Useless ID - The Lost Broken Bones

Contexte :

Après un "Redemption" en demi-teinte et la sortie d’un DVD, c’était quasiment le silence radio du côté de Useless ID depuis 2006. On croyait les israéliens vaincus par l’usure après un peu plus de dix ans de carrière. Mais en janvier 2008, le groupe reprend le chemin du Blasting Room et nous sort un exceptionnel "The Lost Broken Bones".

Chronique :

Pas la peine de tourner autour du pot plus longtemps, on tient là l’une des meilleurs livraisons de punk-rock mélodique de cette année 2008. Après le virage plus pop de "Redemption", Useless ID renoue avec ses origines.

La formation d’Haïfa reprend ici ses bonnes vieilles habitudes et fracasse la traditionnelle structure intro / couplet / refrain à grands coups de breaks et de ponts brillants, de changements de rythme tranchants, d’un gros travail sur les lignes de grattes, de petits soli qui vont bien, de chœurs savamment distillés...
Comme un alchimiste capable de transformer le plomb en or, le groupe possède l’art et la manière de transformer un morceau banal en un chef-d’œuvre du genre ("Isolate Me", "Undecided", "Blood Pressure", "Give It Up"). Ces coups d’éclats imprègnent l’ensemble des 12 titres de la galette, que ce soit la pop "Mouse In A Maze" ou la hardcorisante "Already Dead".

Autre atout dans ce jeu déjà bien fourni, le chant de Yotam Ben-Horin. Pleine, assurée, troublante de similitudes avec celle de Tony Sly (No Use For A Name), la voix transperce l’auditeur et donne du relief aux textes où transpirent colère et interrogation face à un monde qui part en vrille. La jaquette et le magnifique livret en noir et blanc reflètent parfaitement cette ambiance très sombre, avec une mention spéciale aux photos prises par le guitariste Guy Carmel qui illustrent chaque chanson.
On citera en exemple "Misconception" et son attaque envers un gouvernement israélien belliqueux, qui préfère s’en prendre aux Palestiniens au lieu de faire face aux problèmes économiques qui rongent le pays. Troublant quand on connait les évènements (raids sur Gaza, victoire de la droite dure aux élections législatives) qui ont lieu fin 2008 / début 2009, alors que les mots ont été couchés sur le papier un an auparavant.

Un nouveau départ donc pour un groupe que l’on pensait arrivé en fin de parcours. Un retour qui se fait sur de nouveaux labels, le deal avec Kund-Fu Records qui les suivait depuis 2000 étant fini, c’est Suburban Home Records (Amérique du Nord) et l’italien Rude Recorz (Europe) qui se chargent de la distribution de la galette.
Si on fait comme les sportifs qui considère qu’Israël est en Europe, alors oui, Useless ID est une figure incontournable de la scène punk-rock européenne. Mais en livrant un album de ce calibre, il est assurément incontournable sur la scène mondiale.