Fake Off - Appalling Options

Contexte :

La scène du Nord de la France fourmille de jeunes pousses en matière de punk rock et de hardcore. Fake Off est un jeune combo qui a grandi sur ce terreau-là et qui ne sort donc pas forcément de nulle part. Pour autant Appalling Options, le premier album du quintet, fait les choses en grand avec un design japonisant très soigné (merci Tommy Knuts) et un soutien de plusieurs labels de premier plan dans le genre en France, tels que Don’t Trust The Hype, False Idols Fall Records ou encore Letters Home. Une co-prod qui s’étend même au-delà de l’Hexagone avec la participation de Disobedience (Bel) et Tanzbär Records (All).

Chronique :

Pour un premier album, dans la forme c’est donc clairement très réussi. Mais le mieux dans cette affaire c’est que ce jeune groupe ne manque ni de talent, ni d’inspiration. Cet album est en réalité un EP un peu rallongé par 2 titres instrumentaux, en intro et outro, qui se révèlent un peu accessoires. Difficile pourtant d’en vouloir au groupe pour ça. Les 7 titres du disque suffisent largement à faire adhérer à une ambiance punk hardcore à situer entre leurs copains de Fast Motion (« When The Rudder Fails »), les cadors de Nine Eleven et les formations ricaines de référence. On pense à quelque chose entre Comeback Kid et un poil de Crime In Stereo, dans ce goût pour l’atypique et le réfléchi.

Car l’atout premier de Fake Off c’est de livrer un songwriting pensé et moins superficiel que la moyenne. Le tout est basé sur un texte fondateur imprimé au centre du livret, et dont chaque morceau développe une phrase, une idée, un sentiment…
« Calm halts light on events. It’s like a moment out of reality, which brings you some questions. And questions can give you answers, as lifelong basic cognitive process. When you find yourself between brooks and highways, keep memory as clear as quartz, to help you to find a direction. Even if you think the rudder fails. Know that you can walk on side to not falling on sidewalk. Take this for breakfast, and may these words ring your new start. Appalling options are perpetually changing history, like our emotions… ». La classe.

Côté musique, on le disait, le groupe nourrit son punk hardcore aux stop and go, aux breaks inattendus (« Take This For Breakfast »), aux morceaux à rallonge, aux digressions instrumentales, le tout de manière assez lumineuse et, le plus souvent, tout à fait digeste. Ce qui prouve la valeur technique des 5 musiciens. Bien aidés par la prod de l’Electrikbox Studio d’Olivier (guitariste de Fast Motion, justement), les mecs alternent moments criards et rageurs et instants plus mélodiques, chantés par moments (« Between Brooks And Highways »), apaisés par petites touches, tout ça dans un style moins sombre et dense qu’un Nine Eleven, mais parfois presque aussi efficace et de classe internationale.

Vraiment intéressant, notamment au décours de titres plus longs, où le groupe fait preuve d’un talent « progressif », d’une capacité tentaculaire à faire varier une chanson sans jamais en perdre le fil conducteur (« A Lifelong Basic... »). Un sacré potentiel transparaît alors de ce disque qui n’évite certes pas quelques maladresses et quelques approximations (l’accent anglais à peaufiner, l’étrange « A Moment Of Reality », quelque parties moins transcendantes…).
Gageons pourtant que sur un premier album digne de ce nom (seulement 26 minutes ici), ce groupe à toutes les armes en main pour frapper un grand coup. Une sacrée belle surprise de 2009 dans la scène hardcore française.

Fake Off