JR Ewing - Ride Paranoïa

Date de publication : 16 décembre 2008 par Fab

Contexte

C’est en 2003, soit trois ans après la sortie de leur premier opus, que les cinq Norvégiens passent le difficile cap du deuxième album avec Ride Paranoïa. Le groupe nous aura gratifiés entre-temps d’un très bon EP sept titres, The Perfect Drama, sorti en 2002. D’ailleurs, la fanbase du groupe s’est étendue comme une tâche d’huile partout en Europe après la sortie de cet EP. Du coup ce nouvel effort était attendu de pied ferme dans la petite sphère hardcore européenne.

Chronique

JR Ewing ne fait guère de chichis et va droit au but. Je vais donc faire de même en vous disant sans détour que les Norvégiens ont frappé un grand coup avec cet album. Evolution logique du trop court The Perfect Drama, ce Ride Paranoïa reprend les éléments de base du quintet, à savoir, une voix braillarde et écorchée, une rythmique imparable et un mur de gratte incisif. Mais les Scandinaves ont tout de même augmenté les variations entre hardcore frénétique et noise intense. Les changements de rythmes sont plus nombreux, les breaks davantage travaillés, plus tendus, les riffs encore plus chiadés et les passages bourrins semblent d’autant plus violents.

Ainsi, l’album commence par des chansons « pousse-au-cul » avec des riffs donnant assurément la patate, histoire de bien débuter les hostilités (« Repetition is failure », « When you’re gone »). Mais JR Ewing alterne ensuite avec des morceaux plus noisy et parvient à installer une atmosphère froide et tendue, comme sur (« Naked pavements »), song intense magnifiant la chanson suivante (« Pre summertimes blues »).
Le groupe nous surprend aussi avec un titre scindé en deux : une première partie instrumentale étonnamment lente et pesante (« An introduction to… ») montant crescendo jusqu’à une seconde section incisive, grisante, au chant abrasif (« …Ride Paranoïa »). De plus, Andreas ne se contente plus d’hurler à s’en faire péter les veines du cul. Le chant est encore souvent arraché, mais parfois plus étouffé (« Midnight Episode ») voire clair et plus proche du parler (« Naked Pavements »). Le groupe a également ajouté juste ce qu’il faut de samples pour enjoliver sa musique et rompre toute éventuelle monotonie sans pour autant saouler l’auditeur. Enfin, comment ne pas parler du boulot de Kenneth, nouveau venu du groupe, et de son jeu de batterie tout simplement monstrueux (« Laughing with daggers », « The exact same thing »). Métronome effroyablement efficace, il apporte au groupe une rythmique sans faille et quelques montées en puissance vertigineuses.

Grâce à ces subtilités, la musique du combo paraît encore plus impromptue et incontrôlable qu’auparavant. Emporté comme de vulgaires coquilles de noix pendant les instants les plus hardcore ou, à l’inverse, lentement entraîné dans les méandres de la noirceur humaine lors des passages noisy, le groupe nous tient toujours par les tripes.

Vous l’aurez compris, cet album est vraiment réussi, énergique, intense, furieux. Et on comprend alors mieux cette pochette, pas super esthétique, mais tellement représentative du contenu de cette galette. Alors oui, JR Ewing a su concrétiser les espoirs placés en lui et n’aura pas déçu ses fans. Seulement, et on en revient malheureusement toujours là avec les gars d’Oslo : le quintet ne parvient pas à se défaire totalement de l’inextricable sentier creusé cinq années plus tôt par Refused. Référence plutôt valorisante s’il en est, mais qui colle à la peau des Norvégiens comme un chewing-gum à une table d’écolier. Dommage car ce Ride Paranoïa vaut bien plus qu’un sous-Refused.



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BIOGRAPHIE DU GROUPE


JR Ewing


Note : 18 / 20

Année : 2003

Durée : 34 minutes

Label : Coalition Records

Du Son : SOUND

Tracklist :

01. Repetition is failure
02. When you're gone
03. Midnight episode
04. Naked pavements
05. Pre summertime blues
06. A case of evacuation
07. Laughing with daggers
08. Sweet
09. Electric yesterday
10. The exact same thing
11. 4:00 am
12. An introduction to...
13. ...Ride Paranoïa