NoFX + Versus You + White Flag @ RockHal (Esch-Sur-Alzette, Luxembourg)

Date : 23 juin 2008 par Anarchibald

Les choses sont quand même parfois bien mal foutues, voyez plutôt : pour une fois qu’il y avait un concert pour lequel j’avais moyen de rameuter beaucoup de monde voilà que le show est sold-out plus de 2 mois à l’avance. En même temps lorsque l’on sait qu’il s’agit de NoFX on comprend mieux pourquoi. Tant pis, du coup c’est tout seul que je me rendrai au pays où l’essence est moins chère. Ainsi, à peine sorti de la projection de [REC] (très bon film soit dit en passant) je m’enfile un jambon-beurre saute dans la voiture et direction l’autoroute, pile au moment où le déluge me tombe sur la tête et sur le bitume foutrement sec, histoire de rendre les choses plus glissantes (à croire également qu’il doit toujours faire un temps de merde quand je vais à un concert). Au fur et à mesure le ciel semble se dégager ce que doit ignorer la pluie puisque ce changement climatique ne semble pas la perturber. En résulte alors une scène pour le moins étrange où à travers le dense rideau de gouttes on peut apercevoir un magnifique ciel bleu tirant parfois sur le violet ce qui donne vraiment l’impression de se trouver dans un cartoon avec un minuscule nuage scotché au dessus de ma tête. Heureusement cela ne dure pas et c’est avec un ciel dégagé que je grignote les derniers kilomètres m’amenant jusqu’au Rockhal.

Bien que la salle soit planquée au beau milieu d’une friche industrielle sur laquelle se dressent encore quelques haut-fourneaux, l’environnement est loin de faire crade, délabré et laissé à l’abandon, d’ailleurs le parking se trouve être… surveillé, ce qui se traduira par une petite obole de 2€ à l’entrée, passage quasi-obligatoire puisqu’il n’ya rien d’autre aux alentours même si quelques petits malin on décider d’y couper en se mettant sur le trottoir précédant l’entrée du parking. Scoop du siècle sur celui-ci on trouve des voitures mais également quelques fans de NoFX en train de s’alcooliser en passant les cd de leur groupe favori sur l’autoradio. Mention spéciale au mec me devançant et qui est venu… en corvette. Plus cliché au Lux€mbourg, tu peux pas. Arrivé là tout n’est pas fini car il faut ensuite marcher deux ou trois minutes pour enfin atteindre la salle dissimulée derrière le vaste hall d’entrée du bâtiment.

Les lieux sont encore loin d’être pleins pourtant il est 20h00 et le début du programme était planifié pour… 20h00. Quelques minutes de patience seront donc nécessaires pour voir l’éclairage disparaitre et Versus You entrer en scène, le temps d’observer le magnifique fanion à l’effigie de la tête d’affiche de ce soir (dont la petite taille et le design n’ont rien à envier aux drapeaux de pirates que l’on pouvait confectionner lorsqu’on était gosse). Ah tiens il a beaucoup grossit leur chanteur. Hum une minute ce n’est pas Versus You ça. Contrairement à ce que je pensais il y a donc deux premières parties ce soir (dans l’absolu cette phrase ne veut rien dire) et ce sont les vétérans de White Flag qui montent en première ligne.

Je ne connais de ce groupe qu’une rapide chanson issue de "Short Music For Short People", autrement dit rien du tout. En tout cas leur chanteur-guitariste vaut à lui seul son pesant de cacahuètes avec sa petite moustache, sa coupe impecc, sa petite stature et son ventre bedonnant : on croirait avoir à faire à une caricature de comptable américaine des années 60/70. Le gars me fait même parfois penser à Dany DeVito en particulier lorsqu’il soulève sa guitare au-dessus de sa ceinture pour se pencher en arrière. Autre chose impressionnante chez lui : son débit de parole phénoménale qui rendra par ailleurs la compréhension de ses propos parfois ardue. Côté musique maintenant le groupe envoie un punk largement orienté Rock (normal c’est du punk-rock ahah) et plutôt bien foutu, il faut dire que le groupe à du bagage. Le public quant à lui se contente d’observer, attitude classique des premières parties quoi ! La demi-heure de jeu passée le groupe quitte la scène laissant alors la place libre pour Versus You.

J’ai déjà vu ce groupe luxembourgeois il y a quelques semaines au Soap Box à Nancy. Autant dire donc que la situation varie du tout au tout. J’ai d’ailleurs au début l’impression que le jeu de la bande est plus dynamique en ces lieux mais en fait cela résulte tout simplement du fait que, comme lors de leur passage à Nancy, ils entament leur set avec les morceaux bougeant le plus. Côté spectateurs certains sont un peu plus chauds il faut dire qu’ils doivent surement mieux connaitre ce groupe plus local. Cela ne vire pas à l’émeute non plus, après tout les titres ne s’y prêtent pas non plus puisque le pop-punk de Versus You est dans l’ensemble très mélodique. Vers la fin du set je m’éclipse pour aller chercher une binouze histoire de ne pas tomber dans la cohue lors du prochain changement. La bière est à 2€ seulement (demi exclusivement), comme quoi tous les carburants sont vraiment moins chers ici ! A mon retour les luxembourgeois achèvent leur dernier morceau puis quittent les lieux.

C’est alors parti pour une demi-heure d’attente durant laquelle les faux départs se multiplieront et on ne comptera plus les extinctions de lumière ou de la sono qui n’annonceront rien de plus que… leurs reprises. Du coup certains lancent des « NoFX ! » en chœur histoire d’attirer leur groupe favori, appel très vite repris et déformé par un autre groupe de spectateur en « Blink-182 » puis « Backstreet Boys » histoire de détendre l’atmosphère. On passera même par les « Let’s go Murphys » qui résonnait il y a environs deux mois à quelques kilomètres d’ici.

Enfin à 22h et des poussières le groupe débarque sur scène. On remarquera le micro spécialement adapté pour Fat Mike sur lequel a été fixé un porte gobelet pour que le patron de Fat Wreck puisse y déposer son verre rempli d’un liquide rouge qui ne doit pas être une simple grenadine. Le concert débute alors par un vannage entre El Hefe et Fat Mike par public interposé. Ainsi ce dernier enchaine avec plaisir les « Fat Mike is boring » et autres « El Hefe sucks » dans l’hilarité générale. Trop ravis d’avoir trouvé un nouveau jouet aussi obéissant les deux compères changent les instructions. El Hefe demandera alors une série d’aboiements tandis que Fat Mike se mettra une tarte dans la gueule en demanda au reste de la salle de faire de même ce qui clôturera le jeu étant donné que ce dernier souhait ne sera pas suivi. Ou presque pas : une fille au premier rang enverra bien une baffe mais dans la tête de son copain, au grand plaisir du Gros Michel.

Le show peut alors débuter, ou presque, puisque Fat Mike demande alors à Melvin de quitter la scène. Partagé entre l’incrédulité et l’amusement, le public comprendra bien vite ce que le groupe est en train de lui réserver lorsque celui-ci entamera sa reprise jazzy de « Straight Edge ». Ceci fait Melvin se trouvera réintégré au groupe. Fat Mike annoncera alors que NoFX est ravi de jouer au Luxembourg et prendra un malin plaisir à dénigrer la superficie du pays en replaçant cette dénomination par celle de « ville » puis de « village ». La blague fera marrer bien du monde et les hostilités pourront reprendre de manière plus énergique avec l’intro de leur dernier album live. Dès lors on pourrait penser que l’enchainement va se faire avec « Glass War » mais c’est en fait la mythique « Dinosaurs Will Die » qui sera balancée, à la plus grande joie des spectateurs. Difficile alors de rester en place dans le public que ce soit à cause de l’envie d’en découdre procurée par ce morceau ou bien simplement à cause des personnes entrant dans la première catégorie. D’un côté ce n’est pas plus mal car cela permet de se positionner aisément au niveau des barrières en profitant du mouvement ainsi créé. Fat Mike annonce alors qu’ils vont jouer une de leur dernière chanson, on s’attend donc naturellement un titre tiré de "Wolves In Wolves Clothing", cependant le patron de Fat Wreck doit avoir une notion légèrement différente du terme « nouveauté » que le commun des mortels puisque c’est « Franco Un-Americain » qui débarque.

Passé ce morceau Fat Mike nous avertit que si nous ne connaissons pas la prochaine chanson il vaudrait mieux pour nous de filer au bar car celle-ci est très longue, 18 minutes pour être précis. Pas besoin d’en dire plus et tout le monde exulte déjà avant que les premiers accords de « The Decline » ne soit entamés. Chaque couplet est alors repris en chœur par un public dont la joie n’en finit pas de monter pour atteindre son paroxysme quand El Hefe troquera sa guitare pour le trombone. Les minute filent et défilent, impossible de croire que cela soit déjà fini et pourtant le groupe a tenu promesse et exécuté le morceau en entier ! Il n’y a pas à dire le groupe attaque fort avec un tel monument dans les premiers morceaux : il fallait oser ! D’ailleurs puisque l’on est dans le grand, c’est, de l’aveu même de Fat Mike, avec une reprise de l’un des meilleurs groupes de punk que le show va se poursuivre.
Il ne s’agira donc pas d’un titre de NoFX malgré ce qu’a lancé un spectateur à l’annonce de la particule « meilleur groupe de punk », même si Mike place modestement son groupe sur la troisième marche du podium, la première étant occupé par Bad Religion. Et le deuxième alors ? Et bien le deuxième c’est Rancid et le groupe nous servira « Radio », un des six titres issu du split avec la bande à Tim Amstrong. Bien décider à rester dans la reprise, les quatre gars de Frisco en viendront à nous demander quel est le seul groupe à être meilleur que Iron Maiden. Bien entendu le nom de Joe Dassin sonne comme une évidence (franchement si vous n’avez pas trouvé ça…) et c’est parti pour « Champs Elysées ». Un titre plutôt marrant à entendre car quelques spectateurs, parlant pourtant français, s’évertueront à chanter le titre avec un accent terriblement anglais (ou plutôt américain), c’est au point de se demander si certains n’ignorent pas la provenance du morceau…

Par la suite on alternera morceaux plus récents comme « Seeing Double At The Triple Rock » ou encore « Leaving Jesusland » avec les machines à gagner telles que « Linoleum » ou « Bob » sans oublier des morceaux plus ska et plus posés comme « Eat The Meek » ou l’instrumentale « What Now My Love » que le groupe offrira généreusement au public afin de fournir un hymne national au Luxembourg pour que celui-ci devienne un vrai pays. Au milieu de tout cela voilà que Fat Mike nous annonce un morceau que nous n’avons « encore jamais entendu » dédié aux musulmans qu’il déteste encore plus que les juifs, chrétiens et autres religions (qu’il est déjà loin d’apprécier). Quoi ? Un inédit ? Euh en fait non ou alors encore au sens Fat Mike du terme puisque c’est « No Fun In Fundamentalism » qui sera jouée, un titre qui, certes ne se trouve sur aucun album mais faisait partie de la série des "7 inch of the month" et était également présent sur le dernier volume de la compilation "Punk-O-Rama".

Fat Mike nous informe ensuite qu’ils vont jouer un autre titre de leur dernier album, cd qu’il trouve par ailleurs très bon. Avis semble-t-il peu partagé par le reste de la salle à la surprise du patron de Fat Wreck qui essaye alors de convaincre son public. El Hefe viendra ensuite à la rescousse en déclarant qu’à son avis leur meilleur album est « So Long And Thanks For All The Shoes ». La proposition est adoptée à l’applaudimètre et on peut ainsi clore le débat en entamant « The Man That I Killed » dont l’interprétation décevra le groupe « The song is good but we played like shit » dira El Hefe, « Not like shit, like piss » corrigera Fat Mike. Dès lors on s’attend à recevoir « Instant Crassic » ou un morceau dans la même veine scatologique mais ce ne sera pas le cas car le groupe, décidé à confirmer la motion précédemment adoptée, enverra une chanson issue de « So Long And Thanks For All The Shoes ». Et quel morceau ! Puisqu’il s’agira de « Murder The Government » sur lequel le public ne se fera pas prier pour reprendre les paroles en chœur.

Malheureusement tout a une fin et quelques titres plus tard le groupe quittera la scène, ce qui nous offrira quelques minutes sans recevoir un slameur sur la gueule toutes les dix secondes. Sans surprise les applaudissements mêlés de « NoFX ! » font trembler les murs et très vite les quatre larrons regagneront la scène pour un petit rappel achevé par la mi-punk / mi-reggae « Kill All The white Man ».

Qu’à cela ne tienne le public reprend ses vocalises en espérant pouvoir faire durer le plaisir. Néanmoins la chose n’est pas gagnée d’avance puisque les set-lists commencent à être arrachées et distribuées au premier rang, idem pour quelques médiators qui volent de-ci de-là, une des baguettes d’Eric Sandin sera même distribuée. Oui mais le public lui s’accroche et après de longues minutes d’attente Eric regagnera sa place derrière les fûts puis viendra El Hefe qui se mettra à nous interpréter « No Woman No Cry ». Ce faisant Melvin et Fat Mike viennent rejoindre la troupe pour nous livrer… « Stickin’ In My Eye » !
Tout de suite ça dépote que ce soit sur scène ou dans la fosse il faut dire que ce titre a dû en amener plus d’un au punk rock, personnellement c’est le premier titre de NoFX que j’ai écouté dans ma jeunesse pas si lointaine. Fat Mike nous informera ensuite que le groupe doit quitter la scène car ils sont crevés et surtout bourrés… l’occasion rêvée pour reprendre « I Wanna Be An Alcoholic » une seconde fois. Le groupe se concertera ensuite pour trouver un dernier titre à interprété, Fat Mike a l’air totalement à l’ouest (plus que d’habitude quoi) et Melvin fait bande à part en tentant d’interpréter… un truc des plus inaudibles. Finalement le groupe tombera d’accord et ce sera… euh bah pour tout vous dire je ne m’en souviens plus, ça valait le coup de la jouer celle-là tiens !

En tout cas cette fois-ci c’est la bonne ou plutôt la mauvaise puisque, à peine le groupe sorti, le matos commence à être démonté et les derniers médiators sont lancés à la foule qui s’agite alors comme un groupe d’adolescentes avant un concert de Tokio Hotel. On reste encore un peu en espérant l’impossible mais la salle commence à se vider et découvre son sol jonché de gobelets vides et enduit de bière. Dans le hall ce n’est guère mieux de toute façon je n’ai pas trop le temps de m’y attarder, chemin du retour oblige.

Enorme c’est le mot de cette soirée : que ce soit au niveau musical ou bien de l’ambiance avec des vannes à gogo le groupe était au rendez-vous, NoFX a démontré ce soir qu’il n’est pas une figure mythique de la scène punk pour rien, reste à espérer qu’ils mettront en défaut le « A dans 5 ans » lancé en fin de soirée par Fat Mike. Quant à tous les français déçus et énervés de ne pas s’être trouvés sur le chemin de NoFX cette année, et qui pensent que leur frustration ne pourrait pas être pire, vous vous trompez : j’ai fais le plein en repartant, le Super 95 était à 1,322… Maintenant vous pouvez péter un câble.



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