NoFX - Cokie The Clown EP

Contexte :

2009 aura été une année productive pour NoFX. Au travers du DVD acclamé Backstage Passport et de l’album salué Coaster, le groupe semblait faire un bilan de carrière en même temps qu’il fêtait ses 25 ans et paraissait retrouver une certaine fraîcheur. Pour les fans, il y a aura aussi eu les quelques dates dans l’Hexagone et, comme si ça ne suffisait pas, le groupe annonçait pour la fin de l’année un nouvel EP (Cokie The Clown) et un 7’’ (My Orphan Year), mais là c’est vraiment pour les hardcore fans…

Chronique :

Ce groupe est quand même unique. Arriver après 25 ans de carrière à renouveler le buzz autour du groupe – à défaut d’en renouveler le style, diront certains -, c’est quand même un tour de force. Happenings politiques, facéties en tous genres, provocations bien senties (cf. la vidéo de Fat Mike qui s’incruste au « groupe Bible » du Warped Tour !), DVD au concept novateur… Et fin 2009, nouvelle inspiration du Gros Michel qui apparaît à plusieurs reprises sur scène grimé en clown triste, mal froqué, tout droit sorti de désintox ! Comment mieux annoncer ce nouvel EP ?

Pour autant, si cela pourrait paraître un brin marketing au premier abord, il y a, comme toujours chez NoFX, un second niveau de lecture. On l’avait souligné dans la critique de l’album Coaster ; NoFX - et Fat Mike en premier lieu -, se livrait comme jamais à son public, prenait du recul sur sa carrière, laissait entrevoir ses failles, contrastant en cela avec le cynisme et le second degré, un brin futiles, qu’on lui connaissait.
La référence au cliché punk rock, à la caricature de lui-même, à la paternité, à l’aliénation et à la fuite au travers de ses multiples addictions, tout cela est abordé avec bien plus d’honnêteté et de transparence que par le passé. Cokie The Clown, le clown junkie, torturé, à la fleur farce-et-attrape bourrée de poudre, au nez rouge sanguinolent, mais dont le gagne-pain est de faire l’amuseur public quitte à devoir toujours remettre à plus tard ses questionnements, ses propres doutes et faiblesses. « Cokie The Clown » - et la chanson qui va avec -, c’est l’avatar enfantin de Fat Mike, avec ses bleus à l’âme et sa finesse d’esprit si attachants.

Tout cela tourne évidemment autour de la chanson avec un grand « C » extraite de Coaster - et à nouveau présente ici en version débranchée -, « My Orphan Year ». Plus que jamais ce texte est révélateur du NoFX de ses dernières années, tellement plus touchant quand il assume son désenchantement et regarde en face son arrogance passée et son impuissance à changer les changements du Monde… Pas besoin de vous dire que la version acoustique de cette chanson (sur la mort des deux parents de Mike en 2006) est encore plus poignante, tout simplement à pleurer !

A tel point que le groupe à cru bon de sortir un 7’’ (My Orphan year) spécialement dédié à ce morceau, et que du coup le reste de cet EP apparaît un peu accessoire face à la force du dernier titre. Quand le disque redémarre sur de la trompette façon « circus », l’auditeur, encore les yeux humides, est un peu décontenancé.
Il y a pourtant de bons moments sur ce disque d’un peu plus de dix minutes, à commencer par l’artwork vraiment marquant. On retrouve ainsi avec plaisir le morceau « Straight Outta Massachusetts », simple et ludique, que Fat Mike avait déjà exécuté guitare-voix quelques mois auparavant pour le site Pancake Mountain, en duo avec sa fille Darla et la marionnette Rufus (!). « Fermented And Flailing » est plus quelconque, tandis que « CoDependance Day » s’affirme comme le morceau typiquement nofx-ien le plus marquant de cet EP (intro basse, riff mémorable, agressivité, format 1’’30).

Au final, un disque un peu patchwork, à réserver aux vrais fans de NoFX, et qui ne changera sans doute rien à ce qu’on connaît déjà du groupe sur la forme. Mais sur le fond il clôture une année 2009 qui a décidément été essentielle dans la carrière du combo. Peut-être même a-t-elle permis de mettre les choses à plat et d’éviter une séparation prématurée. L’avenir nous le dira...

NoFX