The Dillinger Escape Plan + Poison The Well + Stolen Babies @ Elysée Montmartre (Paris)
Date : 27 mars 2008 par Fuckin Asshole
Pas décidé à lâcher mon tennis, j’hésite longuement avant de prendre une décision intelligente : allez hop on annule le sport, et on va au concert de Poison The Well et The Dillinger Escape Plan... Deux super groupes dans un même concert et une bonne salle, il n’aurait pas fallu hésiter plus longtemps ! "Pourquoi ? Je vais vous le dire." (méthode Sarkozy). Parce que l’entrée sur place coûte 32 euros, alors qu’en réservant c’est 28 soit 4 euros de décalage ce qui n’est pas négligeable ! Et évidemment, il faut payer en espèces. Autre problème, en arrivant avec mes potes à l’Elysée Montmartre, pas moyen pour eux de poser leurs manteaux, ils ne font pas de vestiaire ce soir-là ! Et pourtant il fait une de ces chaleurs dans la salle !…
Revenons-en à la musique. Le premier groupe passe, Stolen Babies. J’avais prévenu mes potes : un truc spé style psyché à moitié électro, et bien en gros c’est ça. Sauf que c’est une nana au chant, habillée en fée clochette sans le décolleté plongeant et la mini jupe déchirée, que tous les mecs du groupe sont en robes, fardés comme pas permis, chapeaux haut de forme, coupe de cheveux à la Edouard Aux Mains D’Argent… Bref, vous voyez le tableau. La chanteuse a du coffre (parfois, qu’est-ce qu’elle braille !), une belle voix claire, elle joue de l’accordéon, il y a un clavier à la gothique, des bons plans de batterie "tougoudougoudou"... L’ensemble est bien enchaîné, énergique, mais franchement je ne rentre pas dedans, et bien d’autres non plus. Au niveau du son, il y a vraiment trop de voix (c’est plutôt l’inverse que l’on reproche en général). Je pense qu’il faut être familier avec ce genre de délires pour apprécier le groupe à sa juste valeur.
Puis, vient le tour de Poison The Well, que j’aurais plutôt imaginé terminer le concert. Mais un de mes amis me rétorquera "Quoi, The Dillinger Escape Plan avant Poison The Well ? Ce n’est quand même pas du même niveau !". Je suis abasourdi. Pour moi c’est kiff-kiff les deux groupes, sauf que dans mon esprit Poison The Well est censé être plus populaire que les tarés de DEP.
Et pourtant il s’avère qu’il a raison. C’est bien Poison The Well qui joue. Je les avais déjà vus avec ce même pote, à la Boule Noire, et c’est resté un très bon souvenir. Quand le groupe commence à jouer, je m’avance au plus proche de la scène pour être bien dans l’ambiance… Mais là, déception, un troupeau de personnes casse les pieds à prendre des photos… Putain, ça me gave ça. C’est un concert, un bon moment à passer entre nous, un moment de partage, on n’est pas en train de visiter un zoo, bordel ! Fuck le star system, les poseurs et toutes ces merdes. Je tente à un moment de lancer un ersatz de pogo (j’y crois pas ! Ce n’est pas aux vieux comme moi de faire ça quand même !). Ça tourne un peu mais ça capote très rapidement. Le public n’est ni très réceptif, ni très enjoué, et on peut lui en vouloir. Si certains groupes ne reviennent pas ou évitent de jouer en France (donc en général, au moins à Paris), je suis sûr que c’est aussi pour ça. Est-ce dû au stress de la vie parisienne ? Pourquoi sommes-nous si coincés ? L’obsession du "qu’en dira-t-on" ? Ou alors, est-ce que ce soir-là, personne ne connaît le groupe et vient surtout pour voir The Dillinger Escape Plan ?
Moi non plus je ne suis pas dans l’ambiance. Je commence à me poser la question à savoir, est-ce que je commence à faire partie de ces gens blasés des concerts ? J’avais vu Poison The Well un an plus tôt et j’étais euphorique… Ce n’est pas possible d’être aussi vite usé !?...
Peut-être qu’il y a plusieurs explications. Poison The Well prend de l’âge. Ils jouent peu de morceaux de l’excellent "You Come Before You" (on dirait qu’ils ne se rendent pas compte de la valeur supérieure de cet album par rapport aux autres), se concentrant sur des titres lents, dont ceux de "Versions" ; où allant lorgner vers du métal braillard classique (issu surtout de "Tears From The Red") qui manque du relief… Cependant, ça reste un pur groupe. Le chanteur est doué ; tout ce qu’il fait est nickel (chant clair / voix hurlée). Il a beaucoup de charisme ; rien que par sa posture il en impose terriblement. Pince-sans-rire, il nous montre ses chaussures : "elles sont bien non ? je les ai achetées cet après-midi !" (ahaha !). Je n’ai pas entendu de pains ou quoi que ce soit, mais Poison The Well devrait dynamiter sa setlist en live. En concert, on aime que ça mule !
Bref, après cela, petite entracte de nouveau, et The Dillinger Escape Plan est sur scène. Les balances sont nettement moins pénibles qu’avec Poison The Well (ou alors faut aimer entendre taper sur les toms pendant des plombes), et le son est tout aussi correct. Au bout d’un temps, les lumières s’éteignent (c’était resté allumé pour Poison The Well) et j’espère secrètement que l’ambiance sera au rendez-vous avec ce groupe. Le chanteur de Poison The Well a auparavant vanté les mérites de DEP en live, et portait même un t-shirt du groupe… "On verra" me dis-je. Et bien, dès l’extinction des feux, il y a une l’atmosphère qui présage la tempête après le calme. Et dès le début du set, une partie du public se lâche. Un soulagement, en me rapprochant de la scène, encore mieux, ça bouge comme pas permis. Et j’arrive au point crucial : "43% Percent Burnt" un des tubes de "Calculating Infinity" ! "Déjà ?" me dis-je…
Je bouge comme un taré, comme un petit jeune de 16 ans, téméraire, un peu foufou, pareil qu’aux meilleurs concerts punk que j’ai fait dans ma vie.
Quelque temps dans l’ambiance, et je vois derrière que mon pote fan de The Dillinger Escape Plan a rejoint la masse, lui aussi à fond dedans (ce n’est généralement pas trop son genre). Avec les lumières, stromboscopes, des moments où il fait complètement noir et où tu t’aventures dans le noir dans la fosse aux lions, tu ne sais pas où tu mets les pieds et ce que tu peux prendre dans les dents à tout moment. Et alors là c’est un grand moment de sensation forte / d’euphorie. Heureusement l’ambiance est bon enfant ! Le chanteur, les guitaristes n’hésitent pas à monter sur les piles d’ampli, à s’agripper aux échelles qui servent à installer les projecteurs, le chanteur grimpe même au plafond de l’Elysée Montmartre et redescend pile au moment pour enchaîner son couplet. Un monsieur muscle ce gars-là en comparaison des autres (une sorte de Jésus pour l’un, une espèce de cake tektonik et des gars au look plus classiques).
Niveau musical, c’est grandiose. Juste un petit coup de mou avec une ou deux chansons, même s’il y a aussi des passages un peu trop "nananana sea, sex and sun", vraiment décalés par rapport au son originel du groupe. Je connaissais assez bien les albums "Calculating Infinity" et "Miss Machine", qui rendent vraiment bien en live. Mais à mon avis "Ire Works", le dernier album, est aussi loin d’être un ratage, vu ce qu’a donné l’ensemble des chansons jouées ! Je peux vous garantir qu’avec le côté rock’n’roll bien marqué, ce qu’ils ont de métal FM, leur aisance dans les passages jazzy, leurs rythmiques à rigueur mathématique loin du classique refrain/couplet/pont, vous compenserez amplement la froideur, et l’extrême violence de leur musique…
La variété de leur son (attention, je ne dis pas qu’ils font de la variété !) est un point fort, et au contraire de ce que pensent d’autres, je dirais qu’ils ont bien fait de ne pas s’enfermer dans ce qu’on entendait dans "Calculating Infinity" (même si cet album reflétait déjà l’éclectisme du groupe). The Dillinger Escape Plan est un pur groupe de scène. Ce soir-là, je ne pensais pas avoir une aussi bonne surprise. Je suis content que ce groupe ait assuré, je suis content qu’une partie du public se soit décoincée et ait véhiculé une ambiance énergique et conviviale, je suis content qu’il y ait eu une organisation pour faire venir ces mecs-là, je suis content de la qualité du son, et je suis content d’être content !
Et vous le serez tout autant si vous allez les voir, pronto ! Go,go, go !
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