[Bienvenue sur Punkfiction | Live Report : Green Day @ Paris, Le Trabendo]

Green Day @ Paris, Le Trabendo

Date : 14 mai 2009 par Seb-O-Matic

Green Day en concert promo dans une petite salle comme le Trabendo : autant dire que c’était "the place to be" - comme on dit - pour tous les fans. Tous les fans ? Pas vraiment. Le concert étant un "événement NRJ", il fallait pour obtenir le précieux sésame participer à de drôles de concours, comme se prendre en photo devant un mur Green Day placé tous les soirs de la semaine dans un lieu stratégique de Paris. Envoi de MMS, des sous pour la radio, et des fans pré-pubères ravis d’avoir séché les cours. Encore plus crapuleux, cette annonce qui disait que les 150 personnes arrivées devant la salle et qui auraient la "meilleure attitude de fan" obtiendraient à leur tour un ticket d’or... Mais finalement ce sont simplement les premiers arrivés qui furent les premiers servis. Et ils arrivèrent de bonne heure ! Dès 14H. Du coup ils ont dû passer 4 heures dans un parcage quasi-animalier devant la salle, sans accès aucun à un point d’eau ou des toilettes...

L’entrée de la salle ressemble à une zone de triage, à cause des listes d’invitations à vérifier. Quand finalement tous les faciès maquillés peuvent pénétrer dans l’enceinte, c’est une attente fébrile qui commence. Les premiers rangs sont aussitôt envahis par des groupirhanas qui veulent s’enchaîner à la barrière pour pouvoir boire les gouttes de sueur de leurs idoles. Enfin surtout de Billie Joe. Derrière par contre, c’est le grand vide. Le Trabendo ne sera même pas plein ce soir. De quoi rajouter à la frustration des centaines de personnes qui auraient voulu être de la fête ce soir. Un animateur NRJ vient faire un speech ridicule avant le concert : ambiance "Les enfants, vous voulez voir le Père Noël ? Alors il va falloir l’appeler trèèès fort pour qu’il vienne !". Le spectacle de guignol auquel nous venons apparemment assister va enfin commencer. Les lumières s’éteignent, les appareils numériques sont dégainés. Green Day entre sur scène, les cris hystériques viennent percer les tympans. Billie Joe joue sur bonne vieille guitare "Blue", sangle rouge sur l’épaule, old school quoi.

L’éponyme "21st Century Breakdown", chanson-tiroir en trois parties, dans la lignée de l’album "American Idiot", vient faire s’agiter des fans qui connaissent déjà les paroles par cœur. L’album est en streaming officiel depuis 2 jours, et en téléchargement moins légal depuis une bonne semaine (mais chuuuuuut, Hadopi traîne). Déjà Billie Joe fait réagir la foule en se lançant dans une série de "hey-oh" qui va devenir systématique. C’est bien simple, il le fera sur quasiment chaque chanson. Plus habitué désormais à se produire dans des stades que dans des salles intimistes, il semble s’époumoner pour relancer une ambiance qu’il semble ne pas juger assez démente. Totalement dans le cadre du concert promo, le trio de Berkeley a décidé de livrer un premier set de 10 nouveaux titres. Outre le single "Know Your Enemy", efficace en live avec tout le monde qui fait "ohé-ohé", on découvre entre autres de très bons titres percutants comme "Murder City" ou "American Eulogy". Green Dayesques à souhait, ces morceaux viennent contraster avec d’autres plus pop, à l’instar (academy) de "Last Of The American Girls", pas désagréable, "Viva La Gloria ? (little girl)", qui vient bien lorgner du côté de "Warning", et le single évident qu’est la ballade "21 Guns". Morceau sur lequel Billie Joe Armstrong ne parvient d’ailleurs pas à placer la note aigue sur le "guns", exception faite du tout dernier.

Les morceaux du groupe étant plus ambitieux qu’auparavant, le trio est bien entendu accompagné de ses musiciens additionnels au piano, saxophone, seconde guitare et... troisième guitare de temps en temps. En effet la guitare du chanteur s’apparente désormais à un accessoire, étant donné qu’il passe plus de temps à la lever pour la montrer à l’assistance qu’à en jouer. Surtout, tous les riffs sont laissés à l’impeccable Jason White. La section rythmique Mike Dirnt - Tré Cool est au top, parfaitement en place et multipliant les regards et grimaces. Mike arpente la scène, va titiller les premiers rangs, Tré Cool se lève en pleine chanson, gueule derrière ses fûts. Mais rien à faire, les deux compères ne s’attirent pas autant de cris de jouissance que Billie Joe, qui récolte les "je t’aime" ou "t’es trop beau" alors qu’il fait semblant de se masturber derrière son micro. Tiens mais on l’a pas déjà vu ça ? Rien n’est laissé au hasard, Green Day est une grosse machine de guerre aux shows parfaitement rôdés. A tel point que sur la fin d’un morceau, pour pouvoir sauter avec sa guitare, BJ indique "4" à Tré Cool avec ses doigts, comme le nombre de fois où il lui faudra taper sur sa batterie. Comme sur l’album, "See The Light" indique la fin, et c’est l’heure du rappel.

Les mauvaises langues pourraient même aller jusqu’à dire que ce rappel est en fait le début du vrai concert. Car lorsque Green Day revient sur scène, l’excitation, telle un adolescent américain réglant sa ceinture après un week-end hamburgers, monte de trois crans. En relançant la machine avec "American Idiot", il ne pouvait de toute façon pas en être autrement. Certains restés jusque là fixés aux marches surplombant la fosse s’engouffrent dans le pit pour danser. "Jesus Of Suburbia" derrière va tout faire sauf calmer les esprits. La tuerie de neuf minutes ne semble en durer que deux et chacune de ses 5 parties est chantée par une assistance désormais galvanisée. Saut de 15 ans (putain, déjà 15 ans !) en arrière quand "Longview" est entamée, avec en point d’orgue une jeune fille qui, invitée par Billie Joe, monte sur scène pour chanter le second couplet et le refrain avec de pratiquer le stage diving. Sur le refrain, la bouche de l’heureuse élue n’est qu’à quelques centimètres de celle du petit brun : elle doit avoir plus que le front de mouillé ! A voir si cet évènement ne va pas succéder à la reprise d’Operation Ivy, "Knowledge", sur laquelle le groupe faisait monter un fan pour la jouer et lui offrait la guitare...

En tout cas c’est quand le chanteur retrouve son attitude morveuse et qu’il fait preuve de spontanéité qu’il permet à Green Day de retourner les salles. Au début du concert, devant l’armée d’appareils photos tendus par des gens en train de capturer le moment plutôt que de le vivre, il appelle Tré Cool à arrêter de jouer et le rejoindre avec Mike devant pour prendre la pose, et demande après aux gens de ranger leurs appareils (une recommandation pas vraiment suivie). On lui lance une casquette, il la porte. On lui lance une peluche, il chante avec. Il voit des lunettes rigolotes sur la tête d’une jeune fille en costume d’Halloween, il lui emprunte pour les porter et amuser le public et ses complices. Un appareil photo est tendu devant lui, il s’en empare et prend le public en photo.

Le classique de chez classique "Basket Case" vient bien évidemment tout ravager, le chant du premier couplet est laissé aux bons soins d’un public qui ne se fait pas prier. C’est là que l’on prend encore plus conscience de la chance qui nous est donnée ce soir : voir un tel morceau, qui a amorcé la vague punk-rock des années 1990, parfaitement exécuté dans une petite salle, il y aurait de quoi faire hérisser les poils au plus velu des chanteurs de disco. Histoire de prolonger la fête, "King For A Day" se fait sans les costumes que l’on avait pu admirer sur la tournée 2005. Bien que toujours festif, le morceau perd un peu dans une telle configuration, la folie des grandeurs en moins. Billie Joe tente de faire asseoir tout le monde, mais la cour de récréation est bien dissipée et se relève pour regarder ce qui se passe sur scène. A la fin du morceau et après une impro de Billie Joe sur "Stand By Me", c’est la traditionnelle reprise du "Shout" des Isley Brothers qui vient prolonger l’ambiance "on lève les mains, on fait les fous". "Minority" vient achever le concert avec son refrain-slogan qui encourage tous les poids sauteurs à reprendre du service dans un dernier effort. Un break avec bien évidemment plein de "hey-oh", un dernier refrain, et emballé c’est pesé, clôture d’une sacrée soirée. Tré Cool lance ses baguettes par dizaines, ce qui déclenche des mini-combats de catch chez les groupirhanas. Dommage de ne pas profiter de cette configuration particulière pour finir sur un "Good Riddance (time of your life)" qui aurait été décuplé en émotion, mais il serait quelque peu mesquin de bouder son plaisir.

Toutefois on ne peut que regretter que Green Day ait choisi de prendre ce concert promo au pied de la lettre et de le séparer en deux parties. La 1ère partie constituée uniquement de nouvelles chansons s’est finalement avérée très en contraste avec la seconde (trop courte) ne comportant que des tubes. The Offspring l’an passé avaient eux, assuré un show de folie en livrant un "vrai" concert à des fans au bord de l’éjaculation. Les nouveaux morceaux auraient sans doute gagné à être mélangés aux anciens dans la set-list. Le public ne s’y est pas trompé vue l’ambiance, et il est évident que les chansons de "21st Century Breakdown" n’ont pas encore le potentiel pour retourner des stades comme l’avaient les chansons d’"American Idiot". L’auront-elles un jour ? Réponse en octobre. En attendant, 600 petits chanceux sortent de la salle sourire aux lèvres et tétons pointés, éblouis par le soleil. Oui, il est 21 heures et il fait encore jour. Super, comme ça tout le monde aura la soirée pour mettre ses vidéos pourries sur internet et mettre ses photos sur Facebook pour dégoûter les copains et copines à la récré !...



Copyright © 2003 - 2009, punkfiction.servhome.org. Tous droits réservés.
Cette création est mise à disposition sous un contrat Creative Commons.

BIOGRAPHIE DU GROUPE


Green Day