Less Than Jake - GNV FLA

Contexte :

En plus de 15 ans de carrière, Less Than Jake sera passé par un tas de labels pour des sorties ou pour des rééditions : Capitol, Asian Man, Sire, Moon Ska, Fueled By Ramen, Dill, Fat Wreck Chords… et pour leur nouvel album, le gang de Gainesville a simplement décidé de monter sa propre structure, Sleep It Off Records, après que Sire (Warner) leur ait dit « bon les gars faudra penser à vendre un peu plus maintenant, vous voulez pas retourner faire une première partie de Bon Jovi des fois nan ? »

Chronique :

Comme tous ceux qui ont aimé le ska-punk en écoutant Hello Rockview, un classique parmi les classiques, c’est avec fébrilité que j’ai inséré le nouveau Less Than Jake dans mon auto-radio. Le groupe avait annoncé un retour aux sources après le décevant In With The Out Crowd, et une paire de titres en avant-première avaient annoncé la couleur : résolument punk, résolument ska.

C’est à un album bien équilibré qu’on a ici affaire. Les titres punk bien rentre-dedans sont légion. Avec toujours des mélodies dont le groupe à le secret et ces riffs de cuivres à la fois percutants et fins. De quoi rappeler à tous les petits jeunes qui veulent se lancer dans le ska-punk que les patrons, c’est eux. Il ne suffit pas de faire pouet-pouet et de jouer vite. Il faut canaliser l’énergie pour l’ériger au rang d’art.
« The State Of Florida », chanson speed et furibarde comme on les aime a pourtant évacué les cuivres ! C’est un titre 100 % pur punk rock, école américaine. Qui ne manque cependant pas de convaincre tout comme « Settling Son », fabriqué dans la même marmite qui prend ses racines en Californie. « Summon Monsters » ne ralentit pas le tempo, au contraire, mais là les cuivres sont de retour et ponctuent le titre avec habileté, le rendant encore plus percutant au lieu de l’adoucir. Idem pour « Golden Age Of My Negative Ways ». La recette fonctionne à la perfection et le vieux fan peut se détendre.

Surtout lorsqu’il s’arrête sur les plans ska, tous plus réussis les uns que les autres. « The Space They Can’t Touch », et son alternance de punk-rock et de ska, avec cette voix reconnaissable entre mille. Ou « Conviction Notice » qui donne envie de se lever et de skanker comme un malade : le refrain punk est excellent, les couplets ska monumentaux. Et pour ceux qui en douteraient, on sent bien ici que les gaillards ont du métier. C’est incisif et précis.
La fin du disque nous réserve encore bien du plaisir. « This One Is Going To Leave A Bruise », est une superbe punk song et les breaks de cuivres de la fin font mouche. Et « Devil In My DNA » qui vient clore l’album ravira tous les amateurs de pogo endiablé.

Mais il y a sur cet album deux pépites impeccables. « Handsnake Meet Pokerface », ska-punk jusqu’au bout des ongles, du niveau d’un très bon Mad Caddies ou d’un Mustard Plug. Et bien sûr « Does The Lion City Still Roar ? » qui fait figure de single indiscutable. Le tempo ska des couplets claque comme jamais, la grosse guitare qui débarque ensuite fait monter des frissons dans le dos.
Alors quoi ? Less Than Jake est de retour au niveau de Hello Rockview ? Pas tout à fait, mon bon monsieur. Mais il ne faut pas bouder son plaisir quand un groupe culte est encore capable de sortir un disque de ce niveau après bien des années de route et après bien des péripéties. Pas vraiment de surprises sur cet album ni de prise de risque ahurissante, c’est vrai, et finalement c’est tant mieux. Less Than Jake a fini de faire la cour à MTV et préfère tailler la route avec Goldfinger, Rancid ou Westbound Train en nous parlant au gré d’un album chaleureux, de sa bonne bourgade de Gainesville - Florida. C’est Bon Jovi qui va devoir se trouver une nouvelle première partie...