Houston Swing Engine - The Tiger Flamboyant

Contexte

Après un EP prometteur sorti en 2001, puis un premier album, The Smell Of Horses, paru en 2003 et prouvant tout le talent de ces suisses, The Tiger Flamboyant était particulièrement attendu. Et on peut dire que cet opus n’a pas déçu les fans. Pour ce disque, Houston Swing Engine quitte Gentlemen Records (label du premier effort) pour Ronald Reagan Records. Mais la galette ne sera disponible qu’un an plus tard en France via le label At(h)ome.

Chronique

La première question me venant à l’esprit, avant d’insérer ce Tigre Flamboyant dans ma chaîne, est : "comment HSE va-t-il réussir à repousser les limites déjà bien lointaines de The Smell Of Horses ?". Et bien, en un peu plus de quarante-cinq minutes, les helvètes répondent brillamment à cette question. En effet, avec cet album, le quatuor a su évoluer tout en conservant sa forte identité musicale. On retrouve ce mélange si détonant de hardcore et de stoner, ce son de gratte version tronçonneuse et cette basse vrombissante. Par contre, l’ambiance générale dégagée par cet opus est légèrement moins sombre que sur le précédent effort. Une impression sans doute créée par le chant, moins souvent braillard, même si Danek s’arrache tout de même plus régulièrement les cordes vocales qu’il n’y passe du baume. De plus, les interludes plus calmes reluquent toujours du côté du stoner, mais dans un style un peu moins pataud, voire un peu psychédélique à la manière d’un Queens Of The Stone Age période Lullabies To Paralyze et Era Vulgaris ("The One Who Follows", "Oh Lord Be My Beast").

Toujours aussi profonde et rageuse, la musique de HSE prend aux tripes, dès "Instrument.1", chanson instrumentale débutant l’album, et ne finira de dérouler vos tripes que trois-quarts d’heure plus tard.
Les innombrables changements de rythmes, cette capacité à monter en puissance lors des passages moins bourrins, et cette voix si écorchée, intensifient admirablement la musique du combo. Mais, outre cette alternance parfaitement maîtrisée entre férocité animale et calme oppressant, les suisses sont capables de sortir des riffs puissants, monstrueux, époustouflants, ingénieux et, surtout, incroyablement efficaces ! Notamment sur l’ahurissante "Good Boy", chanson quasi parfaite donnant une irascible envie de mosher tout seul dans son salon, d’envoyer coup de pieds et coup de poings dans les airs et de s’exploser les orteils dans la table basse (qui a dit « ça sent le vécu ! » ?).

Un titre tellement génial qu’il éclipse un peu les autres morceaux à la première écoute de l’album. Pourtant, par la suite, comment être insensible à la fureur d’« Evil Clutch », à l’intensité de « The One Who Follows », à la fougue « The Tiger Flamboyant » ou à la brutalité de « Gasoline, Vodka And Hot Bullets » ? Un album finalement bourré de hargne, d’émotions et de brûlots stoner-hardcore. On regrettera juste l’absence de relents rock’n’roll, auxquels nous avaient habitués les Suisses sur leurs précédentes réalisations.

Il n’est jamais évident de réaliser un album après un opus de la qualité de The Smell Of Horses. Mais Houston Swing Engine a relevé le défi de bien belle manière. Bouillonnant, agressif, intense, tel est ce Tiger Flambloyant. Peut-être un peu moins cacthy, un peu moins groovy, mais toujours aussi compact, aussi puissant et aussi énervé que l’Odeur Des Chevaux. Suite de l’aventure HSE en 2007 avec la sortie de Entre Hommes, le troisième album des Suisses. Les gaillards n’ont pas fini de faire parler la poudre !