banalisé, Mike Moak se retrouve à devoir serrer ses cordes vocales jusqu’au point de rupture, les soulageant le temps de refrains plus mélodieux (« Collar City »).

Et si le salut venait de Defeater ? On le sait, After The Fall a aussi le sens des ambiances, des nappes de musique glauque déployées en introduction, des crescendo dramatiques (« Comatose », le dernier titre de cet EP le démontre encore une fois)... Une tournée commune en 2009 et l’annonce d’un futur album produit par Jay Maas, le gratteux de Defeater, tout cela pourrait augurer d’une nouvelle évolution pour ce groupe, véritable diamant brut de la scène punk hardcore actuelle.

After The Fall