Sonic Boom Six - Arcade Perfect

Contexte :

Deuxième album de Sonic Boom Six, « Arcade Perfect » sort fin 2007 sur le propre label du groupe. Une volonté d’indépendance ? Certainement, pour ce groupe engagé au son reconnaissable entre mille, qui a décidé de ne ressembler à pas grand-chose de ce qui se fait déjà sur les scènes punk et ska du monde entier.

Chronique :

Il existe des groupes punk, des groupes ska, des groupes ska-punk... Mais ces cases sont trop étroites pour Sonic Boom Six. Car si le ska et le punk sont leurs genres de prédilection, ils usent et abusent avec la même délectation du rap, de la jungle, du hardcore, de l’électro et même parfois et évidemment du reggae. Alors pour les petites cases bien strictes, il faudra repasser.

Ici, le style du groupe s’affirme. La folie du précédent opus pouvait parfois être à deux doigts de leur échapper, mais là, on a affaire à un album plein de maîtrise. Et d’une richesse mon bon monsieur !… Prenons « Tell Me Something That I Don’t Know ». Dès la première écoute on pense à qui ? Specials ? Asian Dub Foundation ? Fugazi ? Hé nan, on pense à Moby. Etonnant ? Effectivement. Sonic Boom Six EST un groupe étonnant !

La recette du disque précédent est ici respectée. Les genres sont mélangés et une fois de plus, de multiples écoutes se révèlent nécessaires pour tirer la substantifique moelle de cette bien belle galette. On sent dans le disque une impression tellement british. L’accent mis à part, il serait difficile de croire que ce groupe est américain ou canadien. Comme si Sonic Boom Six (ou Supergrass ou Dead 60’s) était un groupe intrinsèquement britannique, jusque dans ses gênes, dans sa façon de chanter, d’interpréter, de ressentir les choses, de raconter les histoires… Comme si la voix de Laila apportait à elle seule toute une ambiance indo-pakistanaise sur les pavés humides de Manchester.

« Meanwhile, Back In The Real World… » est l’un des meilleurs moments du disque, grand ska rapide gorgé d’une énergie ici parfaitement canalisée (par la production ?). SB6 y va de son instant reggae avec « Flower » et ne délaisse jamais bien longtemps les sonorités punkisantes. Un excellent « Ya Basta », ragga/reggae/dub, apporte la petite touche jamaïcano-orientale qui va bien, et « September To May » me rappelle que Dance Hall Crashers fut un groupe plus influent qu’on avait pu l’imaginer.

L’envie de musique, de musiques (au pluriel), semble impérieuse tout au long de l’album, comme si Sonic Boom Six avait envie de tout faire maintenant, de tout vivre, de tout bouffer, les amis de Reel Big Fish, de Streetlight Manifesto ou de Big D, comme la mémoire des ainés britons, King Prawn, Specials, Clash… C’est probablement cette boulimie de sons qui pousse le groupe sur la route sans discontinuer depuis deux ans, et qui les fait s’investir dans les projets BabyBoom et Suicide Bid, comme si l’inactivité était une petite mort.

L’artwork, au style méta-communiste révolutionnaire entre Chine et ex-républiques soviétiques, est bien raccord avec les textes du groupe. Un soleil de plomb qui colore le monde en rouge, une ville foisonnante émergeant au pied d’une montagne séculaire et quatre aventuriers qui portent la guitare comme une mitraillette et qui sont prêts à en découdre, ici et maintenant. Classe ! Sonic Boom Six est assurément un grand groupe pour l’avenir.