Danko Jones - Never Too Loud

Contexte

Après trois albums tonitruants, les canadiens reviennent à la charge avec ce Never Too Loud, toujours sur Bad Taste Records. Avec un tel titre, collant parfaitement à la musique et à l’atmosphère dégagée par le groupe, on pouvait s’attendre à du Danko Jones pur jus. Cependant, après le succès (tant musical que commercial) de Sleep Is The Enemy, le trio a décidé d’évoluer et/ou d’élargir encore plus son auditoire. La première étape de cette évolution fut d’enregistrer cet opus avec Raskulinecz (Stone Sour, Foo Fighters). Mais pour quel résultat…

Chronique

J’adore Danko Jones. Je ne vais pas vous le cacher, les chroniques de ses précédents efforts sont d’ailleurs là pour le prouver. À chaque album du trio, je me demandais comment le groupe pourrait s’améliorer sur la production suivante. Mais à chaque fois les Canadiens y étaient parvenus. Sauf cette fois.

Le premier titre donne encore le change. Le rythme est soutenu, les riffs gonflés et assez puissants, sans être aussi rentre-dedans qu’auparavant néanmoins. On note donc déjà une évolution, notamment au niveau du chant, beaucoup moins rageur, mais on sent le groupe capable d’envoyer la sauce comme avant. Il n’en sera rien...
Les Canadiens s’enfoncent au fil des titres dans un rock FM mièvre et sans saveur. Chant clair et mielleux, guitares moins incisives (voire même plus incisives du tout), rythmique mollassonne, le lion rugissant s’est transformé en chat miaulant plaintivement, toutes griffes rentrées. « City streets », « Still in highschool » ou encore « Ravenous » ne décollent jamais et s’embourbent dans un rock insipide. On touche le fond sur « Take Me Home » avec cette gratte acoustique molle du genou et ces refrains ne valant pas beaucoup mieux que le dernier single de Kid Rock. Puis, Danko Jones révèle son penchant pour le stoner sur « Forest for the trees ». Mais même là, le trio se prend les pieds dans le tapis. Ce long titre (six minutes !), finalement faussement stoner, se transforme en ballade rock quasi insupportable. Et ce n’est pas l’apparition du pourtant excellent John Garcia (ex-Kyuss, Hermano) et de Peter Stahl (ex-Scream, ex-Goatsnake) qui y changeront quelque chose. Alors certes, la prod est un peu lisse et manque de relief, mais on ne fait pas d’un âne un cheval de course.

Après l’écoute de cet album, on se dit finalement que le titre du disque n’est qu’une mauvaise blague. Car jamais le groupe n’aura été aussi peu énergique. Pis, Danko Jones est à l’image d’un « King of magazines » faisant la Une des torchons aux photos édulcorées et sans cachet sur papier glacé. La blague se poursuit même avec « Your tears, my smile », symbolisant malheureusement trop bien cet opus. Un titre plus pêchu rappelant tristement les anciennes réalisations du groupe. Le trio sort un peu la tête de l’eau sur « Something better » et « Let’s get undressed ». Des titres aux riffs plus nerveux et à la voix moins sucrée mais qui, pourtant, ne tiendraient pas une seconde la comparaison avec des anciens morceaux. Bien trop insuffisant, donc, pour faire digérer le reste de la galette. Et ce n’est pas « Never Too Loud » qui conclue poussivement l’album, qui me contredira.

On savait Danko Jones fan de heavy rock bourru, de gros rock qui tâche et de stoner. En atteste la tournée en première partie de Mötorhead en septembre 2008 et les apparitions de John Garcia sur cet album et son prédécesseur. En cas d’évolution, on pouvait donc s’attendre à un disque plus heavy. Mais pas à ça. Pas à un rock FM peu inspiré et manquant cruellement d’énergie. Après le succès mérité de Sleep Is The Enemy, Danko Jones était attendu au tournant. Les Canadiens ont foncé droit dans le mur. Espérons qu’ils s’en remettront.