Defeater - Travels

Date de publication : 18 février 2009 par Punkachu

Contexte :

Defeater est un groupe originaire du prolifique Etat du Massachusetts, de Boston plus précisément, ville dont on ne compte plus les groupes hardcore de premier plan. Defeater on en parle déjà malgré une carrière encore au stade des balbutiements. Le groupe a en effet été créé en 2004 mais ne s’est stabilisé qu’en 2008 pour composer Travels, son premier album. Le label Topshelf Records, l’antichambre, le centre de formation de Bridge Nine Records, n’a pas tardé à voir en Defeater le nouvel espoir maison, formé au club. L’album Travels bénéficie ainsi d’une sortie en grande pompe en février 2009 sur B9, après une première édition fin 2008.

Chronique :

Voilà la nouvelle perle du hardcore made in Bridge Nine Records. Travels est un album énorme, encore plus si on a en tête que le groupe est né quasiment de la dernière pluie et qu’il livre là son premier jet. Et ça a parfois du bon les premiers albums, notamment en matière de hardcore, on le sait bien. Un concentré de ressentiment, d’aigreur vidangée sur onze morceaux, de rage marinée pendant des années dans les estomacs tourmentés de nos cinq jeunes gens…
Avis aux personnes sous Prozac : la dépressivité de tous les instants qui imprègne l’album de Defeater n’est pas à mettre entre toutes les oreilles. Avis aussi aux compulsifs du mp3 : impossible de cerner tout à fait l’ampleur de cet album sans avoir lu les paroles et sans le magnifique digipack entre les mains.

Se revendiquant de Verse autant que de Botch ou de Fugazi, Defeater lorgne très largement vers un hardcore sombre et maladif, souvent assez lent mais pas lourd pour autant (contrairement à la mode actuelle), parfois dépouillé jusqu’à l’arpège ou au simple roulement de batterie, moments fugaces et tendus, où l’organe de Derek Archambault hurle ses frustrations, scande ses regrets, appelle à l’aide dans le vide, se hurtant à un mur de solitude, se mutilant les cordes vocales, tant l’inutilité de ses questionnements vire à la torture mentale…
L’artwork est ainsi composé de tableaux sous forme de portraits noir et blanc juxtaposés. Là une jeune fille au faciès figé, ici les tombes de deux parents regrettés autant qu’haïs, un vieil homme, une musicien des rues, un prêtre, un paysan et son champ stérile… Tous cherchant à combler leur incomplétude dans d’illusoires palliatifs, l’alcool, la religiosité, l’errance…

Les textes suivent ainsi cette thématique bien précise, de façon chronologique, essentiellement à la troisième personne et proche du concept album même. On y voit l’enfance déracinée, mal aimée, le no future, le pessimisme du sans grade, la déchéance, tout cela contrastant assez avec l’engagement du groupe, tourné vers l’avenir, notamment en matière d’écologie. Le disque est d’ailleurs composé à 100 % de matière recyclée, cause que défend notamment Andy le batteur hors pair dont il convient de souligner la grosse performance tout au long de cet album. Autre précision, le mixage basse/guitare effectué par Kurt Ballou (Converge) et qui donne au son de Defeater beaucoup de corps et de rondeur, les apports dissonants, les petits riffs aigus n’en ressortent que plus, renforçant l’aspect malsain du groupe.

Bref pour un coup d’essai c’est un coup de maître. Dans un style pas tout à fait superposable, mais alors que Verse annonçait début 2009 sa séparation, je conseille à beaucoup de se pencher vers ce groupe de Boston à l’avenir plus que prometteur. S’il ne se brûle pas trop vite les ailes. Un tel style et une telle attitude, spontanés et profondément personnels, ne peuvent en effet s’accommoder de concessions et de demi-mesures. Defeater à le profil du groupe hardcore éphémère dont l‘album pourrait bien en tout cas passer à la postérité.



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BIOGRAPHIE DU GROUPE


Defeater


Note : 18 / 20

Année : 2008

Durée : 32 minutes

Label : Bridge Nine Records

Du Son : SOUND

Tracklist :

01. Blessed Burden
02. Everything Went Quiet
03. Nameless Streets
04. Forgiver Forgetter
05. The City By Dawn
06. Prophet In Plain Clothes
07. Carrying Weight
08. Moon Shine
09. The Blues
10. Debts
11. Cowardice