Persistence Tour ’08 (Sick Of It All + Terror + H2O...) @ Elysée Montmartre (Paris)

Date : 9 décembre 2008 par Seb-O-Matic

Soirée musclée en perspective à l’Elysée Montmartre avec un festival plutôt du genre hardcore de chez hardcore, le Persistence Tour, qui fait étape à Paris, comme chaque année. Un jour de semaine, un mardi donc pour être précis, et avec l’ouverture des portes à 16H (pour un début à 16H40) : on sait que c’est la crise mais quand même, là niveau horaire c’est un peu comme les émissions du matin de TF1 ou M6, ça s’adresse qu’aux chômeurs !

Pas de chance donc pour les français de Apocalypse Now qui jouent devant très peu de personnes, d’autant plus que la salle a été coupée en deux avec l’installation d’un rideau. Il faut dire qu’entre les horaires et le prix (36 euros ! Enfin 22 en pré-ventes dans certains magasins, faudrait expliquer où passent les 14 euros entre les intermédiaires, chez un trader de la Société Générale ?) ; les gens doivent avoir eu du mal à se motiver.

En plus on est bien accueilli, c’est fou. Toute sortie est définitive, il faut donc se préparer à passer des heures d’affilée dans cette salle du 18ème. A l’entrée, les invités sont appelés à faire un « don » à PETA, que soutient le festival. Pourquoi pas, mais juste ça écrit sur une feuille A4 sans logo PETA, et la cagnotte tenant dans un gobelet en plastique, on ne peut que douter de la véracité de l’information. Par contre apparemment le guichetier n’aime pas qu’on le lui signale... Pas de vestiaire non plus, en plein hiver il faudra donc supporter les gros manteaux pendant toute la soirée...

War Of Ages est déjà sur scène, je suis donc arrivé pile poil pour voir H2O, objectif n°1 de la journée (le second étant de survivre). War Of Ages c’est du gros métal, ça joue bien mais ouais deux chansons c’était bien assez.
Les costauds new-yorkais de H2O débarquent donc, et là surprise, déception, consternation, le son est dégueulasse comme c’est pas permis ! Etouffé, avec trop de basse, ça donne un aspect vachement plus punk que le reste au groupe, mais ça lui fait quand même perdre beaucoup. Une dizaine de leurs fans sont là et font du sing along au premier rang, tandis qu’au milieu de la salle, y en a 2-3 qui moshent, sans aucun rapport avec la musique d’ailleurs, du coup ça en devient rigolo.
Le groupe fait des efforts pour motiver la foule mais du coup oublie de jouer carré, et même les nouvelles chansons pourtant fédératrices à mort (« Nothing To prove », « 1995 ») ne font pas dresser les poings. Sur le final Lou Keller, le chanteur de Sick Of It All vient faire péter le featuring sur « What Happened », morceau qui prend de l’envergure devant ce parterre tout acquis aux codes du hardcore. Certains semblent en effet privilégier le look et l’attitude au message...

Derrière, encore une clique brutal thrash hardcore ?... Les gars de Discipline, ressemblent à des GI Joe tatoués (sauf 1 qui a le bide de Casimir), et ont une grosse banderole apocalyptique derrière eux. Et ils commencent fort, en mettant l’hymne de Liverpool, « You’ll Never Walk Alone » en intro. Mais comme personne ne reconnaît, les pauvres se paient un énorme moment de solitude pendant plusieurs minutes sur scène. Et quand ils balancent, surprise pour beaucoup, ce n’est pas du hardcore, mais du street punk de hooligans, genre du sous-sous-Dropkick Murphys des débuts. La lassitude gagne bien vite tout le public, qui ne rentre vraiment pas dans leurs délires. Ils tentent d’assurer le show mais retournent chez eux sans avoir pris les trois points.

Au tour de Born From Pain et là l’ambiance monte d’un cran, même de douze. On sent que c’est le genre de musique que tout le monde attendait pour enfin pouvoir se cogner dessus tranquillement, alors ça part au quart de tour. Le groupe, emmené par son ancien bassiste passé au chant, occupe très bien l’espace et en donne pour son argent au public. Le micro est même lancer aux premiers rangs histoire que tout le monde participe à la fête. Les circle pits se succèdent, les moshers continuent de maraver le vide devant eux, et quelques personnes semblent en état d’ébriété avancé. Spectaculaire, mais assez lassant au final.

Les chiottes sont complètement dépouillées, et comme les fumeurs ne peuvent même pas sortir le temps de s’en griller une, ils fument dans la salle, en dépit de la loi et de la sensibilité de la majorité de la salle. L’alcool coule à flot et certains costauds sombrent comme des bateaux heurtant des icebergs. La palme à celui qui ne tient plus debout, titube en bousculant les gens pendant 10 minutes, et finit par aller comater au fond. Pendant ce temps, ses potes aussi bourrés n’arrivent pas à le gérer et continuent à s’allumer des bédos en tisant du pastis...

Terror vient apaiser les esprits avec son hardcore indie aux sonorités aériennes. Y a pas, ça détend... On aurait presque envie de se glisser dans un bain moussant avec des encens allumés... Le chanteur est un sacré pitbull, et il charge de long en large de la scène. Le public répond massivement à la démonstration du groupe, qui envoie vraiment. Là encore le micro est lancé aux spectateurs, les paroles sont reprises à l’unisson sur leurs titres les plus fédérateurs.

La programmation est des plus bizarres, avec H20 après les bulldogs de Discipline, ou encore Heaven Shall Burn en avant-derniers... Faut dire que le nombre de spectateurs venus pour eux doit être aussi imposant que le nombre de neurones que doit avoir Booba (le rappeur, pas le petit ourson). Au programme, du thrash-metal-chose, mélodique et inspiré par moments, mais un peu chiant sur la longueur. Hum j’ai dit un peu ? Le truc rigolo c’est de voir le chanteur, en ensemble noir Dickies tout propret, coupe de cheveux sage, au milieu de ses acolytes qui semblent sortis du casting de Wayne’s World. Il tente de rameuter la foule mais c’est peine perdue, surtout quand il prend ses spectateurs à parti en se moquant de l’allure de méchants qu’ils se donnent...

Cette parenthèse enfin achevée, place aux maîtres de cérémonie, dont le titre est vraiment loin d’être usurpé. Light show, dragons illuminés sur scène, et dès les premières notes le guitariste à la coupe de cheveux mythique arpente la scène en se livrant à quelques sauts et courbettes genre cascadeur. Le public est au taquet et répond présent aux moindres sollicitations des Sick Of It All. Il faut dire qu’avec tout ce qu’on a subi avant de les voir, leur set est un sacré moment de délivrance ! Et histoire de bien se mettre tout le monde dans la poche, ça commence avec un petit « Death To Tyrants » des familles. Le dernier opus est à l’honneur, mais les anciens titres viennent combler les fans old school qui dansent sur « Step Down » ou exécutent le traditionnel et gigantesque braveheart sur « Scratch The Surface ». La puissance du combo est impressionnante, Joe Strummer était inspiré le jour où il les a qualifiés de « tornade scénique ». Les morceaux plus heavy répondent aux plus mélodiques, sans que jamais le groupe ni le public ne flanche. Pas de rappel vu le temps imparti, mais de toute façon tout avait été dit. Il est 23 heures, les tympans peuvent enfin commencer à se reconstituer.

Bilan plutôt mitigé donc, mais on savait où on mettait les pieds. Ce genre de fest ultra formaté/sponsorisé/américanisé est souvent décevant pour nous autres européens, peut-être habitués à plus de spontanéité et de partage avec les groupes sur scène. Une programmation mal amalgamée, une ambiance mi-figue/mi-pruneau (dans la gueule) et un prix indigeste, pas sûr que ce format ait beaucoup d’avenir...



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