Outrage - Court-Circuit

Date de publication : 28 juillet 2008 par Vince

Contexte :

Fini le ska-punk, Outrage se lance avec cet album dans le punk-rock incisif, avec quasi pas de cuivres mais toujours quelques charmants sifflements de clavier. Ce disque a été enregistré en 2007, mais il ne sera réellement distribué dans toute la France que le 22 septembre 2008 via Mosaïc Music.

Chronique :

Début du disque. D’accord d’accord, c’est du punk-rock vindicatif dans un français gouailleur un brin alternatif, l’école des Shériffs, des Sales Majestés, des Rats voire des cultissimes Cadavres (le meilleur groupe punk français de tous les temps ?). Alors moi je dis banco ! Parce que ces groupes c’est toute mon adolescence, le stage-diving, les docs montantes, les « mort aux vaches, mort aux condés… » avec le point levé tout ça… Donc là j’arrête de vous raconter ma vie et je continue la chronique. Nan parce que « Fusillé » et « Etat d’urgence » font bien leur petit effet et effectivement je me sens transporté vers les early 90’s. Je me surprends à bouger la tête en rythme là, comme un con devant mon ordinateur.

Au niveau des paroles, ont est dans l’engagement direct façon Cadavres justement, le côté un peu morbide en moins. C’est en français, bien articulé donc compréhensible, plutôt bien écrit même, quoique pour un vieillard comme moi, le côté « fuckthepolicej’aimepassarko » fait un brin trop "ado rebelle qui dit un grand fuck à l’injustice dans le monde". Malgré ce petit bémol, le groupe réussit quand même à faire tenir le truc debout. C’est un peu too much mais tellement bien assumé que finalement ça ne sombre jamais dans le ridicule.

Si les deux premiers titres étaient bien dans une lignée keuponne finalement assez pure, « Court Circuit » nous laisse entrevoir le p’tit côté métal, voire nu-métal du groupe. Et là c’est presque plus à Mass Hysteria ou à Deftones qu’on pense. On pourrait dire « beurk c’est dégueu » mais même pas. Outrage réussit à garder le pied dans son punk-rock aux hurlements screamo-hardcore et vire dans la dernière ligne droite vers du Tagada Jones.

« Le Relais » démarre comme du Sales Majestés (qui refont des concerts ces temps-ci d’ailleurs) et se poursuit à la street punk façon Change 69. « Sans Papiers », « La Fin des Temps » et ses riffs légèrement rockab’, ou « J’accuse » sont à l’avenant. Pas révolutionnaires mais bien plaisants.

Mais il y a sur ce disque décidément étonnant trois titres qui méritent qu’on s’y attarde. D’abord celui qui pour moi constitue LA faute de goût du disque : « Bienvenue sur Psychosia ». Bon c’est très heavy métal, avec un côté grandiloquent wagnerien et des machines derrière ainsi qu’un clavier qui noient le truc dans une marmelade pas franchement digeste... Même si après pas mal d’écoutes ont est quand même un peu hypnotisé par le truc.

Il y a ensuite « Bande de Vauriens » avec son sax qui rappelle le bon temps des Bérus. C’est bien mais un peu banal. Pourtant, vers le milieu de la chanson, le tempo se ralentit et c’est une guitare sèche qui débarque pour 1 mn 20 de chanson punk acoustique dans la lignée des Amis D’Ta Femme. Et c’est carrément une réussite avec des paroles bien provocatrices et cyniques comme on les aime. On se dit même que le groupe serait bienheureux de tenter de creuser dans cette voie.

Et last but not least comme disent les jeunes, « Irrécupérable » (qui n’est pas une reprise de feu Molodoï) vient clore l’album. Et là on est un peu désarçonné. Finalement dans le ventre d’Outrage, il y a plusieurs groupes qui cohabitent. L’un est punk et fait entendre sa voix, l’autre est acoustique et branleur, le troisième aime le métal et les grosse machines qui cassent la baraque, et le dernier, celui d’ « Irrécupérable » est difficilement classable. Et là je dois arrêter de jouer au jeu des citations de groupes français. Parce que je n’en connais pas un seul qui sonne comme ça. 6 minutes 34 au compteur, plus de la moitié du titre est instrumental, c’est chargé d’émotion, les chœurs sont posés là où il faut, les machines et claviers son saupoudrés avec intelligence. Un morceau dense, intense, qui clôt à la perfection cet album, pour peu qu’on décide de tomber les oreilles.

Un disque étonnant, qui n’évite pas certains écueils à vouloir trop assaisonner son punk-rock d’ingrédients exotiques, mais qui est rehaussé par quelques pépites particulièrement bien senties. Ne vous laissez pas rebuter par la pochette au visuel trop métal (ou stoner) à mon goût, car vous passeriez à côté de ce qui se révèle être finalement une bien belle découverte.



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BIOGRAPHIE DU GROUPE


Outrage


Note : 15 / 20

Année : 2008

Durée : 43 minutes

Label : Mosaic Music

Tracklist :

1. Fusillé
2. Etat d'urgence
3. Court-circuit
4. Le relais
5. Sans papier
6. Bande de vauriens
7. Bienvenue sur Psychosia
8. La fin des temps
9. Génération précarité
10. J'accuse
11. Irrécupérable