Refused - Songs To Fan The Flames Of Discontent

Date de publication : 20 juin 2008 par Fab

Contexte :

Sorti en 1996, Songs To Fan The Flames Of Discontent est le deuxième album du groupe, formé en 1991, et dont le premier opus est paru en 1994. Un split avec Randy, sorti en 1995, avait déjà permis à Refused d’augmenter sa popularité. Mais c’est avec ce deuxième album que la bande à Dennis Lyxzén s’imposera comme l’un des piliers de la scène hardcore européenne. Deux ans avant la réalisation du chef-d’œuvre The Shape Of Punk To Come, le quintet posait déjà ses marques et se distinguait par ce style si particulier, alliant à merveille rage et émotion, comme peu de groupes savent le faire.

Chronique :

Emballant, ou plutôt exaltant. Déconcertant mais éblouissant. Nerveux, furieux même. Rageur, novateur, dévastateur. Révolutionnaire, énervé et impliqué. Aussi surprenant qu’intelligent. Bouillant, viscéral, sauvage. Hors norme. Je m’arrête là, mais toute cette chronique ne pourrait être qu’une suite de superlatifs plus valorisants les uns que les autres. Alors oui, j’adore ce groupe. Je me demande encore comment je vivais sans les albums de ces Suédois génialissimes. Et donc, non, je ne serai pas des plus objectifs en écrivant ces lignes. Non. Car la musique de Refused m’emporte, m’enivre et me fait perdre les pédales !

Pourtant, la longue et lente intro, pesante et oppressante, ne laisse pas présager de la violente déferlante que constitue cet album. Une tempête force quatre engendrée par la rage de ce groupe aux idées révolutionnaires et anti-capitalistes. Refused déverse ici toute sa hargne, violemment et sans précaution. Une baffe, que dis-je, un coup de poing puissant et bien placé (oui voilà, en plein dans les côtes). En trente petites minutes, Refused parvient à nous retourner le cerveau. Et cela grâce, tout d’abord, à une voix. Une voix si braillarde, si écorchée, si sincère, ou, parfois, rarement, si douce et abyssale (« Return to the closet »). Une voix rageuse, libératrice, donnant toute la puissance émotionnelle au groupe.
Si Dennis Lyxzén s’approche de la perfection au chant, ou plutôt aux hurlements, ses musiciens ne sont pas en reste. Le batteur, alias David Sandström, frappe fort, vite et, surtout, excellemment bien, changeant de rythme et de style incessamment. La batterie est puissante, rapide, saccadée et réglée comme du papier à musique. Le tout s’allie à ce mur de guitares aux sonorités métaliennes, aussi froid et rugueux qu’un hiver suédois. Un mur dont ressortent quelques géniales mélodies taillées à la hache. Enfin, Magnus Björklund, bassiste intérimaire sur cet album, appuie encore un peu plus cette rythmique effroyablement efficace. Finalement, les cinq gaillards se complètent et chacun apporte sa pierre à l’édifice. Lorsqu’on pense à Refused, on pense souvent à ce chanteur charismatique, pourtant, rarement un groupe n’aura été aussi équilibré et soudé.

De cette symbiose (qui implosera malheureusement deux ans plus tard) nait donc cet album compact, très bien construit et repoussant les limites du hardcore comme personne ne l’avait fait auparavant. Les passages ultra tendus, pleins d’intensité (« Rather be dead », « Hook, line and sinker »), alternent avec ceux beaucoup plus nerveux, moins émotionnels mais plus rageurs (« Coup d’Etat »). Mais les Suédois s’offrent aussi quelques incartades lorgnant vers le metal (la double pédale sur « Crusader of hopelessness », les harmoniques sur « Worthless is the freedom bought… »). Et puis notons aussi les petites intros ou breaks typés mathcore (« It’s not ok… »). Enfin, n’oublions pas « Return to the closet », lente, oppressante, sous tension et partant soudainement à dix milles à l’heure !

Une musique hargneuse collant parfaitement aux textes du combo, toujours aussi enclins à la révolte contre cette société de consommation de masse aux pseudo valeurs sociales. Cette société où tout le monde doit se fondre dans un même moule, où les différences ne sont pas acceptées (« Rather be dead », « Return to the closet »). Refused prône la révolution et critique par la même occasion le passéisme et l’immobilisme (« Coup d’Etat »). Évidemment, le capitalisme, de façon plus générale, en prend un bon coup derrière les oreilles. Notamment cette obsession de l’image que l’on renvoie, cette culture de l’apparence, du paraître (« Beauty »). Le groupe va à l’essentiel avec des textes courts mais bien ficelés et toujours très engagés, comme le démontre l’excellente « It’s not ok », dont les paroles se résument à cette phrase lourde de sens : « It’s not ok to pretend that everythings alright ». No comment. Bravo les gars.

Alors certes, cet album souffre de la comparaison avec son successeur, le génial The Shape Of Punk To Come. Pourtant, ce deuxième opus des Suédois est vraiment bluffant, singulier et totalement déroutant ! Si vous aimez la dernière galette du combo (comment pourrait-il en être autrement ?), n’hésitez pas une seule seconde à vous procurer ce cd. Moins extrême que son successeur mais déjà terriblement prenant et enivrant.



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BIOGRAPHIE DU GROUPE


Refused


Note : 18.5 / 20

Année : 1996

Durée : 30 minutes

Label : Burning Heart Records

Du Son : SOUND

Tracklist :

01. Rather be dead
02. Coup d'etat
03. Hook, line and sinker
04. Return to the closet
05. Life support addiction
06. It's not ok...
07. Crusader of hopelessness
08. Worthless is the freedom bought...
09. This trust will kill again
10. Beauty
11. Last minute pointer
12. The slayer