P.O. Box + Nina’ School + Bleeding Pigs + Lords Of The Pint @ Miroiterie

Publié le 5 février 2010 par Anarchibald

Moi je n’aime pas être dépaysé. Aussi, quand je vais à Paris, pour compenser je vois des groupes nancéiens. En même temps cela fait longtemps que les P.O. Box, puisqu’il s’agit d’eux, ne sont pas passés par la ville-à-la-plus-belle-place-de-France-que-dis-je-du-monde (message caché inside), du coup voilà une occasion qu’il aurait été bien con de louper.

Arrivé à la Miroiterie, il ne me faut pas attendre longtemps pour que la première partie commence à jouer. La première partie c’est Lords Of The Pint ou le seul moyen qu’ont trouvé deux alcooliques pour arrêter quelques instants de boire, c’est d’occuper leurs mains avec des guitares. En plus il paraitrait que l’un des deux lascars officie dans ce webzine à grands coups de métaphores sexuellement transmissibles : c’est vous dire le degré de débauche du duo !
D’ailleurs il ne leur faut pas longtemps pour se mettre en route, et à peine les guitares branchées un flot de bière avec des paroles dedans se déverse dans la salle (c’est en fait comme ça qu’on rend la Guinness si consistante : en y fourrant des textes). Vous l’aurez donc compris ça parle de bière mais pas que, ça parle aussi de sodomie ou ça la pratique sur scène je ne sais plus trop...

Il faut dire qu’à force de parler de boisson ça donne soif tout ça et forcement on arrive plus à suivre. Et si par malheur quelqu’un dans le public n’a pas sa canette, le duo lui en fournit une charitablement pour organiser des concours de descente cul sec et ainsi débaucher notre belle jeunesse à nous qui, du coup, ne pourra pas venir « Changer le monde » avec notre ami Adibou le lutin éducatif (qu’on appelle aussi Sarkozy, je confonds toujours, question de taille). Remarquez bourrer son public c’est peut-être ça la bonne solution pour qu’il vous reste fidèle.
Qu’il reste fidèle et qu’il ne comprenne pas vos jeux de mots puisque les paroles de LOTP (c’est comme ça qu’on dit quand on est dans le coup) en sont truffées. En tout cas la jeunesse apprécie et c’est surement ce qui est le plus effrayant dans tout ça : car oui ces gens-là ont des fans ! (ou alors ces adolescents ont décidé de faire copain-copain avec ces deux AA pour qu’ils leur acheter de la bière. A mon avis c’est pas le meilleur plan car les deux zicos garderont surement toutes les canettes pour eux). Terrifiant je vous l’accorde et ce n’est pas fini puisqu’ils réussiront à obtenir un rappel en scandant « Lords Of The Pint » à la manière des « Let’s Go Murphys » lancés lors des concerts des bostoniens du même nom. On se quitte donc sur un morceau évoquant la Saint Patrick (évidemment) et le duo nous laisse échauffé et le sourire aux lèvres… comme une bonne binouze en fait. Ils portent vraiment bien leur nom les deux la.

C’est Bleeding Pigs qui prend la suite. Cependant comme le groupe n’a pas le tact d’attendre que je finisse de converser à l’extérieur (c’est fou ça !) pour commencer à jouer, je ne débarque que pour leur dernier morceau. Une tune bien pêchue qui donne envie d’aller voir ce que donne le reste, une prochaine fois donc…

Arrive ensuite Nina’ School. Les bordelais sont jeunes et en forme et ne manquent pas de le faire savoir, que ce soit en musique en envoyant un punk-rock à la Guerilla Poubelle ou bien entre deux morceaux en vannant tout le long du set les P.O.Box sur leur âge canonique. Le public n’est pas en reste et s’éclate lui aussi, sautillant et pogotant à souhait. Si le groupe chante en français cela ne l’empêche pas de passer, le temps d’une chanson, à l’anglais, puisque les zicos reprendront la mythique « Stickin’ In My Eye » des grands NOFX. Retour ensuite à la langue de Molière pour envoyer les deux derniers morceaux et laisser la place aux Pios.

Et les nancéiens commencent avec du lourd en envoyant « I Refuse All Qualms », surement la meilleure pépite de leur dernier album, suivie par « So Milgram Knew It ». Pas très surprenant de voir que "InBetweenTheLines" est mis à l’honneur avec notamment « We The People » ou bien « Mesemerize The Masses » qui laisse un petit sentiment d’inachevé sans le discours final tant celui-ci s’intègre parfaitement à la chanson. Présents également les titres phares du précédent opus comme l’inévitable « Death Promises Me A Better Place » ou « Music Has Taken A Backseat To Haircuts » qui offrira une petite dose de répit pour recharger les batteries. Car là aussi le public s’en donne à cœur joie, faisant marcher les slams et les pogos. Bon, vu la moyenne d’âge, on ne risque pas de se prendre un mauvais coup mais au moins on peut se croire super fort en portant d’une main les poids plumes passant au dessus des têtes.

Si tout s’était arrêté là, on aurait pu dire que la soirée avait été réussie, malheureusement… Malheureusement « We Rise Up And Say No » s’arrête prématurément, mettant fin au set de manière tout aussi subite pour nous apprendre que dehors l’ambiance est loin d’être aussi joyeuse et bonne enfant que dans la salle. Ainsi, il est demandé au public de sortir en masse histoire de remettre le rapport de force dans la tête des 3 ou 4 lascars venus foutre la merde. Pas la peine de le dire une deuxième fois et tout le monde s’engouffre à travers les portes. Dehors il y a un mec à terre, assommé par une bouteille. Lesdits lascars quant à eux filent à travers la ruelle, même si un ou deux essayent encore de bomber le torse en balançant chaises ou tréteaux, enfin ce qui passe sous la main.

L’intervention a eu l’effet escompté et en un court instant tout est fini. Certains, ne voulant alors pas laisser les fuyards s’en tirer à si bon compte, se lancent à leur poursuite. Il est conseillé à tous de rester sur place, le temps que la situation se calme. Les gens cherchent alors un peu partout à connaitre les tenants et aboutissants de l’affaire : une histoire de clope ou tout autre fait aussi futile est évoquée. Les mecs auraient également tenté de s’en prendre à la caisse ainsi que de racketter quelques personnes posées dehors sur les fauteuils lors du set des Pios. Quoiqu’il en soit il apparait bien vite que les gars étaient de toute façon venus ici pour chercher l’embrouille.

Arrivent enfin les pompiers sous bonne escorte policière. Tandis que les secours entre, le public gagne la rue et est invité à quitter les lieux. Les forces de l’ordre sont présentes en masse dans un ballet de sirènes et gyrophares. Une présence largement dissuasive mais vaine puisque les auteurs de la bagarre sont vraisemblablement déjà bien loin. S’en suit une scène pour le moins inhabituelle puisque la foule regagne le métro accompagnée par une dizaine de flics sur le trottoir opposé, voilà qui a de quoi en faire sourire quelques-uns. Histoire de finir la soirée sur une touche positive on ne repart pas tout de suite et va boire un dernier verre avant de s’engouffrer dans les souterrains.

Des incidents qui ne risquent surement pas d’améliorer le sort, déjà incertain, de la Miroiterie... Une nouvelle victoire de la connerie...


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