Rabble (The) - The Battle’s Almost Over

Date de publication : 29 janvier 2009 par Fab

Contexte

21 et 22 ans. Voici l’âge des frères Chazz (chant, guitare) et Rupert (batterie) lors de la sortie de cet album. Et à tout juste la vingtaine, les garçons ont déjà sept ans de carrière derrière eux, un album et un EP dans les valises ! Précoces les gars ? Oui, mais talentueux aussi. Avec Jamie Douglass à la basse aux côtés des frangins Hill-Hayr, The Rabble veut conquérir la planète punk. Pas forcément facile lorsqu’on vient d’Auckland, Nouvelle-Zélande. En tout cas, la première étape est franchie grâce à une tournée remarquée au Royaume-Uni fin 2008 !

Chronique

Quand on voit les membres de The Rabble, on ne doute pas une seconde du style de musique que le trio affectionne. Creepers compensées, slims patchés, cuirs cloutés et crêtes colorées d’une bonne trentaine de centimètres, les fans de street punk peuvent dresser l’oreille et ouvrir grand les mirettes ! Cependant, on peut s’inquiéter quant à la sincérité du trio en voyant l’artwork travaillé et surtout les photos très esthétiques du livret. Le trio ne serait-il finalement qu’un groupe de poseurs ? Et le sticker vert fluo indiquant « Featuring Mark Unseen (track 8) » apposé sur l’album, gage de qualité certes, mais un brin « vendeur », n’est pas là pour nous rassurer.

Heureusement, il n’en sera rien. The Rabble est bien un groupe de street punk pure souche. Musique vindicative, riffs abrasifs et textes tout aussi engagés : pas d’esbroufes avec les gars d’Auckland. D’ailleurs le titre de l’album signifie en réalité « The battle for freedom is almost over… But the war has just begun ». Et n’y voyez pas là une phrase pleine de défaitisme. Bien au contraire. Pour le groupe, cela montre qu’il faut continuer à aller de l’avant, à se battre pour ses idéaux, même les plus difficiles à atteindre, même pour les causes paraissant déjà entendues… Une belle preuve de positivité que l’on retrouve évidemment dans les textes. Des textes empreints de fausse naïveté et d’utopisme mais portant haut les valeurs d’une jeunesse idéaliste pas encore blasée et surtout pleine de fougue (« The New Generation », « The Battle »). Le thème de la lutte pour la liberté, dans une société où nos désirs sont dictés par la loi du consumérisme, elle-même ordonnancée par l’enjeu capitaliste, est un des leitmotiv des trois Néo-Zélandais (« Seeking », « Salvation »). Le trio crache également sur les guerres engendrées par les politiciens (« Sick & Tired »), sur un monde dominé par la violence et la haine (« This World Is Dead »). Des titres rageurs entrecoupés de morceaux aux textes plus personnels comme « Wasted Days » ou « Blood & Whiskey ». Du grand classique quoi...

Musicalement, on ressent immédiatement les influences du groupe. Avec en tête de convoi Rancid. Impossible de ne pas faire un rapproché entre le grain de voix de Chazz et celui de Tim Armstrong, un timbre élevé à la clope, à la bière et au whisky, arraché et rapeux comme il se doit. Mais les accointances avec les Ricains ne s’arrêtent pas là. En effet, on retrouve une ligne de basse des plus chatoyantes avec quelques soli dignes de ce nom. Quel nom ? Matt Freeman tout simplement. Bon, j’exagère un peu, c’est vrai, mais sincèrement la quatre cordes est menée de main de maître chez The Rabble. En atteste l’intro et le solo sur la géniale « Sick & Tired » ! Le côté plus posé rocksteady sur « Blood & Whiskey » et « Bored » ou « Step Back » rappellent également le groupe du boss d’Hellcat. Rien d’étonnant à tout cela lorsqu’on peut lire dans le livret « we skated the streets to the Rancid beat ».
Mais The Rabble s’énerve parfois davantage, à la manière de The Unseen, notamment sur « Seeking », « Wasted Days » ou, bien sûr, « This World Is Dead » sur laquelle on retrouve Mark de justement The Unseen en guest. Un invité de marque (et non de Mark, ah ah) qui apporte une puissance incontestable à cette chanson. Cependant, le trio d’Auckland n’a pas forcément besoin d’une figure emblématique de la scène pour réaliser de véritable petites pépites comme « Devil’s Highway » aux légers relents rockab/psycho. Enfin, le groupe se la joue à l’irlandaise sur « The Battle », où la cornemuse et autres instruments traditionnels du folklore du pays du trèfle rappellent évidemment les Dropkick Murphys.

Pour continuer sur les ressemblances, on pourrait noter un petit quelque chose des Distillers sur « Dead End » et même un côté punk’n’roll à la Voice Of A Generation sur « Zombies ». Avec tout ça, on pourrait croire que The Rabble n’a vraiment rien d’original (à part sa provenance peut-être). Ce n’est pas complètement faux, mais est-ce là l’intérêt d’un groupe de street punk ? Car si l’originalité n’est pas vraiment le meilleur mot caractérisant cette galette, le terme d’efficacité lui, colle parfaitement au trio qui a cette faculté de trouver LE riff qui tue. A mi-chemin entre tous les groupes pré-cités, The Rabble fait sa tambouille et relève sa sauce d’un solo assassin, de chœurs super entraînants, d’un soupçon de rock’n’roll et autres épices appréciés de nos esgourdes pour un résultat vraiment délicieux.

Un second album vraiment bien fichu (d’autant que la production suit), constitué de nombreuses petits bijoux street punk n’ayant pas à rougir de la comparaison avec les plus grands du style. Le seul bémol serait la longueur de l’opus qui avoisine les soixante minutes avec seize titres (un peu à la manière d’un Rancid). Du coup, quelques morceaux passent à la trappe, pas qu’ils soient mauvais, mais noyés dans la masse (« Tommy Was… », « Step Back », « Start Again »...). Dommage.
Un très bon album de street punk qui avait même le potentiel de devenir un must have du genre avec peut-être deux ou trois morceaux en moins. En tout cas, un groupe à suivre de près et à ne pas rater lors d’un éventuel passage en Europe.



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BIOGRAPHIE DU GROUPE


The Rabble


Note : 17,5 / 20

Année : 2008

Durée : 55 minutes

Label : Autoproduit

Du Son : SOUND

Tracklist :

01. Seeking
02. Salvation
03. Sick & tired
04. Blood & whiskey
05. Bored
06. Tommy was…
07. The new generation
08. This world is dead
09. Devil’s highway
10. The battle
11. Step back
12. Wasted days
13. Zombies
14. Dead end
15. Start again
16. City of sin