Keepin’ 6 - Uncensored

Date de publication : 26 avril 2008 par Vince

Contexte :

Enregistré en 2006 et sorti en 2007 sur Stereo Dynamite Recordings, ce premier album de Keepin’ 6, groupe de Mississauga au Canada (banlieue de Toronto), arrive un peu comme un cheveu sur la soupe, pas tout à fait dans les délais puisque pour ce qui est du succès, Sum 41 est passé par là il y a déjà longtemps. Mais Keepin’ 6 se chauffe d’un autre bois (ben oui ça se passe au Canada cette histoire, le bois ils connaissent) et apportent dans leur baluchon autre chose qu’une pâle copie du travail de leurs ainés.

Chronique :

D’abord, s’il y a des groupes nord-américains qui se plaisent à copier les papys de Rancid et l’écurie Hellcat, ça n’est pas le cas de Keepin 6. Les quatre branleurs ont une dégaine de kids normaux, à part le chanteur qui lui a un style bien particulier, loin de ce bon Tim Armstrong. Un froc hyper large, des cheveux long filasses, un chapeau en feutre qu’il a du piquer à Philip Marlowe (ou plutôt au clodo qui avait piqué le chapeau de Philip Marlowe) et une paire de Ray-Ban totalement hors-sujet. Voilà pour les gaillards qui ne doivent pas avoir beaucoup plus de 18 ans.

Côté musique, Keepin’ 6 nous sert un ska-punk sans cuivres, parfois plutôt punk-ska qui puise son inspiration du côté de Suicide Machines (et oui quand on fait du ska-punk sans cuivres, c’est difficile de ne pas leur ressembler), mais surtout du Canada (tiens tiens) de Subb (une référence), de The Flatliners (ils n’habitent pas loin et apparaissent dans les choeurs) et même de Billy Talent pour le côté lyrique un peu braillard (pensez surtout à Pezz, Billy Talent avant qu’ils ne changent de nom).

C’est ultra énergique, vous vous en doutez, le chant notamment, pas très roots pour le ska évidemment, mais pas bourrin non plus… au contraire, la furie de ces jeunes gens pleins de foutre et d’hormones est parfaitement maîtrisée. Mais comment dire… La musique de Keepin’ 6 est chaotique. Mais le chaos est organisé (je sais c’est dur à comprendre comme concept). Le passage les plus punk sont entrecoupés de ruptures ska et parfois même d’un phrasé un tantinet ragga (un tantinet j’ai dit ! Oh les punks, ne vous barrez pas comme ça !) comme sur l’énorme « Breakdown ». Et comme les 11 titres sont mangés en 28 minutes, vous imaginez bien que ça va vite et que ça dure souvent moins de 2 min 30.

Difficile d’isoler des parties sur ce disque, puisque tout est assez équilibré. Pas de passage plus ska ou de passage plus punk. En fait c’est à l’intérieur même d’une chanson que les breaks s’opèrent. Mais pour vous faire une idée assez précise, écoutez commencez par la première chanson du disque (ça c’est original !), « Illusion », l’une des meilleures… Contretemps ska, voix qui crache sa rage à la face du monde, gros refrain punk avec des chœurs énormes…TUBE ! Pouah ! Enorme début d’album. Le truc qui laisse scotché.

« Forget It » est un peu construit de la même manière, malgré une intro plus calme et des parties ska plus posées. L’énergie punk est toujours la même. Je parlais plus haut d’un cousinage avec les ainés de Billy Talent, et bien ce cousinage est confirmé avec le début de « Look @ Whatcha Got », qui pourrait passer pour du pillage si le groupe ne passait pas vite à un contretemps qui fait toute la différence. Pour « Endzone V.11 », là c’est clair que l’influence vient de Subb. Bon on est loin du clonage Time Again/Rancid mais il va falloir surveiller. « Handle It », avec son petit sifflement de clavier est certainement l’un des meilleurs titres de la galette. Le single potentiel c’est « LT (Stop Tellin’ Me Lies) », ska-punk ultra efficace.

C’est assez incroyable qu’un groupe aussi jeune puisse sortir un premier skeud avec une telle personnalité. Car même s’il puise son inspiration chez des groupes confirmés, Keepin 6 réussit à s’affirmer avec une facilité déconcertante. Une signature sur un plus gros label pourrait leur donner une plus forte visibilité (encore que Stereo Dynamite a l’air d’avoir des affinités avec EMI) parce que là, j’ai eu la chance de tomber dessus au hasard de myspace (comme quoi on peut toujours crier « fuck myspace » mais on y fait quand même des vaches de découvertes).

Le disque se termine par « 1086 », dernière tuerie d’un disque qui fait déjà figure de référence. « La valeur n’attend pas le nombre des années », en voici la preuve.



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BIOGRAPHIE DU GROUPE


Keepin’ 6


Note : 18 / 20

Année : 2007

Durée : 28 minutes

Label : Stereo Dynamite Recordings

Tracklist :

01. Illusion
02. Scapegoat
03. LT (Stop Tellin' Me Lies)
04. Forget It
05. Look @ Whatcha Got
06. Step Back
07. Handle It
08. Endzone V.II
09. TFY 634
10. Breakdown
11. 1086