Strung Out - Prototypes And Painkillers

Contexte :

2009 promet d’être une grosse année pour la bande à Jason Cruz. Le successeur du très acclamé Blackhawks Over Los Angeles est en préparation, tout juste retardé par la blessure au poignet de Jordan Burns (le cogneur de fûts qui a encore été nommé cette année sur le podium des meilleurs batteurs punk rock en activité). En attendant, le groupe fait patienter ses fans en livrant au printemps ce Prototypes And Painkillers, compilation de versions rares, d’inédits et de faces B, des débuts du groupe à aujourd’hui… dans le désordre.

Chronique :

C’est qu’en dix-sept ans on en accumule de la chute de studio, du morceau pas fini, pas sorti, « oublié »… Parfois à tort d’ailleurs ! Le nez dans le guidon, manquant de recul en plein travail de composition, on laisse parfois passer une idée lumineuse, une mélodie qu’il n’aurait pas été idiot de mettre en avant, un titre qui aurait peut-être fait un hit…
Regarder dans le rétroviseur en sortant ce disque fourre-tout - ni Worst Of, ni rétrospective chronologique - a plus d’intérêt qu’on ne pourrait le supposer de prime abord.

Prototypes And Painkillers présente donc 25 morceaux dans le désordre le plus total. Il est même un peu déconcertant d’entendre se juxtaposer, voire se télescoper, des titres comme « Novella » (merveille mélodique sortie uniquement sur la version téléchargeable légalement via iTunes de Blackhawks Over Los Angeles) et des vieilleries comme « Sinner Or Coward » (qui aurait dû à l’origine se retrouver sur la première compilation de raretés The Skinny Years... Before We Got Fat et où Rob Ramos joue de tous les instruments, même la batterie !).
De tout et de n’importe quoi, « du good, du bad et du ugly » comme écrit sur la jaquette du disque ; on retrouve ainsi le Strung Out de la période pré-Fat Wreck Chords, où le groupe sonne encore indéniablement comme un héritier direct de Bad Religion période How Could Hell Be Any Worse ? (« Ashes » en est la meilleure preuve, titre enregistré en 92 avant que Jordan Burns ne rejoigne la bande).

Pour autant, et même si une dizaine de titres sont clairement des rebus pas vraiment indispensables et qui satisferont surtout les hardcore fans du groupe ; on trouve aussi sur Prototypes And Painkillers, une tripotée de titres qu’il aurait vraiment été dommage de laisser aux oubliettes.
A la lecture de ces morceaux mis au rencart, la période 2001-2003 apparaît définitivement comme la plus riche dans la carrière de Strung Out. Entre The Element Of Sonic Defiance et An American Paradox, ces années correspondent à une période où le groupe a travaillé et composé comme jamais, avec Donnell Cameron à la production. Une période qu’il avait débutée avec la sortie du bilan de jeunesse The Skinny Years… et qu’il conclura par le Live In A Dive (sorte de Best Of live)…

Font ainsi partie des morceaux présents en majorité sur cette compilation et enregistrés avec le célèbre producteur du Weastbeach Recorders (Bad Religion, NoFX, Rancid…) : « Don’t Look Back » (bonus track d’An American Paradox dispo uniquement au Japon et sur les 10.000 premières copies de l’album, qui furent vendues en une semaine), « Lost Motel » (chanson très populaire en live, réquisitionnée par Fat Mike pour un Fat Club 7’’ et jamais sortie en album), « Bark To The Moon » (reprise très créative d’Ozzy Osbourne), « Your Worst Mistake » (encore un superbe morceau des sessions d’AAP jamais sorti sur l’album car placé en exclu sur la compil Uncontrollable Fatulence), « Betrayal » (très vieux morceau composé pour la demo Nenus en 92 et réenregistré plusieurs fois pour différentes compilations dont Beyond Cyberpunk Comp. en 2002), « Dig » (morceau d’AAP mais ici en version démo dispo uniquement sur un Fat Club 7’’), et « Velvet Alley » (morceau culte de Strung Out paru sur AAP ici en version débranchée, enregistrée par D. Cameron pour la compilation Punk Goes Acoustic).
Ajoutons à cela l’excellent « Pleather », morceau rappelant plus les débuts du groupe mais composé aussi pour l’album AAP et mis en boîte plus précocement cette fois par Shannon Saint Ryan en 1999.

Parmi les titres de la compil enregistrés à d’autres périodes du groupe et avec d’autres producteurs, tout n’est évidemment pas à jeter : l’énergique « Ghost Town » (parue avant la sortie de Twisted By Design), la plus récente « More Than Words » (comme « Novella » une bonus track vraiment intéressante de Blackhawks Over Los Angeles), ou encore l’énorme « Wrong Side Of The Tracks » et son monumental drum beat d’intro (enregistré pour un 7’’ de Fearless Records avec Josh Freese des Vandals aux fûts alors que Jordan Burns s’était cassé le poignet en moto). On aura plus de réserves vis à vis des très vieux morceaux, vraiment loin de la mélodicité actuelle de Strung Out, ou des versions démo de morceaux très connus come « Jacqueline » : ça n’apporte pas grand-chose au schmilblick...

Le digipack recèle en plus des anecdotes pour chaque chanson et se révèle vraiment intéressant à lire (par exemple celle sur l’enregistrement de « Just Like Me » avec Fletcher Dragge de Pennywise et avec Jim Barnes à la prod. La femme de ce dernier débarquant au studio en gueulant après avoir découvert une caisse de cassettes porno planquées… Ça donne forcément une version pleine de… fougue !).
Bref, vous l’aurez compris tout cela relève tout de même de la curiosité du (vieux) fan qui connaît déjà bien le groupe (et ses débuts notamment) et ne s’offusquera pas (voire se délectera) de l’extrême éclectisme de ce disque.

Biographie du groupe

Strung Out