Alkaline Trio - Crimson

Date de publication : 6 septembre 2008 par Anarchibald

Contexte :

Avec ce troisième album chez Vagrant (sixième au total) il semblerait que le groupe ait pris son rythme de croisière dans sa nouvelle écurie avec un album lancé tous les deux ans à une dizaine de jours près (concordance qui n’aurait, soit dit en passant, jamais eut lieu si Matt Skiba ne s’était pas fracturé le poignet en skate quelques jours avant la session d’enregistrement de l’album, repoussant par là même sa sortie). Un cd qui se verra d’ailleurs offrir une seconde jeunesse six mois plus tard avec la parution d’une édition deluxe contenant un disque supplémentaire offrant une relecture de l’album à travers quelques titres repris en acoustique et beaucoup de versions démo. Voilà pour les chiffres, concernant l’ambiance tout n’est pas forcément rose en particulier à cause de la présence plus ou moins masquée (avec plus ou moins de succès) d’un second guitariste sur certains morceaux de Good Mourning en la personne de Nolan McGuire (accessoirement directeur de tournée du groupe). De quoi piquer au vifs les fans les plus hormonaux du groupe, qui, par pure logique sémantique et mathématique, scandaient haut et fort : « Dans Alkaline Trio il y a trio, et 3 n’est pas égal à 4 ! ».

Chronique :

Cependant c’est bien « Alkaline Trio » qui sera apposé sur la pochette ( sobre mais collant plutôt bien à l’image du groupe), et non « Duracell Quatro » comme certains fans abusant de café et de Tweek attitude se laissaient à croire. Ceci n’empêchera bien sur pas Nolan McGuire de faire une furtive apparition sur ce disque en assurant la lead guitare sur « Sadie » et rien que sur ce titre… Vraiment pas de quoi paniquer ou polémiquer donc…

L’aventure débute sur « Time To Waste », dans les mêmes tons que le livret et son ambiance feutrée d’enterrement, mi-chic mi-morbide avec un accueil très stylé au piano. Et puis soudain une corde est heurtée, le jeu semble s’accélérer légèrement, devenir plus angoissé et angoissant pour enfin laisser exploser le trio. Attention toutefois, car si cela pète un bon coup en ce début de tune, on ne déchaine pas pour autant les éléments tout le long de la chanson. Plutôt que d’agir en ouragan, on se déplace ici en orage : ça tonne parfois un bon coup puis le calme revient temporairement, laissant la pluie clapoter sur les toits. Un mélange de grâce et d’énergie qui réussit bien et nous laisse entrevoir ce que nous réserve le groupe pour la suite.

En effet, cet album s’annonce plus calme que ses prédécesseurs, peut-être également plus fouillé au niveau des arrangements ainsi que des « compléments » puisque piano et clavier s’inviteront sur une paire de chansons (« Time To Waste », « Burn », « Your Neck »), sans oublier quelques passages au violon (« Sadie », « Prevent This Tragedy »).
Ainsi, autant le dire tout de suite, ne vous attendez pas à enchainer des titres dans la veine d’ « Armageddon » même s’il sera toujours agréable de retrouver quelques tunes aux sonorités pus anciennes telles que « Mercy Me » et « Back To Hell », sans doute les deux morceaux les plus énergiques de cet album et qui figurent également au tableau des plus attractifs.

Ces petits retours aux sources mis à part, force est de constater que le son du groupe se veut plus mélodique, plus ralenti, plus émotif (au sens poli du terme). De là à appeler cela « pop-rock » il n’y a qu’un pas qu’il ne faudrait pas franchir trop vite. La mention « punk » a certes du mal à coller à l’écoute de chansons comptant parmi les plus calmes du cd à l’image de « Sadie ». On est tout de même loin d’une sonorité radiophonique comme ce que nous délivrera vous-savez-qui deux ans plus tard.

Ceci dit, il est vrai que la baisse de tempo et « d’agressivité » (qualificatif, je vous l’accorde, osé pour un groupe tel qu’alk3, mais vous aurez bien compris l’idée) nous offre des moments très plaisant que ce soit avec la mystérieuse « Burn » et ses riffs à l’écho électronique, la douce et mélancolique « Smoke », ou encore l’envoutante « Sadie » avec son refrain soutenu au violon ainsi que son passage parlé, exécuté pour la petite histoire par Heather Hannoura, aujourd’hui Mme Gabel (« oh tiens comme le chanteur de… », oui c’est le même) et dont le travail artistique a été mis au service de nombreux designs de t-shirt ou artwork d’Alkaline Trio.

En somme c’est donc l’esprit parfaitement détendu, le cul bien enfoncé dans un fauteuil moelleux ou dans un transat, pour ainsi dire en mode glande et farniente mais surtout au calme afin de ne se fier qu’aux mélodies distillées par le cd, que s’apprécie au mieux cet album. Un bon moyen de relâcher la pression et de se détendre par une bonne journée ensoleillée pour tout simplement rêver.

Côté bonus, si l’on peut dire, on notera la présence d’une vidéo pompeusement qualifiée de « Making Of » nous montrant quelques images filmées lors de l’enregistrement du skeud, le tout très peu causant puisque en guise de bande son on trouvera principalement les performances, finalisées ou non, du groupe. Plutôt logique me direz vous, cela dit il aurait été intéressant de recueillir un peu plus les impressions des différents membres du trio.

Encore du bonus mais du vrai cette fois-ci avec quelques mots sur la version « deluxe » de l’album. Comme expliqué plus haut, celle-ci contient bien évidement le cd original, ainsi qu’une second galette nous faisant découvrir les versions démos ou acoustiques des titres de Crimson, voire les deux pour « Time To Waste ». Si du côté des démos l’intérêt peut parfois paraitre limité (mis à part « Fall Victim » qui nous offre en fait une version instrumentale du morceau) - les versions étant globalement assez proches les unes des autres - en ce qui concerne les titres acoustiques en revanche cela vaut vraiment le coup, si bien qu’il devient dommage que seulement 4 titres aient bénéficié de ce traitement.
A noter également la fourniture d’un livret « amélioré » sous forme digitale puisque ce dernier nous offre en plus des paroles les commentaires de Matt et/ou Dan et/ou Derek, ce qui nous permet d’en apprendre un peu plus sur l’origine des chansons comme par exemple sur « Sadie », titre dont les paroles se trouvent directement inspirées par l’histoire de la « famille » Manson (le passage parlé étant d’ailleurs issu du témoignage de Susan “Sadie Mae Glutz” Atkins, une des membres de la « famille » ayant entre autre participé au meurtre de la femme de Roman Polanski). Néanmoins il est regrettable que ce nouveau livret n’ait pas été directement inclus dans cette nouvelle édition, le lien internet permettant d’y accéder étant désormais mort.

Que ce soit en sa version classique ou deluxe, ce cru s’avère plus doux que les précédents. Cependant là où d’autres moins scrupuleux auraient adouci leur vin en y ajoutant de l’eau, les trois de Chicago y ont pressé un nouveau raisin, plus mélancolique, n’oubliant pas toutefois de distiller encore quelques fruits plus relevés histoire de faire remonter les saveurs d’antan. En résulte une bouteille peu adaptée à la murge mais à déguster posément afin d’en laisser échapper les différents parfums. Après tout en musique comme en alcool il y a un breuvage adapté à chaque occasion.



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BIOGRAPHIE DU GROUPE


Alkaline Trio


Note : 17.5 / 20

Année : 2005

Durée : 87 minutes

Label : Vagrant Records

Du Son : SOUND

Tracklist :

Disc 1:

01. Time To Waste
02. The Poison
03. Burn
04. Mercy Me
05. Dethbed
06. Settle For Satin
07. Sadie
08. Fall Victim
09. I Was A Prayer
10. Prevent This Tragedy
11. Back To Hell
12. Your Neck
13. Smoke


Disc 2 (deluxe edition only):

01. Time To Waste (demo)
02. The Poison(demo)
03. Burn(Matt's Home demo)
04. Mercy Me(acoustic)
05. Dethbed (demo)
06. Settle For Satin (demo)
07. Sadie (acoustic)
08. Fall Victim (demo)
09. I Was A Prayer(acoustic)
10. Prevent This Tragedy(demo)
11. Back To Hell (Matt's Home demo)
12. Your Neck(demo)
13. Smoke(demo)
14. Time To Waste (acoustic)