ZSK - From Protest To Resistance

Contexte :

Deuxième album pour ZSK en 2004, soit deux ans après le remarqué Riot Radio. Le groupe originaire de Berlin a désormais une solide réputation en Europe, en bonne partie due à sa place de première partie sur la tournée d’Anti-Flag, mais également à des prises de positions politiques qui en rameuteront plus d’un à sa cause (et en éloigneront certainement d’autres). La suite du groupe sera un troisième album Discontent hearts and gasoline en 2006, juste avant une mort prématurée (qui sera aussi l’occasion de la sortie d’un DVD intitulé Wenn so viele schweigen müssen wir noch lauter schreien). RIP.

Chronique :

Au premier abord, ce deuxième album des jeunes berlinois séduit rien que par son artwork. Comme pour toutes ses autres productions, ZSK offre un digipack soigné et, de surcroit, un livret bourré d’infos, liens et explications de textes. Les connaisseurs du groupe lisent sans doute ces quelques lignes avec un intérêt totalement inexistant car c’est en effet le cas pour absolument tous les albums du groupe, mais il me parait cependant toujours important de le rappeler. Car au-delà de la musique il y a bel et bien la beauté de l’objet qui compte. Voilà donc chose faîte et passons maintenant au plus concret.

Ce From protest to resistance est-il un album qui vaut le coup ? Pas besoin d’avoir écouté la galette 150 fois pour se rendre compte qu’on tient là un album qui ravira tout fan de punk-rock ou hardcore mélodique. Le groupe propose tout au long de ces treize titres des mélodies accrocheuses, des refrains à reprendre évidemment le poing levé, et malgré tout une certaine fraicheur qui rend le groupe si particulier. Beaucoup diront que la jeunesse des membres apportait de la spontanéité à la musique du groupe. Celui-ci évolue dans un style où nier ses influences serait inutile tant elles restent présentes en permanence. Anti-Flag en tête, Good Riddance ou encore Propagandhi, il n’empêche qu’aucune song ne sent le déjà-vécu, cette caractéristique étant parfois due au chant en allemand (« Keine angst », « Zähl die stunden ») ou tout simplement aux différentes qualités techniques du combo, à savoir un batteur omniprésent sur les breaks ou changements de riffs (« Fight for more », « Business as usual »), des guitares alternant régulièrement entre palm-mutes, mélodies ou tout simplement riffs tranchants (« Hello 1984 »), une basse sachant se distinguer quand il le faut (« This is our answer (raise your fist) ») ou même des alternances vocales souvent complétées par des slogans style ‘supporter de foot’ (« Dabei sein ist alles », « We are the kids »).

Chaque titre se laisse apprécier suivant vos humeurs : joyeux, optimiste, pessimiste, énervé. Ainsi on peut aisément scander avec joie un "We are the kids, we make the difference" pour passer quelques minutes plus tard au bord de la dépression sur « Hello 1984 ». A condition bien sûr d’y porter une oreille attentive, car ce From protest to resistance est aussi bien un album qui peut s’écouter lors de soirées arrosées que lorsque vous souhaitez vous offrir une bonne demi-heure de textes politiques où une multitude de slogans vous rappelleront plus que jamais que le punk-rock est aussi là pour la réaction.

Un album excellent de bout en bout pour l’une des ex-pointures de la scène européenne. ZSK laisse derrière lui un trou incontestable dans le paysage punk-rock mais aussi trois albums remarqués. Par ailleurs, From protest to resistance se révèle peut-être comme la pièce maitresse du combo, plus abouti que Riot Radio (bien qu’étant déjà d’un niveau très élevé), et plus accessible que Discontent hearts and gasoline (le groupe ayant pris un chemin un peu moins mélodique, influencé notamment par l’album Potemkin city limits des aînés de Propagandhi). Un album à posséder que ce soit pour sa qualité musicale ou rien que pour ses propos écrits d’une main de maître.