JR Ewing - Maelstrom

Date de publication : 22 décembre 2008 par Fab

Contexte

Après avoir enchaîné les albums, splits et EPs à la vitesse du son pendant cinq ans, les Norvégiens ont pris leur temps pour enregistrer ce troisième opus. Trois ans de travail auront été nécessaires pour réaliser Maelstrom qui sortira finalement en 2006. Cette réalisation est la dernière de JR Ewing qui se séparera quelques temps plus tard après une grosse tournée européenne.

Chronique

Pour cet ultime album, le combo d’Oslo tire le frein à main et effectue un virage stylistique à 180 degrés. Rares sont les groupes évoluant aussi radicalement entre deux productions. Un changement marqué et remarqué par les critiques qui, comme souvent dans ce cas, n’ont pas hésité à descendre JR Ewing en flèche. Rock FM, insipide et chiant, lorgnant vers un émo mécheux ennuyant, voilà ce qu’on peut lire à propos de ce Maelstrom. De quoi inquiéter avant d’enfourner la rondelle dans le mange-disques !

Première écoute. Premiers morceaux. La surprise est grande, il faut bien l’avouer. Exit la rythmique de boucher. Au revoir hurlements écorchés-vifs. Adieux mur de guitares frénétique. Merde ! Où est l’urgence, la furie, l’intensité de JR Ewing ? Les Scandinaves auraient-ils perdus leurs attributs royaux en trois petites années ? Les pistes continuent de défiler dans les enceintes. Non. Décidément, difficile de retrouver le hardcore sauvage des Norvégiens sur cette galette. Dernier titre, dernière note. Je reste béat, désorienté, déçu un peu aussi…

Mais je ne peux en rester là. Je fais donc abstraction des précédentes réalisations du combo et appuie de nouveau sur la touche play. Finie la période Refused, les cinq Norvégiens ont découvert At The Drive-In et The Mars Volta. Le groupe plante le décor dès le premier titre. Passages atmosphériques, envolées lyriques et arpèges doucereux, je vous avais prévenu, le quintet a clairement changé de style. JR Ewing nous emporte désormais dans une autre dimension. Les Scandinaves ne courent plus tête baissée, les poumons en feu et les muscles brûlants. Ils s’envolent désormais à la lueur d’une aurore boréale au-dessus des immenses contrées immaculées de Norvège...

Mais attention, ne classez pas trop vite Maelstrom dans la case « emo pop langoureuse, pompeuse, ennuyeuse » (et tous ces adjectifs finissant en « euse »). Car, au fil des écoutes, cet album s’avère extrêmement riche. Breaks noisy, tendus, étouffants, suivis d’un solo libérateur (« Change is nothing (everything is) »), clappements de mains et relents rock’n’rollesques (« Take a hint »), arpèges acoustiques (« For we are dead », « Floodlight ») ou même synthé grandiloquent (« Nihilistic elitist »), JR Ewing possède pas mal de cordes à son arc et dévoile en trente-cinq minutes de belles capacités d’écriture. Notamment lors de montées en puissance extrêmement bandantes, comme cette intro batterie guitare léchée sur « For we are dead », l’outro déjantée de « Take a hint » ou encore ce superbe passage acoustique, suivi d’un crescendo monumental où Keneth prouve tout son talent derrière les fûts (« Pitch black blonde »). Ajoutons à cela une voix souvent très mélodieuse, parfois très planante, mais sachant s’énerver aux bons moments.
Une ligne de chant appuyée régulièrement par des chœurs poignants ou, à l’inverse, par des back vocals arrachés. Car si le côté mélodique prend largement le dessus sur cette galette, on retrouve néanmoins de nombreuses incartades plus bourrines. Quelques cris arrachés (« Insect intercourse », « I’m sorry, you’re sorry, we’re all sorry »), une poignée de riffs cinglants (« Pitch black blonde ») ou d’implacables roulements de batterie (« For we are dead ») rappellent le pendant hardcore du groupe. Le rythme devient parfois plus saccadé et rentre-dedans (« I’m sorry, you’re sorry, we’re all sorry »), les guitares plus incisives et la batterie plus lourde (« Fucking & champagne ») et on décèle même encore des instants de pure frénésie (« Floodlight »).

Maelstrom n’a plus grand chose à voir avec un Ride Paranoïa ou un Calling In Dead. Certains ont crié au désastre et il est évident que cette évolution, ce grand écart, a dû en surprendre plus d’un. Et il est vrai que le chant très mélodique, voir parfois mielleux, peut légèrement saouler. Certainement aussi qu’en live ces titres passent plus difficilement. Pourtant, sans comparaison avec le passé de JR Ewing, cette galette tient très bien le pavé, fourmille d’idées et est beaucoup moins facile d’accès qu’il n’y paraît. Au final, on regrettera que le groupe cesse ses activités un an plus tard et ne donne donc pas suite à cet album.



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BIOGRAPHIE DU GROUPE


JR Ewing


Note : 16,5 / 20

Année : 2006

Durée : 35 minutes

Label : Coalition Records

Du Son : SOUND

Tracklist :

01. Change Is Nothing (Everything Is)
02. For We Are Dead
03. Nihilistic Elitist
04. Take a Hint
05. Fucking & Champagne
06. Insect Intercourse
07. Floodlight
08. I'm Sorry, Your're Sorry, We're All Sorry
09. Pitch Black Blonde
10. Here I Vanish