Eastpak Antidote Tour ’08 (Flogging Molly + Street Dogs...) @ Elysée Montmartre (Paris)

Date : 2 décembre 2008 par Punkachu , Seb-O-Matic

Déjà de retour. Quasiment aussi vite que Mesrine dans les salles obscures. Le festival itinérant Eastpak Antidote Tour est l’un des rares à continuer à passer par Paris, et on ne peut que s’en réjouir vu l’affiche proposée cette année. Direction l’Elysée Montmartre pour un bal masqué (« olé olé ! ») pas comme les autres !

La froidure parisienne a raison des les petits doigts tenant des bières à l’entrée de la salle. On enquille très vite, ça réchauffe, et certains sont déjà dans l’ambiance, entonnant des chants à la gloire de Créteil, ou... du Stade Brestois. Vite rentré donc, on a l’agréable surprise de découvrir un Elysée Montmartre quasiment rempli ! Pas de rideau à la con au milieu de la salle, comme on le voit malheureusement trop souvent (Millencolin, Persistence Tour…), le public a répondu à l’appel des irlando-américains de Flogging Molly. Le genre semble très apprécié dans la capitale, les Dropkick Murphys ayant giga-blindé le Bataclan quelques mois auparavant.

Ce sont les petits frères de Rancid, Time Again, qui inaugurent la soirée devant un parterre plutôt attentif. La bière n’a pas assez coulé et le groupe n’est pas encore assez connu pour entraîner de grands remous dans le pit, on n’y trouve donc que quelques petits relous-castagneurs (espèce parasite envahissante). Comme d’habitude les quatre arpentent la scène guitares aux genoux, et jouent plutôt bien, avec de bons morceaux comme « Outcast » ou « Lines Are Faded », et même de très bons comme « The Stories Are True » ou « Broken Bodies ». Pas mal de (vaines) tentatives pour réveiller la foule, mais de toute évidence le jeune combo californien est davantage taillé pour des salles à dimension plus humaine. Par contre il faudra attendre quelques temps avant de les revoir, le guitariste faisant une pause avec le groupe à la fin de la tournée pour devenir... mormon !

Au tour de l’exception culturelle de la soirée, Skindred. Au programme, du ragga teinté de hardcore dégoulinant vers le neo-metal. Et là on se dit qu’il aurait plutôt fallu enquiller les bédos que les bières pour rentrer dans le truc, mais le spectacle est là. Le chanteur occupe l’espace parfaitement, il fait réagir le public et surtout chante divinement bien, passant d’un registre à l’autre avec une facilité déconcertante. Le voici avec une grosse voix de raggaeman, puis avec des intonations pop, voire emo, et des cris de métalleux enragés. Grosse démonstration, et du coup même quelques punks au début réfractaires se prennent au jeu. Bonne petite mise en bouche.

Les changements de plateaux s’enchainent comme les pintes à 6 euros et voici le tour des Street Dogs d’investir la scène. Le groupe débarque comme un seul homme, tout faux-pompier dehors. Comme à son habitude Mr McColgan n’est pas avare de pitreries et autres escalades d’enceintes (à défaut de plus haut). C’est que le temps est compté, seulement 35 minutes de set pour le groupe quand on en aurait bien pris une bonne heure. Mais c’est la loi du genre : les ricains ne savent pas organiser ce genre de mini-fests avec deux têtes d’affiche d’une heure. Enfin pour le moment on ne boude pas notre plaisir, la gâterie s’arrêtera certes un peu tôt mais pas sans avoir balancé ses tubes à un public très réceptif au son du groupe de Boston. Le nouvel album, « State Of Grace », est pas mal mis en avant avec entre autres « Mean Fist », « Two Angry Kids », « A State Of Grace », « Kevin J O’Toole » , la magnifique ballade à l’harmonica « Free ». Pour autant les tubes qui ont fait le succès du groupe comme « Toby’s Got A Drinking Problem » ou « Not Without A Purpose » sont bien présents et déchainent le public. Les titres récents, davantage tournés vers un fist pumping rock taillé pour les grandes scènes, passent très bien l’épreuve du live ; même si on aurait bien pris quelques titres plus street punk dans la face (rappelez-vous les Groezrock 2007 !). Dommage à ce sujet que la briéveté du set ait fait zapper les premiers albums du groupe…

L’attente est longue ce coup-ci, la salle est désormais archicomble et la tension plus palpable qu’un implant mammaire. Le "Blitzgrieg Bop" des Ramones retentit et semble annoncer le début de la bataille. Les lumières s’éteignent, et retentit l’intro habituelle, le "Baba O’Riley" des Who, qui sert aussi de générique aux Experts si je ne m’abuse. Et comme d’habitude les gens se mettent à taper dans leurs mains et à entonner le chant de ralliement "clap, clap, clap-clap-clap Flogging Molly !".
Flogging Molly rentre sur la scène de l’Elysée Montmartre, se fait acclamer comme un groupe de pétasses pendant un concours de t-shirt mouillé à Cancun, et dès que résonnent les premières notes de "Paddy’s Lament", c’est la troisième guerre mondiale qui se déclenche dans le pit. Un coup ça pogote, un coup ça tape dans les mains, un coup ça chante "hey hey", un coup ça vomit... C’est une énorme fiesta comme on s’y attendait. Bien décidé à faire transpirer ses ouailles, le groupe enchaîne avec une flopée de titres supersoniques. "Swagger" vient tout ravager, et "Requiem For A Dying Song" ne va rien arranger. Le riff tubesque fait danser tout le monde, qui se remet à pogoter sur les couplets, puis à sauter sur les pré-refrains avant de gueuler en choeur le refrain.

La salle sent désormais davantage la sueur que l’entrejambe de Geneviève de Fontenay, et la ballade folklo "Whistles Of the Wind" s’avère être la parfaite accalmie pour reprendre son souffle. Derrière par contre c’est le retour des Jeux Olympiques avec "Drunken Lullabies" et son intro au banjo qui annonce une nouvelle guerre de tranchée dans le pit.
La puissance des compos du groupe est toujours aussi impressionnante, et le public ne s’y trompe pas, sa dévotion pour le groupe n’ayant d’égale que celle du groupe pour son public. Même les plus costauds du pit ont le sourire jusqu’aux oreilles, et tout le monde prend soin de tout le monde : ceux qui tombent sont ramassés très vite. Enfin juste le temps de se faire piétiner par une dizaine de Vans et Converse, mais comme au rugby, « c’est dans l’esprit ».

Le groupe insuffle toute son énergie positive à l’assemblée, les musiciens sont tout sourire et visiblement très heureux d’être là. Dave King, le chanteur-guitariste, prend souvent la parole pour remercier les gens ou sortir plein de blagues et demander aux gens d’applaudir sa femme. Il faut dire que la violoniste est vraiment délectable... musicalement parlant. Toujours bien placé, son instrument vient sublimer les chansons du groupe, comme sur le final revu et corrigé de la très subtile "Float". Dommage que le son ne soit pas au top. Ainsi le banjo et la mandoline ne sont perceptibles que lorsqu’ils jouent en solo, le reste du temps leurs notes sont absorbées dans le déluge sonore...
Les canettes de Guinness défilent sur scène, mais à un moindre rythme qu’à l’accoutumée, la fatigue de la tournée se ferait-elle sentir, et ce jusque dans les gosiers ?

Les tueries s’enchaînent dans une folle ambiance. La terrible "Selfish Man", l’extraordinaire "The Likes Of You Again", conjugaison parfaite de paroles mélancoliques et de musique festive, ou encore "Devil’s Dance Floor", où Bridget arrête d’écrire son journal pour faire danser au public une gigue endiablée avec sa wisthle, flûte irlandaise traditionnelle qui s’avère être un putain d’instrument rock’n’roll ! Comme l’accordéon d’ailleurs, qui conforte l’esprit folklorique du groupe au milieu de la déferlante punk-rock. Le public ne s’essouffle pas, et continue de taper dans les mains pour la belle "If I Ever Leave This World Alive", ou à lever le poing pour reprendre le refrain de "Rebels Of The Sacred Heart". L’incroyable "What’s Left Of The Flag" est lâchée en pâture comme des moutons dans les vertes prairies irlandaises.
Déjà l’heure du rappel, et très vite le public fait entendre son envie de revoir les sept mercenaires sur les planches. Mais c’est le rouquin Dave qui revient seul avec sa guitare et entreprend de prolonger le rappel prévu ! C’est reparti pour 4 titres, dont l’impeccable "Black Friday Rule" en acoustique. C’est réussi et le public joue le jeu en tapant dans les mains pour essayer (je dis bien essayer) de lui donner le rythme. La fulgurante "Seven Deadly Sins" viendra achever le concert, le groupe et le public...

Une bonne heure et demi de concert et un nouveau tour de force de la part de Flogging Molly, qui ont, semble-t-il, trouvé la bonne formule puisque le concert de ce soir était le même qu’à la Maroquinerie en mai dernier. Du coup pas la peine de s’étonner que les deux live-reports soient quasiment les mêmes, après tout on redemanderait bien quand même...



Copyright © 2003 - 2009, punkfiction.servhome.org. Tous droits réservés.
Cette création est mise à disposition sous un contrat Creative Commons.

BIOGRAPHIE DES GROUPES


Flogging Molly

Street Dogs

Time Again