Less Than Jake + Guttermouth @ L’Atelier (Luxembourg)

Des années que j’attends ce groupe et voilà que je le choppe deux fois en deux semaines, et encore, j’aurais sans problème pu le voir une fois de plus !... Ça a aussi du bon d’habiter dans l’Est !
Donc me voilà arrivé vers 21h30 à l’Atelier et apparemment, on ne va pas se bousculer…Jamais vu cette salle aussi peu garnie. Evidemment on a raté les skacoreux teutons de Bandgeek Mafia, mais les romanichels de Guttermouth sont eux bien sur scène. Le chanteur balance vanne sur vanne, et entre deux sketchs, le groupe consent à interpréter quand même quelques chansons. Je connais très mal le groupe mais c’est du punk-rock de bonne facture, avec un frontman qui me fait penser à Jello Biafra, pour sa façon de bouger un brin funky fresh dira-t-on.

250/300 personnes dans la salle au maximum, c’est un peu vide quand on peut sans problème en rentrer 1000 (je suis à peu près sûr qu’il devait y en avoir 4 fois plus à Sarrebruck). Pas grave. La lumière s’éteint, et la sono se fait entendre : “This is a fair request, and I promise I will not judge any person only as a teenager. You will constantly remind yourself that some of my generation judges people by their race, their belief, or the color of their skin, and that this is no more right than saying all teenagers are drunken dope-addicts or glue-sniffers…” Crac boum, c’est parti avec Roger qui envoie « All My Best Friends Are Metalheads », hit incontestable histoire d’agiter le pit d’entrée de jeu. Le public se groupe et répond présent. Ça saute, ça pousse, ça skanke. La sono fait des siennes, cuivres en retrait, voix du chanteur/guitariste pas assez forte, saturation. Ils sont pétés de thunes dans ce pays mais pas capables de sonoriser correctement un concert punk (fallait voir à Dropkick Murphys !). Pas grave, les Floridiens enchaînent fissa avec un autre tube, sorti du dernier album celui-là, « Does The Lion’s City Still Roar ? » qui tue sa mère en passant, suivi de près pas une vieillerie nommée « Johnny Quest Thinks We’re Sellouts » tout aussi imparable.

Les cuivres claquent bien comme il faut, malgré les conditions, et le groupe ne ménage pas ses efforts pour faire monter l’ambiance. Chris file même avec sa gratte au milieu du public, histoire de bien chauffer tout le monde, avant un passage sur la passerelle restée totalement vide (vu le manque de monde…) et continue de jouer comme ça, tranquille comme un benêt, face au reste de son groupe. Ces mecs ont clairement une vache d’expérience et ce bon Vinnie assure le tempo à merveille derrière les fûts. Less Than Jake enfile les tubes avec classe, balance aussi des vannes un peu moins classes, chambre les gens qui ont les bras croisés ou qui envoient des textos pendant le concert (ben ouais comme y’a pas grand monde les gars voient même ce que font les gens dans le public). L’ambiance et bien bonne, et le groupe fera me semble-t-il, l’impasse sur « In With The Out Crowd », l’album scandaleusement mal aimé, en oubliant même de jouer l’incontestable « The Rest Of My Life » (que nous avions pourtant eue à Paris) et des trucs aussi évidents que « Overrated » ou « A Still Life Franchise ».

« The Science Of Selling Yorself Short » sera bien entendu jouée, même si ce type de chansons, travaillées pour le studio (à mon avis l’une des meilleurs du groupe, un gros ska à la cool), passe moins bien en live, un peu à l’image d’un « 10 West » de Mad Caddies.
Buddy, le tromboniste, se donne à fond et va chercher le public en parcourant sans arrêt la scène de long en large et en travers, et en frappant dans les mains tout en haranguant la foul(inett)e toute acquise à la cause des cinq gaillards. Le gratteux, lui, devrait arrêter de manger des cheeseburgers parce que là quand même, il a tendance à faire du gras, ce dont il se moquera d’ailleurs en rappelant que la plupart des Américaines sont obèses. Par contre, puisqu’on est en train de critiquer le physique là, on notera que JR, le sax, a eu le bon goût de couper cette vilaine crinière qui le faisait ressembler à Meat Loaf…
« History Of A Boring Town », « Motto », « Devil In My DNA » ou « Al’s War » (excellente) complètent la set list. Avec « Great American Sharpshooter » - plus punk tu meurs – le public s’excite encore un brin. Less Than Jake proposera, comme à la Maroq’, de faire une grand « circle pit », sur « Conviction Notice ». C’est évidemment avec un plaisir non dissimulé que les morveux de la fosse s’exécuteront. On pourra par contre regretter l’absence de « Nervous In The Alley » ou de « Scott Farcas Take It On The Chin », mais là c’est le fan de cuivres qui claquent qui parle.

Le mini rappel s’achève sur un classique, « Gainesville Rock City », qui n’a jamais été l’une de mes préférées. Pas de problème pourtant, j’ai assisté à 1h15 d’un bon concert, bien efficace à défaut d’être absolument transcendant, avec une sono bof bof bof et une audience plutôt chaleureuse mais plutôt pas assez nombreuse. Et comme dirait l’autre, un grand concert, c’est aussi un grand public…