Interview avec Black Sheep

Date de publication : 6 mars 2009
Rencontre avec Vankou, chanteur du groupe ska punk Black Sheep. La bande est originaire de Belgique francophone, de Mouscron plus exactement, et a sorti l’an passé un très beau premier album intitulé "Première Conclusion".

Salut mec et merci de répondre aux questions de Punkfiction !...

  • Vankou : Salut à toi ! Ben merci de nous les poser surtout !…

Peux-tu présenter rapidement Black Sheep

  • Vankou : Nous venons de Mouscron en Belgique, nous existons depuis plus ou moins 5/6 ans. Le groupe est composé de Noar à la guitare, Vayes à la basse, Loul à la batterie et de moi-même au chant et sur certaines chansons à la guitare. Nous avons commencé le groupe sans savoir jouer de nos instruments. On a appris sur le tas et décidé de faire des concerts dès le début. Notre musique est un mélange de hardcore de ska et de punk avec de temps à autres des petites touches de hip hop ou de reggae. En fait nous sommes encore en évolution et je ne pourrais pas précisément définir le style, généralement nous appelons ça du « punk ska-core »...

Au fait, il faut écrire Blak Sheep ou Black Sheep ou bien encore Blak X Sheep ?

  • Vankou : Le nom du groupe s’écrit Black Sheep mais nous avons eu quelques problèmes avec notre page myspace car il y a déjà un groupe de hip-hop américain qui a le même nom. Myspace a supprimé notre page sans nous prévenir, nous avons donc perdu tous nos mails, nos contacts… ce qui était assez embêtant. Nous avons donc recréé une page mais en changeant un peu le nom, on l’a transformé en Blak X Sheep. Cette appellation n’est valable que pour notre page myspace, ce qui est marrant c’est que de temps en temps on voit notre nom écrit de cette manière sur les affiches, il y en a même qui pense que nous sommes straight edge, haha ! (ceux qui nous connaissent le savent bien…)

Ils sont formidables chez Myspace… Comment ça se passe depuis la sortie du disque, quels sont les retours ?

  • Vankou : C’est de la bombe ! On a sorti l’album en Février 2008, depuis on a écoulé les 500 exemplaires et on en a re-pressé 500. On a fait 60 dates un peu partout en Belgique, en France et en Angleterre. Les retours sont vraiment bons, on sent qu’on commence à avoir un réel public derrière nous, ce qui est rassurant. On a également plus de propositions de concerts et les organisateurs nous prennent plus au sérieux qu’auparavant.

Pourquoi le disque est-il sorti sur 3 labels ?

  • Vankou : À la base nous avions été contactés par Trash Compost Records de Suisse via Myspace. Ce label ne pouvait pas nous aider financièrement mais il pouvait nous apporter une aide promotionnelle. Néanmoins il nous avait bien dit que si on trouvait un autre label, ça ne leur posait pas de problème, que l’on soit sur les deux en même temps. Peu de temps après, Till de Guerilla Asso, qui est un bon pote, nous a dit que si un jour on sortait un disque, il serait content de pouvoir nous aider et donc de le sortir sur Guerilla Asso. Quasiment en même temps nos potes de Union Jack qui tiennent le label Beer Records nous faisaient la même proposition. On a décidé de faire une coproduction. Comme Till et Beer Records se connaissaient, ça a été plus facile.
    L’avantage est que ça nous apporte une plus grande visibilité. Guerilla Asso a déjà fait ses preuves et a un public conquis. De plus ils ont une vente par correspondance qui marche bien. Beer Records touche un autre type de public et grâce à eux nous sommes vendus sur interpunk et napster. Nous sommes très contents d’avoir pu le sortir sur les deux labels en même temps car Union Jack et Guerilla Poubelle sont deux groupes que l’on connaît depuis longtemps et que l’on apprécie particulièrement. Leur manière de fonctionner nous correspond, c’est sans prise de tête mais efficace. Par contre nous n’avons plus eu de nouvelle de Trash Compost depuis la sortie de l’album, je pense que le label est en stand-by.

Vous bénéficiez d’un gros son sur le skeud, c’est dû à la qualité du studio, à la production léchée ou à votre génie légendaire ?

  • Vankou : Héhé ! Non, en fait je pense qu’en live on joue beaucoup plus a l’arrache mais on rattrape cela avec le côté énergique. L’album a été enregistré, mixé et masterisé par Romtom Cat dans son home studio Lillois le « Back To Hell Studio ». C’était la première fois qu’il enregistrait un album de A à Z, ç’était donc une bonne expérience pour lui et pour nous. Le studio en lui-même n’a pas d’énormes moyens mais rien de tel que la débrouille, et puis Rom a vraiment bien bossé. L’avantage c’est qu’on a pris le temps de le faire car on avait convenu un prix « package », du coup on n’avait pas le stress du temps. Ça nous a beaucoup aidés, surtout pour un premier album.

Vous jouez beaucoup à l’étranger, hormis en France ?

  • Vankou : On a fait 4 dates en Angleterre il y a deux ans et 2 cette année. On aimerait bien aller voir du côté de nos voisins Allemands ou Hollandais, mais on n’a pas trop le temps de prospecter pour le moment.

T’as écouté le disque de Star Fucking Hipsters ?

  • Vankou : Je n’ai pas écouté l’album mais j’ai entendu quelques morceaux sur leur myspace. A vrai dire je n’ai pas vraiment bien écouté mais de prime abord ça me semble vraiment pas mal. De toute façon la voix de Stza me donne toujours des frissons…

Votre skeud est assez sombre, au niveau des paroles mais aussi de l’artwork…Ça vous place justement dans la lignée de ces groupes américains, Leftöver Crack, Operation Ivy, Suicide Machines… Vous n’avez jamais envie de faire quelque chose de plus fun, à la Less Than Jake ?

  • Vankou : Euh... non. Il y a déjà une chose importante c’est qu’on ne s’est jamais dit on va faire tel ou tel style de musique, on a évolué à notre manière et naturellement on est arrivé à ce style, ce n’est pas calculé. De plus, on n’est pas trop fan de ska festif, on écoute plus de punk ou de hardcore. Il y a aussi le fait que le coté violent de la musique nous aide a extérioriser le quotidien, de manière physique mais aussi sous forme d’une sorte de thérapie. Je préfère écrire des paroles sur ce qui me dérange, me rend triste ou me pose des questions plutôt que sur ce qui me rend heureux ou sur le caca du chien de ma voisine, ça ne serait pas honnête. Dans tous les cas, je pense que si un jour je devais jouer quelque chose de fun, ce ne serait pas avec Black Sheep, et j’aurais besoin d’un autre groupe plus violent à côté, ou alors c’est que je me ferais vieux ou résigné, haha.

De quel groupe vous rêveriez de faire la 1ere partie ?

  • Vankou : J’aurais bien aimé pouvoir jouer avec The Suicide Machines surtout que je n’ai jamais eu l’occasion de les voir en live. Sinon évidemment Leftöver Crack ou Rancid… On a eu le privilège récemment d’ouvrir pour Voodoo Glow Skulls, c’était énorme !

Et quel groupe voudriez-vous avoir pour faire votre 1ere partie ?

  • Vankou : Ouh la ! On n’a pas la prétention d’être assez bon ! Généralement quand on joue avec un groupe que l’on apprécie, peu importe qu’il passe avant ou après nous, j’ai toujours l’impression qu’il est meilleur. Sinon je suis toujours curieux de découvrir de jeunes groupes, généralement je regarde toujours les groupes qui jouent avant nous.

C’était où et quand votre meilleur concert ?

  • Vankou : C’est dur à dire. On tire toujours une bonne expérience des concerts, que ce soit parce qu’ils se sont bien passés ou pas. Un concert peut être bon car le public a bien réagi mais il peut être également mauvais car l’ambiance générale n’étais pas bonne ou que les autres groupes n’étaient pas sympas. Il y a plein de paramètres hors de la scène qui influencent notre perception du concert.

Penses-tu que Jean-Claude Van Damme peut battre Chuck Norris dans un combat de free fight ?

  • Vankou : Mmmmh... je dirais ex-æquo. Mais dans une joute verbale ou un concours de frites, Jean-Claude l’emporte haut la main !

T’es content que Front 242 ait repris le chemin de la scène ?

  • Vankou : Carrément ! C’est un groupe énorme ! Bon personnellement c’est pas trop mon trip mais c’est un des seuls groupes atypiques belges qui a réussi à percer. Ma mère a été voir un de leurs concerts quand elle était enceinte de moi, c’était mon premier concert, je pense que ce sont ces basses qui m’on rendu fou immédiatement, haha…

Des projets pour 2009 ?… Une tournée mondiale ?

  • Vankou : On a déjà quelques concerts de prévus, mais après on aimerait bien diminuer le rythme pour pouvoir composer de nouveaux titres. On n’a vraiment plus le temps et on commence à en avoir marre de jouer tout le temps les mêmes chansons. Si on va assez vite on enregistrera peut-être un split ou un ep mais rien de sûr…

Le roi Albert, il est branché ska-core tu crois ?

  • Vankou : Si c’est le cas j’aimerais bien qu’il me contacte car nous cherchons un local de répét’ et il a plein de place dans son château.

Pour finir, un mot/un nom/une expression et tu réagis du tac-o-tac, ok ?

  • Vankou : Envoie !

Rancid

  • Vankou : Une de nos premières influences, ils ont vraiment un son qui leur est propre...

Monarchie

  • Vankou : Vaste blague

Ska

  • Vankou : Oui mais de type oldschool ou avec de la disto. Pas trop de « pouet-pouet » svp.

Flandre

  • Vankou : C’est le problème le plus bizarre en Belgique. Nous habitons le même pays et ne nous fréquentons presque pas. Je pense que la scène punk-rock est beaucoup plus développée là-bas. Nous sommes plus au courant de ce qui se passe en France, peut-être par le fait d’être frontaliers. Il faudrait vraiment qu’on s’intéresse plus à la Flandre car les quelques dates qu’on a faites là-bas étaient super !

France

  • Vankou : C’est un pays beaucoup plus riche que ce que l’on a l’habitude d’entendre parfois en Belgique. On a eu l’occasion de jouer dans des lieux très éloignés les uns des autres et à chaque fois c’était un autre type d’ambiance. De région en région, on sent vraiment la différence. C’est aussi un peu notre deuxième pays car nous y passons pas mal de temps et nous y avons beaucoup de potes. De plus, nous avons une relation particulière avec le nord de la France qui a un peu la même culture et le même passé historique que la ville dans laquelle nous vivons.

Skinhead

  • Vankou : C’est un des premiers mouvements à avoir fait se rencontrer la culture anglaise et jamaïcaine. C’est à cette époque que le ska s’est mêlé au punk. En quelque sorte c’est un peu de là que vient notre musique. D’un autre côté, je ne connais pas suffisamment le mouvement pour pouvoir bien en parler. Politiquement, c’est très ambigu car les skins de gauche et de droite ont la même appellation, portent les mêmes fringues (pas tout à fait - ndr) et parfois écoutent le même style de musique (pas tout à fait non plus – ndr), mais ont un discours radicalement opposé.

Barack Obama

  • Vankou : C’est marrant que tu me demandes ça. Récemment un journal régional m’a appelé en me demandant mon avis par rapport a Barack Obama en temps que « leader d’un groupe politisé » haha ! Je pense que c’est déjà quelque chose d’être le premier président noir des Etats-Unis. Le personnage me semble assez sincère pour un homme politique mais néanmoins j’ai la conviction qu’il gardera la ligne politique qu’a adopté l’Amérique il y a déjà pas mal de temps. S’il veut réellement changer les choses, il n’aura pas la tâche facile, c’est une sale période et avec son prédécesseur on avait atteint des niveaux de débilité assez exaspérants. Ce qui me dérange le plus avec les Etats-Unis c’est qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent quand ils le veulent et les répercutions peuvent être énormes quand on sait le pouvoir qu’ils ont.

Téléchargement

  • Vankou : Je ne considère pas la musique comme une marchandise ou comme un travail. Nous faisons de la musique le week-end mais nous sommes tous bénévoles dans le groupe. De ce fait je suis partisan de la libre diffusion de la musique. Le téléchargement permet d’être écouté rapidement, facilement et partout. Lorsque tu veux vivre de ta musique, tu as d’office un autre point de vue sur la question, mais le téléchargement ne tue pas les artistes, il tue le business que l’on peut en faire.
    Personnellement je ne télécharge quasiment pas, mais par contre il arrive souvent qu’un pote me file un album en mp3 via clé usb. C’est un bon moyen pour découvrir les groupes. Généralement, si la musique et la démarche du groupe me plaisent, je rachète l’album en original pour soutenir le groupe et puis aussi car j’aime l’objet. Je suis de la génération du cd, j’adore lire tout le livret, regarder les illustrations ou les photos. Le problème de la « génération téléchargement » c’est que les kids ont l’habitude de télécharger beaucoup et ne prennent donc pas le temps d’écouter les albums dans leur entièreté avec l’attention qu’ils nécessitent.

Guerilla Asso

  • Vankou : Une des structures alternatives qui a bien réussi en France. Ils ont eu la chance de pouvoir s’appuyer sur le succès de Guerilla Poubelle mais au-delà de ça, ils ont vraiment une manière de fonctionner simple et très efficace. Ce sont de bons potes et sans eux je ne pense pas qu’on aurait réussi à sortir notre disque ou à tourner autant. Guerilla Asso nous a permis de rencontrer plein de groupes qui sont maintenant devenus de super potes. Il y a une ambiance très familiale dans ce label.

Voilà Vankou c’est fini ! Merci pour tes réponses en tout cas, et à bientôt en concert !…

  • Vankou : Merci beaucoup à vous, votre zine est super, ne changez pas !


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