Rise Against + Strike Anywhere + Rentokill @ Trabendo (Paris)

Date : 17 février 2009 par Seb-O-Matic

Une affiche aux allures de mini-festival ce soir. De passage en Europe pour son dernier opus critiqué et critiquable, Appel To Reason , Rise Against a eu la bonne idée d’emmener dans ses bagages ses copains de Strike Anywhere. Le gang de Richmond a beau passer tous les 6 mois en ce moment, on ne va pas bouder notre plaisir de les retrouver, pour une fois qu’un groupe de chez Fat daigne nous honorer de sa présence !

Entre les aigris / blasés / poseurs restés chez eux parce que « ouais j’ai déjà vus ces groupes, c’était mieux avant », ceux déçus par le dernier passage mou de la chaussette de Rise Against dans la même salle en 2006 (cf. compte-rendu, et ceux tout simplement rebutés par un prix indécent (30 euros !) ; les fans de la première heure de deux des groupes les plus marquants du début du 21e siècle sont aux abonnés absents.

Pourtant l’affiche est sold out. Les kids, en vacances scolaires, ont économisé sur leurs cadeaux de Saint-Valentin pour s’offrir leurs premiers émois lives. Rise Against serait-il devenu le Green Day du punk-hardcore mélodique ? Car dès 18H la file d’attente est déjà longue ! Les habituels revendeurs de places sont là à chercher à se faire de l’argent sur la passion des gens, sans pudeur ni morale. Après une interview conséquente et instructive avec Thomas Barnett, le chanteur de Strike Anywhere, c’est l’heure de rentrer dans le Trabendo, carrément bondé.

Les Autrichiens de Rentokill montent sur scène et doivent sans doute passer pour des américains aux yeux de nombreux kids. A moins de déceler l’accent assez prononcé... En tout cas le quatuor enchaîne ses morceaux, allant d’un punk-hardcore burné à la Propagandhi à un punk mélo plus classique mais aussi efficace. Les premiers rangs s’en donnent à cœur joie et les premiers pogos de la soirée démarrent dans la joie, la bonne humeur, et la sueur.
Quelques connaisseurs apprécient, le son tout à fait convenable aidant plutôt bien, et le nombre de personnes se rendant au stand derrière confirme la bonne impression générale laissée par le groupe, qu’il nous tarde de revoir plus longuement dans nos contrées.

Strike Anywhere déboule ensuite, toutes dreadlocks de Thomas devant, et la tension monte d’un cran. Un poil (à frire) plus attendu que les autrichiens, le clan des virginiens ravit comme à son habitude ses fans en piochant dans toute sa discographie. « Detonation » donne le ton et « Hollywood Cemetary » lui répond. La poussée d’adrénaline « Chalkline » fait chavirer les cœurs et tout le monde chante en choeur l’intro de « To The World ». Toujours aussi statiques, les musiciens laissent à mister Barnett le rôle du gentil organisateur.
Entre chaque chanson, il essaie de reprendre son souffle (qu’il perd parfois en plein refrain) et se fend d’un petit commentaire sur les combats qui sont ceux du groupe, ce qui va mal dans le monde et des remerciements aux gens qui les soutiennent. Pas sûrs que tout le monde pige, les plus vives réactions n’intervenant que quand il s’essaie au « merci beaucoup » en français. En tout cas c’était pour Strike Anywhere l’un des principaux attraits de cette tournée avec Rise Against : pouvoir faire entendre son message à des kids qui ne sont pas venus pour ça, éveiller des consciences en somme.

Et faire dresser quelques poings aussi, à grand renfort de « Sedition » ou « Infrared ». Et puis un nouveau morceau est annoncé. Ils commenceront à enregistrer en mai un nouvel album intitulé Iron Front, et un premier extrait qui semble s’intituler « Opposite Number » ( ?) est lâché. La mâchoire se décroche, un sourire déforme les lèvres façon Joker : la ligne de chant est superbe et efficace dès la première écoute. Dans la lignée de Dead FM, ce morceau ne laisse augurer que du très bon pour la suite !
L’enchaînement « We Amplify / Blaze » fait encore se côtoyer quelques épaules dans le pit, avant que la traditionnelle « Sunset On 32nd Boulevard », pas prévue au départ, ne soit lâchée en pâture grâce à une avance du groupe dans son créneau horaire, ce dont on ne se plaindra pas !

Le temps de faire à nouveau la vidange (aller pisser) et de refaire le plein (payer 4 euros une canette versée dans un gobelet), et les lumières s’éteignent. Une intro instaure l’ambiance, la foule est à bloc, tout ça risque de sévèrement péter. Mais d’un pet foireux au départ. Pendant que de très nombreux kids passent en mode "je regarde le concert sur mon écran de portable, ça me fera un trop bon souvenir inaudible", Rise Against balance "Drones", avec un Tim McIllrath qui se traîne un peu sur le chant. Mauvais départ, mais la prochaine foulée lance l’incroyable sprint que va être ce concert : le single "Give It All", qui défouraille sévère et vient secouer un pit tout acquis à la cause du groupe.
Tim prend comme d’habitude a son compte l’animation, et va à plusieurs reprises se jucher sur les barrières latérales de la scène. En grande forme, il est parfaitement secondé par ses musiciens, et surtout Zach Blair, qui arpente la scène de long en large et invective la foule. Son crâne dégarni luisant telle les fesses de Loana dans la piscine, le transfuge d’Only Crime apporte un plus indéniable au combo. On peut même aller jusqu’à dire qu’il leur offre un second souffle scénique, tant la prestation dévastatrice à laquelle on est en train d’assister contraste avec la mollesse de celle de 2006.

Rise Against a franchi un cap. Le show est calibré, à l’américaine, et les tubes s’enchaînent sans discontinuer. "Ready To Fall" fait sauter toute la fosse sur le riff d’intro et le refrain, tout le monde se prend à chanter le riff de "Chamber The Cartridge", et même "Re-Education (Through Labor)", single du dernier album, se fait plus lourd et passe tranquillement l’épreuve du live.
A la grande (et bonne !) surprise des moins jeunes, très peu de titres de ce dernier opus, Appeal To Reason, seront interprétés. Seulement 4, et pas les plus pourris, comme la fulgurante "Collapse", très efficace. En fait, on a plutôt l’impression d’être sur une date de la tournée promo de l’incroyable The Sufferer & The Witness, qui sera représenté par ni plus ni moins que 8 titres !

Alors tout le monde se lâche sur les rythmes effrénés des tueries que sont les "Injection" ou autres "Behind Closed Doors". Le fait que leur label n’ait pas sorti le disque en France a-t-il influencé la set list de ce soir ? Peut-être un peu, mais on peut espérer que Rise Against a de son côté compris que les nouvelles chansons n’avaient pas le même potentiel dévastateur qu’un "State Of The Union" par exemple.
Fort heureusement les premiers albums ne sont pas occultés, avec la poussée hardcore de "Stained Glass & Marble", qui pour le coup se joue dans la quasi-indifférence (bah alors les djeunz, vous avez pas téléchargé The Unraveling ?), ou l’extraordinaire Revolutions Per Minute, dont les ambassadeurs ce soir sont "Heaven Knows" et bien entendu "Like The Angel", enchaîné juste derrière un superbe "Life Less Frightening".

Bien sûr on peut toujours compter les titres qui manquent cruellement et que l’on espère revoir joués un jour, comme "Everchanging", "Black Mask & Gasoline", "Alive & Well", etc... Mais au regard de la patate du groupe, ce soupir nostalgique ne sera poussé qu’une fois le show fini. Pour le moment on est là, on apprécie. D’autant qu’en plus d’un show carré et efficace, Rise Against s’amuse maintenant ! Tim remercie tout le monde, s’amuse à recenser les nombreuses nationalités représentées dans le Trabendo ce soir, ou se gargarise du premier concert "sold out" de Rise Against en France. Il ne sait sans doute pas que les vacances scolaires doivent y être pour quelque chose, mais on comprend qu’il aurait pu avoir sévèrement les glandes de jouer devant une salle même pas remplie, surtout au lendemain d’une date de 2 500 personnes en Allemagne !
Même si le son n’est pas au top comme souvent ici, avec trop de réverbe sur la voix de Tim, le show suffit à contenter tout le monde. Les kids sont ravis, et même les plus sceptiques au départ retournent leurs vestes pour aller pogoter sur "The Good Left Undone" et son refrain qui donne envie de sauter partout. La voilà la force de Rise Against : ces morceaux taillés pour faire la fête, dresser le poing et postillonner sur son voisin en hurlant les refrains.

Les slammeurs sont même de sortie, pas toujours à propos, puisque débarquant sur scène entre deux chansons. L’occasion pour beaucoup de venir faire un bisou sur la joue de Tim, qui se dit très surpris par cette tradition française. L’autre chose qui le surprend c’est le silence qui s’instaure entre chaque morceau. Et au passage, une petite remarque sarcastique et bienvenue : "je comprends, c’est parce que vous filmez pour mettre sur YouTube".

Déjà l’heure du rappel. Le groupe quitte la scène. La salle est encore dans le noir donc on y croit vraiment pas. Tim revient avec sa guitare acoustique et Zach. Avant de lancer la jolie "Hero Of War", on va encore remarquer à quel point le monsieur Propre de Rise Against (bah quoi ? c’est vrai qu’il joue bien) est à l’aise dans sa nouvelle formation. Sous le regard amusé de Tim (qui d’ailleurs n’a pas arrêté de le regarder du concert, il doit s’échanger plus que des chaussettes dans le tour bus entre ces deux-là !), il s’amuse avec le public, disant avoir vu un mec monter sur scène lui piquer ses médiators, et un autre qui en aurait avalé un. Réaction de Tim : "ça sera douloureux quand il l’aura digéré".

Tout sourire les Rise Against, et ça leur va bien. Pourtant on flippe un peu, puisque qu’après le duo acoustique Tim reste seul pour interpréter "Swing Life Away". Non ils vont pas finir comme ça quand même ? Pas après avoir envoyé du bois pendant 1h15 ?
Heureusement un gros "ouf !" de soulagement accueille le retour des trois autres musiciens (dont un batteur à la corpulence bien américaine), et le pogo, les slams, la chenille, peuvent redémarrer à fond la caisse sur "Survive". Plus posé et surprenant, le nouveau single "Audience Of One" ne fait même pas retomber une ambiance qui connaît son apogée sur le final "Prayer Of The Refugee", revisité sur le break.

Voilà, une bonne 1h30 d’un concert à l’américaine mais pas trop. Avec un show de cette qualité, Rise Against vient de prouver qu’il avait franchi un nouveau cap et compte désormais parmi les groupes américains les plus influents du moment. Et pour les fans de la première heure comme ceux de la dernière semaine, ce concert a fait office d’une bonne petite claque. On tendrait volontiers l’autre joue. Et même les fesses !



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