Johnstones (The) - Can’t be Trusted

Contexte :

Cet album bénéficiant d’une distribution via l’ogre Warner, sera-t-il celui de la consécration, de l’essor, de la thune et des groupies pour la petite bande d’Ajax, Ontario, Canada. The Johnstones seraient-ils les nouveaux Sum 41 ?

Chronique :

Pas vraiment. Pas vraiment parce que The Johnstones ne fait pas vraiment dans le punk-rock calibré pour les airplays, plutôt dans le ska-pop-punk-rap un peu barré, jamais sérieux. Et clairement, le style est moins porteur. Pour résumer, The Johnstones c’est « High School Musical » avec une plume dans l’fion ou une version ska-punk d’« American Pie ». Pas question de faire dans la finesse.

Si on doit citer un groupe dans les influences de ces canadiens, ça serait à n’en pas douter Reel Big Fish. Un son proche, un sens de la rigolade très très présent, et un côté fun en live qui ne s’oppose pourtant pas à une production carrée et des musiciens à l’avenant. Et au moins, contrairement aux californiens précités, les Johnstones ont l’excuse de la jeunesse.

Dix huit titres donc ici, où le « bien mais pas top » côtoie le bon, le très bon même. En fait de dix huit titres, on peut considérer qu’il n’y en a que douze, car six sont des interludes, sans aucun intérêt d’ailleurs, puisqu’il semble s’agir de délire en forme de private jokes qui ne sont susceptibles de faire rire que ceux à qui elles sont destinées. C’est-à-dire ni vous ni moi. Ils auraient clairement mieux fait de sortir un douze titres, point barre.

Ce qui est intéressant avec ces mecs, c’est l’intrusion du hip-hop dans leur sauce ska-punk. C’est pas très fréquent donc ça donne un brin d’originalité à l’ensemble. Jusqu’à être totalement rap sur « P.U.B » par exemple. Après c’est clair qu’on ne peut pas crier au génie comme lorsque les Transplants sortent leur « What I Can’t Describe » (juste le meilleur titre rap/r’n’b que j’ai jamais entendu), mais bon, les jeunes ont le mérite d’essayer. Sur « These Sort Of Things », il ne reste de hip-hop que le phrasé et quelques arrangements ici et là et c’est déjà nettement plus convaincant. Ça sautille, ça rebondit, ça remue et ça doit plaire aux minettes du premier rang.

Et entre un « GGGetcha » et un « Life In The Flow  », sympa mais pas transcendants, le groupe nous balance quelques belles réussites comme « Can’t Be Trusted », un modèle de fusion qui rappelle le « Rock This Way » d’Aerosmith et Run DMC, ou le très ska « Take Me To The Party », dans une veine franchement reelbigfishienne. Et en début d’album, « What’s Your Story », explosive, et autres « Down On Me » enfoncent le clou d’un disque certes teenage mais plutôt pas mal gaulé. Quant à « Gimme Your Love » qui commence plutôt pop et qui s’excite pour donner quelques passages bien furieux, ça sera l’un des points d’orgue de ce deuxième effort, devancé de peu par la superbe « Bank Song » au tempo saccadé, au chant syncopé, au trombone à coulisse et à la guitare funky beat. Sans conteste le hit de l’album dont je recommande le clip dans lequel le groupe a dû engloutir pas mal de dollars (pour leur modeste bourse).

Pas le skeud de l’année, pas la révélation transcendantale du siècle, pas la pépite imparable du millénaire, mais un bon album des familles à écouter en soirée avec les potes pour se faire un plan remember, de ceux où on se rappelle à quel point on était tous amoureux de la prof d’anglais, celle avec des lunettes de secrétaire qui mettait un string en dentelle sous son strict tailleur gris commandé à la Redoute… Toute une époque que The Johnstones a le bon goût de rappeler à notre souvenir.

Johnstones (The)