Sonic Boom Six -
The Ruff Guide To Genre-Terrorism
Date de publication : 8 mai 2008 par Vince
Contexte :
Paru en 2006 mais enregistré en août et septembre 2005 à Manchester, « The Ruff Guide To Genre-Terrorism » est en réalité le premier véritable album de Sonic Boom Six, puisque « Sounds To Consume » était l’addition de deux EP’s. Comme souvent, le quatuor s’entoure ici de musiciens additionnels pour compléter la formation, avec notamment Nick Horne (Howards Alias) à la trompette et au trombone.
Chronique :
Sonic Boom Six a des références et pas des moindres. Pour décrire sa musique, on peut se contenter de citer trois groupes : The Specials, Bad Brains, Asian Dub Foundation. Evidemment, ils ne renient ni l’héritage des Clash, ni celui de Public Enemy ou de King Prawn, les ainés anglais. Car leur musique oscille entre punk-hardcore furieux, ska sautillant, sensibilité reggae, et lourdes influences rap / jungle.
On sent, dès le premier titre de l’album, « Do It Today » (ça dit bien ce que ça veut dire), une urgence dans le style, une folie tout juste maîtrisée, une envie d’en découdre sans délai. Le suivant, brulôt punk au phrasé parfois emprunté au rap qui inclue ça et là des contretemps ska ultra rapides est du même acabit. On remarquera dans le groupe une véritable propension à chanter à plusieurs, la voix de Laila étant souvent accompagnée par celle de Ben (guitare) ou de Barney (basse.) La folie punk se poursuit plus loin avec un autre morceau bien nommé, « Bigger Than Punk-Rock », où le groupe s’amuse à un peu de name-dropping en citant quelques-uns de ses groupes préférés (Strike Anywhere, Minor Threat.) Mais le titre n’est pas uniquement punk, même si c’est l’impression générale qui s’en dégage.
Dans la plupart de ses morceaux, SB6 utilise des éléments empruntés au ska et pose souvent un flow hip hop sur sa musique furieuse. Les chansons sont très travaillées, la construction n’est pas binaire et les breaks sont légion. D’où une première impression de complexité à l’écoute de l’album. Il faut en fait persévérer, écouter et réécouter le disque. Si possible se concentrer, car c’est à ce prix qu’il se révèle vraiment.
En effet, la galette réserve aussi quelques petites perles plus roots, comme ce « All In », excellent ragga chanté par Coolie Ranks, ex-chanteur de The Toasters, ou le long reggae final, « Until The Sunlights Comes » (cette ligne de gratte !) où la voix de Laila ressemble à celle de la Gwen Stefani des grands jours. Sonic Boom Six réussit l’exploit de frapper fort dans le hardcore sous amphet’ comme dans le reggae le plus planant. La fusion pratiquée par le groupe est à son apogée sur « Don’t Say I Never Warned Ya », où un sample de The Selecter (« The Selecter ») est utilisé en boucle, mêlé à des arrangements dub avec chant ragga et quelques sifflements de cuivres utilisés avec parcimonie.
Sonic Boom Six donne un grand coup dans toutes les fourmilières et défonce les frontières entre les genres. Si vous tombez les œillères, aucun doute que vous serez conquis par le style inimitable de ces anglais.
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