Against All Authority - The Restoration Of Chaos And Order

Contexte :

Alors qu’on les croyait morts (ce qui n’était qu’à moitié faux) depuis 2003 et le départ de leur batteur, les keupons adeptes du D.I.Y. relevé au ska de Against All Authority reviennent en 2006 avec un nouveau batteur en la personne de Mack Proenza. Et bien évidemment un nouvel album sort, unes fois n’est pas coutume, chez Hopeless Records.

Chronique :

Un artwork représentant une nuée d’hélicoptères aux milieux desquels volent joyeusement des éléphants (le symbole du parti républicain) tout droit sortis d’un fête foraine, on sent tout de suite que la sauce va être épicée, pour certains plus que pour les autres d’ailleurs. Impression confirmée par les premières paroles venant nous chatouiller les oreilles sur l’intro de « The Restoration Of Chaos And Order » et qui ne sont ni plus ni moins celles de Georges W. Bush Jr déclarant : « You’re free. And freedom is beautiful. And you know, it’ll take time to restore chaos and order. But we will. ». La phrase est issue d’un discours adressé au peuple iraquien et fait partie des nombreux lapsus ou fautes de langage du "chef d’Etat".

Vous l’aurez donc compris : le groupe n’a pas changé (sur le fond du moins) et il ne laissera rien passé.
Ainsi, les textes restent pour la plupart engagés dénonçant la politique du gouvernement US (« The Restoration Of Chaos And Order »), la sur-médiatisation et l’apathie des téléspectateurs qu’il en résulte (« Sweet Televised Destruction »), critiquant la limite d’âge instaurée lors de certains concerts (à cause de la législation sur l’alcool aux Etats-Unis certains concerts sont réservés aux plus de 21 ans, âge légal de consommation d’alcool au pays de l’Oncle Sam) sur « All Ages Show Tonight », ou bien encore rendant un hommage à Brian Deneke, un jeune de 19 ans assassiné simplement parce qu’il était punk (« Sunshine Fist Magnet »).

Pour ce qui est de la forme, on ressentait déjà une forte mise en retrait des cuivres sur 24 Hour Roadside Resistance et ce n’est pas avec cette nouvelle galette que les choses vont s’arranger, d’ailleurs ceux qui découvriront AAA pour la première fois pourront se demander où se trouve le petit côté « ska » du groupe. En effet, les passages cuivrés sont plutôt rares, et il ne faudra compter que sur quelques incursions de trompette comme sur « Radio Wave », « Best Enemy » ou bien « Sweet Telivised Destruction », pas vraiment de quoi qualifier cette monture de ska-punk donc.

Cette faiblesse des cuivres se fait au profit d’un son plus hardcore, ce qui rend d’ailleurs plutôt bien et permet d’offrir des morceaux tout en puissance tels que « Sunshine Fist Magnet » ou encore l’énergique « I Just Wanna Start A Circle Pit » qui vous donnera immédiatement l’envie de tourner en rond au milieu de votre salon, inutile de dire que l’effet doit être garanti en concert. Et puisque l’on parle de hardcore sachez que les amateurs de vinyles seront récompensés par une piste supplémentaire, à savoir une reprise des Dead Kennedys : « Holiday In Cambodia », sur laquelle les « Pol Pot » finaux ont soigneusement été remplacés par des « George Bush ».

Une mayonnaise qui prend forme en début de disque mais retombe sur la fin de l’écoute, laissant un arrière goût lisse, la faute à des morceaux trop semblables faisant apparaître une certaine lassitude sur la longueur. Dommage car le disque contient également son lot de titres accrocheurs comme « Sunshine Fist Magnet », « I Juste Wanna Start A Circle Pit », « Sweet Televised Destruction » ou encore « Silence Is Golden But Duct Tape Is Silver » où les paroles, portées par le timbre toujours aussi postillonneur, mais terriblement accrocheur de Danny, trouveront toute leur ampleur à travers les alternances passages calmes/guitare saturée.

Un album agréable et facile à écouter donc, un peu trop peut-être pour être inoubliable et passer au-delà de "la galette à tourner en fond sonore", ce qui ne nous empêchera pas de revenir sur une paire de chansons ayant conservé l’énergie du groupe d’antan.