Strung Out - Live In A Dive

Contexte :

Quatrième volet de la série des Live In A Dive et c’est Strung Out qui s’y colle avec le contenu condensé/compilé/revisité/remasterisé/choisi de deux concerts donné au Chain Reaction (Anaheim, CA) le 30 septembre et 1er octobre 2002. Ainsi après No Use For A Name en 2001, Bracket et Sick Of It All en 2002, c’était au tour du groupe punk-mélo devenu hardcore-mélo-métallisé-dont-le-son-ne-ressemble-à-personne-d’autre, de venir reprendre le flambeau des albums live de l’écurie Fat Wreck.

Chronique :

Petit arrêt au stand, euh pardon, par le livret pour commencer. Et ce afin d’admirer le petit comic-book dessiné par Jason Cruz himself et dont l’atmosphère sombre et mystique se révèle digne des plus grands morceaux du groupe, sans oublier toutefois une petite dose d’humour (l’étrange marque infectant la jeunesse ne ressemble telle pas comme deux gouttes d’eau au logo du groupe ?).

On débutera l’aventure logiquement à grand coup de « Strung Out ! » lancés par la foule, dont les appels ne cesseront qu’à l’exécution survoltée du riff de « Too Close To See ». La chanson se veut très aérienne et fait forcement prendre un petit coup de vieux à l’original. Et encore les deux versions restent tout de même proches car si l’on prend des titres comme « Bring Out Your Dead » c’est la claque assurée et il ne s’agit plus de quelques rides prises par la version studio mais un aller simple pour la tombe sans passer par la case hospice (comparez donc les deux intros et vous verrez) !

Vous l’aurez donc compris, comme c’est souvent le cas lors de ce type d’exercices, les morceaux prennent une nouvelle dimension (en particulier ceux issus de Suburban Teenage Wasteland Blues), avec parfois quelques passages surprenant comme l’intro de « Ultimate Devotion » alourdie d’un gros riff métal. On saluera tout particulièrement les vocalises de Jason qui jouent pour beaucoup dans ce ravalement. Il faut dire que le chanteur s’investit à fond dans son rôle, jouant parfois avec ses cordes vocales pour nous offrir d’étranges sonorités comme le petit passage « vampirique » sur « Savant ». On en vient alors à se délecter de la moindre de ses paroles, fussent-elles une simple intervention entre deux titres (« This song is about freeeeeedom of imagination »).

Bien entendu, série Live In A Dive oblige, le rendu impec des différents morceaux ne sera pas si honnête que ça, nul doute en effet que le côté très accrocheurs de certains titres doit beaucoup au remastering studio, cependant lorsqu’il s’agit d’un groupe comme Strung Out avec ses riffs plus tarabiscotés que la moyenne, la faute est bien vite pardonnée, surtout quand on voit le résultat (ce genre de manip aurait en revanche été inacceptable sur un groupe de Street-Punk).

Autre trait caractéristique des albums live (sauf ceux de NoFX bien sur !), la parlotte a été réduite au strict nécessaire avec ses « What’s up guys ? » et autre « We’re recording a live record tonight » déclenchant comme d’habitude les cris du public, ou encore une petite dédicace au regretté Jim Cherry, ancien bassiste du groupe décédé d’une overdose (l’album lui est d’ailleurs dédié), sur « Support Your Troops ». Dans un registre plus léger on notera le petit passage assez fun sur lequel le groupe annoncera une reprise d’Ozzy Osbourne, avec ses « who ? » se transformant en hurlement de loup au clair de lune et ça tombe bien puisque les zicos entameront ensuite « Bark At The Moon ».

Mise à part ces courtes incartades on enchaine donc les morceaux plutôt rapidement, et quels morceaux ! « Bring Out Your Dead », « The Kids », « Velvet Alley », « Cult Of The Subterranean », « Exumation Of Virginia Madison » pour ne citer qu’eux…
On pouvait logiquement s’attendre à une prédominance du dernier album en date à l’époque (An American Paradox), cependant on aura droit à quasiment autant de titres issu de Twisted By Design, de quoi faire plaisir à beaucoup de fans.

Par ailleurs le groupe a eu la bonne idée de nous sortir quelques raretés en prime, au programme et outre la reprise du bouffeur de chauve-souris citée ci-dessus, la b-side « Don’t Look Back », la très courte « Klawsterfobia » sans oublier bien sur l’inédite et impressionnante « Lost Motel » qui nous invite au rêve avec sa mélodie envoutante et son texte faisant presque office de nouvelle fantastique à lui seul.

Un très bon live c’est aussi un concert qui s’achève sur un titre nous prenant tellement aux tripes qu’à la fin de celui-ci on sait d’office que tout rappel sera inutile, d’autant plus qu’il apparaitrait presque comme un affront. A ce jeu là Pennywise et le monumental « Bro Hymn » s’en tire vainqueur toute catégorie, cependant Strung Out s’en sort plutôt bien voire même très bien sur cet album avec la sublissime « Matchbook » qui vous nouera l’estomac dès son riff d’intro. Oubliez la version de Twisted By Design car celle-ci transpire encore plus l’émotion. L’occasion une nouvelle fois de se rendre compte des talents de chanteur de Jason car autant sa voix pouvait se faire gutturale sur « Razor Sex », autant ici on trouve un timbre plus en retenu, presque mélancolique collant parfaitement au titre. Un constat encore plus évident sur la fin du morceau où l’on croirait le chanteur à l’agonie, s’accrochant à ses paroles comme si ce devait être les dernières.

Que dire de plus alors ? Sinon les habituels « voilà une très bonne manière pour les novices de découvrir les essentiels du groupe » et autres « un cd qui ravira les fans qui n’ont jamais pu voir leurs idoles en live ou qui trouvent que les cds de Strung Out vieillissent mal »… mais après tout rien de plus vrai que cela, alors si ce n’est déjà fait : achetez ce skeud !