Anti-Flag + Time Bomb @ Le Trabendo, Paris

Date : 1er juillet 2008 par Seb-O-Matic

On n’avait pas revu le gang de Pittsburgh en France depuis leur passage aussi étonnant que décevant lors de la tournée Taste Of Chaos, en compagnie par exemple des rigolos de Underoath. Depuis un mois en tournée européenne, les voici donc de passage par la capitale, au Trabendo, comme l’avant-dernière fois. Sauf que c’était avec Red Lights Flash, A Wilhelm Scream et The Unseen, et que le billet était à 17 euros. Aujourd’hui ce sont les locaux de Time Bomb qui sont les seuls à ouvrir, et il faut débourser 23 euros pour rentrer dans l’enceinte étouffante en cet après-midi orageuse.

Time Bomb est sur le point de finir son set. Un petit mot sur le végétarisme et le stand PETA présent à côté du merch, et le jeune groupe au line-up tout modifié (nouveau guitariste et bassiste juste pour ce soir) invite ses potes de Thump pour balancer "United We Stand". L’initiative est sympa mais le son est vraiment dégueulasse et rend l’exercice plus proche de la cacophonie qu’autre chose, dommage... Dans le pit en tout cas on ne s’affole pas. Les gens, assez jeunes d’ailleurs, restent passifs, bras croisés et têtes hochant plus ou moins en rythme. La barrière du premier rang est d’ores et déjà envahie par une horde de midinettes sapées comme Avril Lavigne, bizarre... Peut-être qu’il y a une autre première partie stylisée ? Bah non, les copines de Jenny la Punkette sont bien là pour Anti-Flag, et c’est plutôt cool qu’elles s’intéressent à un groupe un tant soit peu politisé et porteur d’un message, on espère juste que c’est pour les bonnes raisons et pas parce que "leurs tenues sont trop cools".

S’ensuit l’habituelle et interminable attente à espérer voir les lumières s’éteindre à chaque fin de morceau craché par la sono. Et comme d’habitude c’est quand on y croit plus que ça se produit. La salle n’est pleine qu’aux 3/4 et le pit très clairsemé, aussi la mini-fosse du Trabendo semble bien vide quand tous les kids se mettent à pousser vers le premier rang pour pouvoir toucher leurs idoles. Pas de bol, les riot girls (ou rillettes girlz, c’est selon) ne lâcheront pas comme ça leur place, idéale pour prendre tout plein de photos pourries et caresser la jambe du chanteur.

Les quatre arrivent tout de noir vêtus et balancent la très virile "Split In The Face", morceau le plus ravageur du dernier album controversé. Premier constat : il s’est amélioré Pat Thetic à la batterie ! Ah bah oui c’est pas lui en fait. Reparti 2 jours avant pour s’occuper de problèmes familiaux, il est remplacé par Tyler, un ami du groupe à la frappe sèche, régulière et du genre plus puissante qu’un tir de Benzema à l’Euro. Le morceau passe sans soucis l’épreuve du live, ce qui rassure un peu par rapport à ce que l’on craignait de voir. Le groupe a toujours le feu et Chris#2 harangue la foule. Il est indéniable qu’il est désormais le leader scénique du quatuor, tout comme il est indéniable que l’autre Chris ne semble faire office que de figurant. "I’d Tell You But...", tout comme la dansante "War Sucks, Let’s Party", tente de réveiller un pogo bien épars et ressemblant assez à une bataille de pokémons. "The Bright Lights Of America" sonne aussi pop en live que sur cd, mais reste assez catchy pour faire chanter la foule. Le groupe en veut, se perd en peu moins en discours convenus qu’auparavant et on ne va pas trop s’en plaindre. Plein de mercis au public, et on continue d’explorer les trois derniers albums du combo anti-drapeau.

Car voilà le gros hic du set : les titres ayant fait d’Anti-Flag le groupe qu’il est aujourd’hui sont passés à la trappe. Pas de "911 For Peace" ou de "Got The Numbers", seule l’éponyme "Underground Network" vient même défendre cet album, ce qui provoque une scission dans la fosse entre fans plus anciens et jeunes loups. Parmi les nouveaux titres, on remarque que "Good & Ready" passe bien. Chris#2 fait taper tout le monde dans ses mains et peut se servir de son mégaphone vissé sur un pied de micro, mais "If You Wanna Steal" s’avère par contre anedoctique.

L’énergie est là, le public semble conquis, mais il semble manquer quelque chose, ce petit quelque chose qui faisait que chaque passage d’AF était un ouragan incontrôlable. La faute sans doute à une set-list bizarre. Si l’enchaînement des hits "Turncoat" et "The Press Corpse" vient mettre absolument tous les compteurs dans le rouge, celui de "Mind the GATT" et "One Trillion Dollars" vient faire retomber une pression qui était en train de monter crescendo. Bizarrement un titre aussi puissant que "Death Of A Nation" ne provoque aucune réaction majeure dans le public, de même que la pourtant mythique "Die For The Government", qui auparavant achevait les concerts mais est reléguée au rang d’anecdotique à la fois par sa place dans la set-list (avant-dernière avant le "rappel") et l’absence de poings levés hurlant les "You’re gonna die gonna die gonna die...". C’est à "The Modern Rome Is Burning" d’achever le set, et de très belle façon, le titre très efficace prenant une toute autre dimension en live.Les fans connaissent déjà les paroles par choeur et le break puis le refrain final sont l’occasion pour beaucoup de se lâcher.

Bien entendu 10 secondes (un record ?) après avoir lâché leurs instruments, les Anti-Flag, Justin Sane en tête, reviennent sur scène. Petit speech sur les similarités entre notre petit président chéri et Georges Bush le second, le chanteur nous met en garde contre les méfaits de la privatisation et nous incite à ne pas nous laisser faire. Musicalement, on se demande à quoi on va avoir le droit pendant ce faux rappel, tous les hits ayant été joués on se prend même à rêver à d’anciens titres, mais l’intro de "This Is The End" vient vite calmer notre joie. Derrière c’est "Cities Burn", autre titre de "For Blood & Empire", qui vient achever le set, l’occasion pour tour le monde de se la jouer made in california en faisant "oh-oh", et pour Chris#2 de sauter du haut de son ampli en s’étalant comme une crotte de caniche sur la scène. On a mal pour lui. Justin et Chris serrent les mains des premiers rangs, Chris#2 prend son second bain de foule de la soirée, et finalement retourne à son mégaphone. "This song is called "Power To The Peaceful". Voilà donc le titre issu de "The Terror State" qui commence dans une nouvelle mouture pas vraiment captivante avant de finir de manière plus classique. Petite surprise à la fin puisqu’on a le droit à "Drink Drank Punk"’ (comme la dernière fois en fait) comme tout dernier morceau de la soirée. Encore une fois tous les membres du groupe se confondent en remerciements, serrent toutes les mains qui leur sont tendues par des groupirhanas très motivés à l’idée de les toucher, et s’en vont sourires aux lèvres, heureux d’avoir gagné une nouvelle bataille.

La bataille est certes gagnée, de par l’énergie déployée, mais il faudra revoir la manière pour que la troupe sans bannière nous renvoie au temps de ses grandes campagnes victorieuses



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