Hives (The) - The Black And White Album

Contexte :

Deuxième album paru dans le giron d’Universal, « The Black And White Album » est aussi celui de la venue en ami de Pharrell Williams pour une production qui pour le coup n’a plus grand-chose à voir avec l’appellation « garage » (qui suppose habituellement un son crasseux à la limite de l’amateurisme redneck).

Chronique :

Jean-Guillaume habite dans le 7e depuis qu’il est né. Depuis la fenêtre de sa chambre il voit le haut de la Tour Eiffel et il trouve ça vachement rock’n’roll, ça lui rappelle Un Monde Sans Pitié avec Hippolyte Girardot, son film culte, il trouve ça tellement plus original que Fight Club ou Reservoir Dogs…

Le vendredi, Jean-Guillaume adore aller au Gibus voir les concerts de ses potes de Naast ou BB Brunes, mais il préfère quand même Second Sex parce qu’ils ont plus la classe. Sinon Jean-Guillaume aimerait bien choper la chanteuse des Plasticines, mais elle est plus vieille que lui alors ça va être chaud.

Mais ces temps-ci, il trouve que « tous ces groupes ça devient d’la fiotte » et Jean-Guillaume voudrait s’encanailler un peu. Un peu, parce que Jean-Guillaume est élégant, il porte des polos Fred Perry et roule sur un scooter Lambretta de 1971, alors il ne va pas se mettre non plus à écouter Total Chaos ou Oi Polloi. C’est Marco, qui est délégué de classe mais qui est quand même No Future, qui lui a fait découvrir The Hives. En plus il lui a dit qu’il y avait des chansons produites par Pharrell Williams, le Mozart du Hip-Hop, le seul capable de faire des lingots d’or avec de la bouse de vache (Britney Spears, Justin Timberlake…). Du coup Jean-Guillaume a trouvé ça ultra subversif comme concept et il est monté aux Champs-Elysées pour acheter ledit CD mal rangé au rayon variété internationale.

Quand il a posé l’objet sur sa platine et qu’a retenti « Tick Tick Boom », le single du disque, Jean-Guillaume c’est dit que wow ! il avait enfin trouvé le groupe parfaitement assorti aux chromes de son scooter, parce que bon les Small Faces ou les Jam c’est bien mais c’est quand même de la musique de darons. Evidemment il s’est attardé sur les deux titres produits par Pharrell Williams, « Well All Right » et « T.H.E.H.I.V.E.S » en se disant que vraiment ça risquait de donner quelque chose à la « Rock This Way », le truc d’Aerosmith et Run DMC. Mais non, en fait « Well All Right » est un titre de pur rock’n’roll avec quelques arrangements certes inattendus, comme ces cris a capella et ces mains qui claquent dans un esprit très soul, et Jean-Guillaume est rassuré. Par contre sur « T.H.E.H.I.V.E.S », une chanson qui parle du groupe lui-même, la construction et le style sont assez déroutants à la première écoute, et même à la deuxième et aussi à la troisième. La voix de Pelle est nasillarde comme jamais, le tempo saccadé, parfois à la limite d’une rythmique disco / funk, et c’est produit comme du Funkadelic avec un George Clinton très très défoncé. Mais finalement le titre fait bien la blague et remplit parfaitement sont rôle d’interlude reposant.

Comme ce truc ultra flippant, « A Stroll Through The Hives Manor Corridors », qui a l’air d’être tout droit sorti de la bande originale d’un film de la Hammer mais qui se déroulerait au début des années 70. Et ça ça tombe bien parce que Jean-Guillaume a toujours été un grand fan de l’abominable Docteur Phibes. Vraiment il trouve que cet album est génial et que les tubes s’enchaînent à la perfection. Et depuis quelques jours, il reste bloqué sur « You Got It All... Wrong », un hit 100 % pur speed garage punk avec la précision d’un direct au menton, parce que Jean-Guillaume aime bien aussi la boxe, surtout Rocky Graziano parce qu’il adore Paul Newman. Là Jean-Guillaume se demande si cette chanson est bien la meilleure du disque ou si « Hey Little World » va bientôt la détrôner, parce que souvent on aime à fond un titre et puis deux mois après on en aime un autre.

Mais là c’est pas les grands titres qui manquent parce qu’avec « Return The Favour », punk punk punk, ou « Bigger Hole To Fill » et « Fall Is Just Something Grown-Ups Invented », punk punk punk encore, on est quand même pas très loin du chef-d’œuvre. La fin du disque ramène Jean-Guillaume aux ambiances de films d’horreur avec « Giddy Up », et surtout « Puppet On a String », et là il comprend mieux pourquoi le disque s’appelle « The Black And White Album », parce que « The Pink And Yellow Album » vraiment ça pouvait coller à un disque de Lorie mais pas à la dernière livraison des Hives.

Jean-Guillaume est content, il va commander l’écusson avec le "H" du groupe brodé en noir et blanc pour le coudre sur la veste de costard qu’il a trouvée la semaine dernière aux puces, et il espère qu’à défaut de chanteuse des Plasticines, il va bientôt pouvoir conclure avec cette pucelle de Jenny la Punkette.