Motion City Soundtrack - I Am The Movie

Contexte :

Après 3 années d’existence et un premier EP sorti deux ans auparavant, Motion City Soundtrack signait en 2002 la sortie de son premier album. Produite de façon indépendante, la galette ne tarde pas à faire mouche en parvenant aux oreilles des gens d’Epitaph. Une aubaine pour nos cinq garçons plein d’avenir qui, après un petit retour en studio et une remise en boite, ressortent leur skeud agrémenté de 4 titres supplémentaires un an plus tard sur le très reconnu label de Mr Brett.

Chronique :

Ainsi, s’il y a quelque chose que l’on ne peut pas nier en parlant de MCS c’est qu’ils ne doivent leur percée qu’à leur talent. D’ailleurs il ne faut pas oublier non plus qu’à l’époque de la signature du groupe de Minneapolis sur le célèbre label de Bad Religion et autres Pennywise, Epitaph n’avait pas encore pleinement entamé sa vague de nouvelles recrues mécheuses à la musique au moins toute aussi douteuse que leurs goûts vestimentaires. Certes, il n’est pas rare, et peut-être pas tout à fait injuste, de désigner Motion City Soundtrack comme faisant partie des fers de lance de la nouvelle garde du label à la pierre tombale. Cela dit si toute les signatures d’Epitaph de ces dernières années avaient été du même acabit que MCS, ce qui n’est malheureusement pas le cas, le label aurait meilleur mine aujourd’hui.

Bien que rangé dans la catégorie pop-punk, à l’époque le groupe ne possédait pas encore ce son sans trop de saveur à l’arrière goût de mélodie préfabriquée qu’il nous livrera sur son troisième album. Pas même ces arrangements pop-rock qui se feront plus présents sur le très bon Commit This To Memory, même si en fouillant un peu certains pourraient faire remarquer que des titres tels que « Autographs & Apologies » annonçaient déjà les couleurs du futur jeu du groupe. Et encore ! Car même parmi les titres les plus mélodiques il réside toujours un riff, un arrangement, une partition de clavier et bien d’autres outils qui, tout en conservant le côté charmeur et posé du morceau, permettent de justifier que la particule « punk » accrochée au cul du « pop » n’est pas là que pour faire jolie (« A-Ok », « Mary Without Sound »).

D’ailleurs sur ce premier album l’heure était plus à l’énergie qu’à la mélodie (ce qui n’empêche pas celle-ci d’être présente avec succès) car ne vous y tromper pas : si le groupe possède un clavier ce n’est surement pas pour nous jouer des ballades, surtout pas quand derrière l’instrument s’agite un trublion comme Jesse Johnson, toujours prompt à s’agiter, décoller dans tous les sens, voire à s’accrocher aux murs ou aux plafonds en concert. Cela se ressent parfaitement sur des morceaux comme « My Favorite Accident » (où l’intro au piano classique n’est là que pour nous tromper sur la nature de la chanson tout en y apportant un certain charme), « Don’t Call It A Comeback » et ses passages presque « rageurs », ou bien encore « Capital H », seul rescapé de l’EP Back To The Beat et qui viendra vous redonner un bon coup de peps.
Même lorsque le jeu semble se calmer les titres gardent une fraicheur et une énergie qui fait plaisir à entendre comme avec « The Future Freaks Me Out », que l’on découvre toujours comme si c’était la première fois au fil des écoutes : surement le titre le plus marquant de l’album et qui ne manque d’ailleurs pas de clôturer les live du groupe.

Une énergie à revendre savamment tintée de mélodie, l’originalité du clavier, la surprise du groupe que l’on n’attendait pas, à l’époque I Am The Movie avait tout pour plaire, et a d’ailleurs tout pour plaire aujourd’hui. Oubliez le très décevant Even If It Kills Me ou la soupe au mascara livrée par les groupes « à la mode », enfoncez-vous dans votre fauteuil, laissez votre regard se perdre par la fenêtre, appuyez sur play et… que le film commence.