Briggs (The) - Come All You Madmen

Date de publication : 16 août 2008 par Anarchibald

Contexte :

Deux ans après leur troisième album (le premier sur Side One Dummy), les quatre gars de The Briggs sont de retour pour un quatrième opus. Une galette qui à la particularité d’être celle ayant connu le moins de changements par rapport à la précédente, en effet on retrouve le groupe sur le même label, avec le même producteur (Joe Gittleman, aux commandes depuis leur arrivée sur Side One Dummy) et surtout le même bassiste !

Chronique :

Come All You Madmen… voilà le genre de titres taillés pour faire serrer plus les cœurs tout comme les poings, les premiers toujours près à acheminer au plus vite une petite dose d’adrénaline, les seconds parés à monter vers le ciel. L’artwork à l’aspect énergique les invite en tout cas à le faire. C’est donc chargé à bloc après avoir repasser en boucle les titres les plus énergiques de Back To Higher Ground, que l’on s’apprête à ne faire qu’une bouché de ce disque, ne doutant alors pas une seule seconde que nos attentes pourraient être déçues…

Il faut dire que ce quatrième album des gars de L.A. commence plutôt fort sur « Mad Men ». Certes, c’est une nuée de claps à la cadence rigoureuse qui nous accueillent, marquant le rythme tout le long de la tune, reléguant même à plusieurs endroits les instruments au second plan. Là-dessus viennent s’ajouter des chœurs musclés sur un refrain que l’on reprendra sans aucun doute lors du prochain passage au bar du coin, et puis… Et puis débarque le grand (vous m’avez compris) Ken Casey de passage pour un petit featuring : comme entame il y a pire !

Après nous avoir gonflés à bloc, la voix maintenant bien échauffée, on s’attend ensuite à une guerre totale. A défaut d’obtenir ce déchainement on poursuivra avec « This Is L.A. » qui fera bien sûr lever les poings et pousser la chansonnette, mais il n’y a pas encore de quoi se faire renverser la bière. Qu’importe, c’est reculer pour mieux sauter, après tout la tune n’est pas désagréable et nul doute que l’on se retrouvera, lorsqu’il faudra relancer les instruments à une minute de la fin, avec les bras autour des cous suants de nos éphémères voisins de pit, reprenant tous, comme un seul homme, l’hommage à la cité des anges.

Un nouveau morceau arrive, puis un deuxième mais toujours pas de pétage de plombs sonore, de mise à feu du pit, d’écrasement de la pédale d’accélérateur, de cri explosant du fond du larynx, d’enfoncement de ligne de défense par Sébastien Chabal… bref pas de coup d’éclat auquel nous avaient habitués le groupe sur ces précédents efforts. Et voilà, lorsque tout espoir semblait perdu, que débarque « Charge Into The Sun » dont le jeu dévoile tout de suite ses plans : retirer les poings des poches et casser les voix (sans mauvais jeu de mots ou allusion à un certain joueur de poker je vous pris) voire plus si affinités.
On retrouve alors le groupe en très grande forme, le même qui nous avais fait courir sur des titres tels que « Blacklist » ou « Song For Us », et là on prend une nouvelle fois son pied, savourant comme il se doit cette boule de nerfs jalonnées de sing-along salvateurs et de passages immanquables comme la montée en puissance savamment orchestrée dans la deuxième moitié du morceau. Dès lors cela ne fait aucun doute : voilà pour l’instant le meilleur morceau du skeud et dans quelques dizaines de minutes le « pour l’instant » pourra allez se faire voir, mais est-ce une si bonne nouvelle que ça ?

Car comme le scandait une pub pour un vieux jeu de société à base de billes et de molettes à tourner : plus dur sera la chute. On retombe en effet très vite sur Terre avec la très mélodique « Not Alone » qui refroidit nos ardeurs. La suite ne fera guère remonter la pression avec un jeu plus en retenue, des refrains plus solistes et demandant moins de soutien de la part des chœurs. Le groupe assume d’ailleurs par endroit totalement un côté beaucoup plus calme comme sur « Final Words » et ses débuts mélodiques/mélancoliques faisant penser à de la pop-rock ténébreuse, suivis par des backing qui eux iront chercher leur sonorité du côté du Anti-Flag new look et leur chorale de poche.
L’aspect posé passera mieux sur « Molly », l’ultime morceau de l’album, à l’intro plus a cappella qu’acoustique puisque les cordes de la guitare ne seront qu’effleurées durant la première moitié du morceau. Cela fait penser à quelques vieux chants du sud agricole états-unien du début du 20ème siècle. Dans la deuxième moitié c’est une batterie militaire qui viendra se greffer donnant une allure de procession funèbre au titre. Le moins qu’on puisse dire c’est que cette dernière cartouche surprendra au premier tir. On se trouve en effet en présence d’un titre très à part, finalement plutôt bon dans son genre mais que la relative mollesse de l’album rendra surement difficilement digérable.

Vous l’aurez compris, cette première écoute est lourde de déception, nous laissant un album à l’aspect aussi peu ragoutant que les effluves de bière tiède un lendemain de cuite. Cependant, la musique c’est parfois comme le vélo et après une bonne chute le mieux c’est encore de remonter directement en selle.

Et effectivement, passé la mauvaise surprise et l’attente insatisfaite de la première lecture, les passages suivants vous donneront un jugement un peu moins radical. Une révision de peine qui profitera majoritairement à la première moitié du skeud. Il faut dire que la concernant, le travail était déjà en bonne voie. Ainsi on appréciera les petits ajouts cuivrés sur « Bloody Minds » qui, bien que discrets, achèveront de faire ressortir l’ambiance festive de ce titre. Dans un registre plus classique, « What Was I Thinking » saura nous séduire sur ses petites (et courtes) poussées rageuses au niveau du chant suivies de près par un petit riff bien sentit.

Néanmoins, force est de constater qu’une fois passé « Charge Into The Sun » l’adhésion au CD peine à se faire évidente, même si on trouve également de la bonne came comme « Until Someone Get Hurt » ou « Ship Of Fools », sans doute les plus énergiques et en phase avec ce que faisait le groupe auparavant.
Egalement dans la lignée de Back To Higher Ground, mais du côté des morceaux plus en retenue mais toujours musclés, on rencontrera « The Ship Is Now Sinking ».

Vous me direz finalement cela fait pas mal de titres positifs. C’est vrai, cependant il suffit de se repasser un petit coup de « Charge Into The Sun » pour être envahi par le sentiment d’être passé à côté de quelque chose car cet album manque définitivement de niac et de sing-along rageurs.

Moins accrocheur que son prédécesseur dont une bonne partie des titres nous sautaient aux oreilles au premier passage, ce nouvel opus demandera de la persévérance et un bon nombre d’écoutes pour pouvoir en saisir la musique. On notera tout de même quelques belles prises à accrocher au tableau de chasse du groupe telles que « Mad Men » et « Charge Into The Sun », ainsi qu’une bonne paire de chansons agréables à écouter mais pas assez accrocheuses pour faire tourner l’album en boucle.
Sans être une catastrophe, cet album nous fera attendre le prochain effort du groupe avec moins d’enthousiasme et plus d’angoisse. Espérons que d’ici là nos quatre gars auront repris du poil de la bête.



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BIOGRAPHIE DU GROUPE


Briggs (The)


Note : 15 / 20

Année : 2008

Durée : 42 minutes

Label : Side One Dummy Records

Du Son : SOUND

Tracklist :

01. Mad Men
02. This Is L.A.
03. Bloody Minds
04. What I Was Thinking
05. Charge Into The Sun
06. Not Alone
07. Ship Of Fools
08. This Ship Is Now Sinking
09. Oblivion
10. Until Someone Gets Hurt
11. Final Words
12. Molly