Death Before Dishonor - Friends Family Forever (réédition ’deluxe’)

Contexte :

Pensionnaire de la prestigieuse écurie Bridge Nine depuis 2004, Death Before Dishonor voit le disque qui a fait son succès réédité en version ‘deluxe’ en 2006. Le label gratifie en effet les fans d’une version de Friends Family Forever agrémentée notamment de six live captés au CBGB de New-York, quelques semaines avant la fermeture de la salle mythique (et son déménagement programmé pour LasVegas…). Autre friandises hardcore ajoutées : la partie DBD du split-EP avec Black Friday 29 sorti plus tôt dans l’année, et une chanson inédite enregistrée lors de ces même sessions. A noter que sur ces trois titres de 2006 ainsi que sur les lives ce n’est plus un mais deux guitaristes qui officient dans le groupe (Erik Deitz ayant été remplacé par un duo de gratteux).

Chronique :

Il y a dans tous les coins du monde des produits dits ‘du terroir’. A Boston, la spécialité locale c’est la musique qui fait du bruit. Après New-York dans les années 80, la Californie dans les années 90, Boston est devenu au fil des années la Mecque de la musique underground avec une scène qui fourmille de talents, de diversité et d’authenticité : ni le rayonnement de New-York, ni les bikini de la Californie, Boston c’est de l’ouvrier qui trime et un climat à peu près aussi maussade que les perspectives d’avenir… Un environnement propice à la contestation et un terreau de choix pour la musique hardcore, en tout cas celle que défend avec force et conviction un groupe comme Death By Dishonor.

Le nom d’un groupe et le titre de son disque suffisent parfois à résumer les choses : valeurs portées en épitaphe chez ces gens convaincus jusqu’à l’os que le hardcore est un mode de vie qui s’assume jusqu’à la mort. Certains reprocheront à ce genre de groupes un certain extrémisme de pensée, d’autres répondront que quand votre environnement est lui aussi extrême, le seul moyen de s’en préserver est de resserrant les rangs autour de valeurs nobles comme la fidélité, l’honneur, l’amitié, érigées en ligne de conduite stricte. Le crew FSU (Friends Stand United) dont le groupe fait partie, pourra porter à polémique, tout comme des participations à des oeuvres comme le DVD The Boston’s Beatdown, à la violence extrême.

Pour sûr le groupe affiche ses convictions, au moins on est prévenu : en mettant les pieds dans un concert du groupe ou en mettant les oreilles dans un de ses disques, le choc va être sévère (« By My Side »). Death before Dishonor pratique en effet un hardcore brute et sombre, empreint de pessimisme sur l’avenir et de tout ce dont on a parlé plus haut (« Born From Misery »). Les textes, péremptoires, scandés avec rage, à base d’appels à la résistance pour sa propre dignité d’humain, sont presque plus importants que la musique dans le sens où ils la portent littéralement (l’hymne « 6.6.6. (Friends Family Forever) »).
Mosh parts, plans virant volontiers au metal, accélération vertigineuse, on imagine sans peine la lessiveuse dans la fosse lors des shows du combo bostonien. On citera dans les influences toute une scène bien représentée par le roster du label Bridge Nine dont évidemment Terror, avec qui le groupe a tourné à l’automne 2006.

Alors bien sûr le groupe n’invente absolument rien, on pourrait même dire, mais c’est une question de goûts, qu’il s’embourbe parfois dans ses plans les plus plombés pour par contre se montrer vraiment efficace sur les parties très speedées (« Game’s Over »). Le chant très hargneux mais peu varié de Bryan y est aussi pour quelque chose. Un groupe qui prend clairement toute son envergure en live, dommage que ceux présents sur le disque soient de qualité sonore assez médiocre. Ils suffisent toutefois à donner une idée de la qualité et de la présence de ce groupe au discours clair et bétonné. Un vrai bon disque de tough guys en attendant la sortie d’un vrai album en 2007.