Houston Swing Engine - The Smell Of Horses

Date de publication : 10 avril 2008 par Fab

Contexte

Les quatre larrons de HSE ont joué dans pas mal de groupes avant de fonder Houston Swing Engine. D’où une expérience, une maîtrise, que l’ont ressentait dès le premier EP du combo, Greatest Hits, et qui s’affirme un peu plus sur ce premier album, The Smell Of Horses. Pour ce premier « long jeu », le quatuor a quitté Headstrong Records pour rejoindre Gentlemen Records, label de leurs potes Favez et Pendleton.

Chronique

Cet album s’intitule en fait, The Smell Of Horses (the complete studio sessions, 2001-2002). Mais pas d’inquiétudes, il ne s’agit pas là d’une compilation de titres parus à droite à gauche, mais bien d’un album dans son entier. Une simple boutade que semble apprécier le groupe qui avait déjà intitulé humoristiquement son premier EP cinq titres : Greatest Hits...
Alors, HSE : quatre petits rigolos qui font de la musique par dessus la jambe ? Et bien paradoxalement non. La musique du combo est même à l’opposé de la plaisanterie. Le groupe s’amuse plutôt à vous triturer l’esprit sans vergogne, à vous chatouiller le cervelet avec délectation, à vous compresser brutalement le thorax pour mieux vous oppresser ensuite, dans une dernière salve de violence.

Difficile, à l’écoute de The Smell Of Horses, de ne pas tressaillir de manière incontrôlée, hurler à s’en faire péter les veines du cul, gesticuler comme un pantin désarticulé. Bref, de vivre cette musique comme la vivent ces énergumènes qui la composent. On sent que les suisses y ont mis toutes leurs tripes, toute leur rage et toute leur folie, qu’ils se sont saignés à blanc et qu’ils ont déposé leurs parties les plus intimes sur la table pour réaliser cet album littéralement viscéral.

Aller, comme il faut faire des comparaisons, disons que HSE peut rappeler Akimbo à certains égards, notamment ce son lourd, sale, empli d’intensité, sans oublier ce mélange de stoner et de hardcore propre au Ricains. On peut également entendre un peu de Refused, pas pour le son cette fois-ci, mais pour ces changements de rythmes effrontés, cette alternance entre passages bouillonnants et interludes plus calmes.
Le quatuor indique dans sa bio qu’il joue fort, très fort. Et, étrangement, même dans mon salon-cuisine-chambre (les joies du studio), je trouve que la musique de Houston Swing Engine s’écoute à un volume particulièrement élevé. Alors montez le son, faites de la place devant votre chaîne, prévenez (ou pas) vos voisins, éloignez votre hamster, Houston Swing Engine débarque, et ça va saigner !

L’album débute par la tonitruante « Gay Rodeo » (allez savoir la signification de ce titre, sachant que les paroles ne sont pas inscrites dans le livret et sont difficilement compréhensibles à l’écoute). En tout cas, ce premier titre est crade, oppressant et... époustouflant, les quelques phrases de basse chaloupée aérant avec brio le morceau. Un morceau où l’intensité est déjà palpable, notamment grâce aux montées en puissance entre les passages plus lents et ceux plus rentre-dedans. La batterie est affolante (on reconnaît le passé death métalleux du cogneur de fûts), le son de gratte est plus proche de celui d’une tronçonneuse que de la six cordes d’Henri Dès et la voix aussi arrachée qu’un cerf en rut.
Puis, HSE ralentit le tempo et alourdit encore ce son tout droit sorti d’une coucherie entre Kyuss et Fu Manchu (« Accumulator »). Une lenteur d’exécution toute stonerienne que l’on retrouvera tout au long de la galette, par intermittence. Certains n’apprécieront d’ailleurs sans doute que moyennement ces incartades massives, les autres (dont je fais partie), ceux ne rechignant pas à écouter un Kyuss, un Monster Magnet ou un Nebula de temps à autres, seront au contraire comblés par un tel mélange. Un mix que l’on retrouve sur les titres suivants, et qui est poussé à son paroxysme sur la géniale « The Smell Of Horses ».

Le groupe poursuit avec un cinquième titre, à moins que ce ne soit déjà le sixième… Je ne sais plus, car les morceaux s’enchaînent aussi bien que papa et maman... Cet album est plus une œuvre complète de quarante-quatre minutes et des brouettes que de simples morceaux mis bout à bout. Le résultat est du coup homogène et compact malgré ces influences diverses.

Finalement, le groupe s’ingénie à jouer avec nos sens tout au long de cette galette. Il s’emporte sur des passages très violents, clairement hardcore, tendant vers le screamo grâce à cette voix écorchée vive, puis il revient au calme avec des interludes lourds et pesants, à la rythmique souvent plombée. HSE possède également cette force de souvent mélanger ces éléments dans un seul et unique morceau, et non pas de faire un titre bourrin suivi d’un autre plus massif. On passe du drapeau vert, mer calme à peu agitée, au drapeau rouge, vents déchaînés et mer démontée, en quelques secondes.
Preuve en est avec la magnifique « Sweet Thirteen », furieuse au départ, soudainement calme (et au riff étonnamment léger), puis de plus en plus douce, avant de repartir tous les potars braqués dans le rouge. Justement placée, l’instrumentale et tranquille « Muchas Gracias Señorita » qui suit, permet de se remettre de ses émotions. Une accalmie d’une minute quarante, pas une seconde de plus, car le quatuor repart ensuite avec un riff monstrueux, ultra couillu, mais étonnamment dansant et terriblement rock’n’roll ("Harley To Hell").

Un dernier titre sulfureux, de plus de cinq minutes, bourré d’intensité, alternant une nouvelle fois entre hardcore et stoner, et la tempête cesse alors. Un excellent album repoussant les limites, réalisé par un grand groupe de la scène européenne qui en remettra une couche l’année suivante avec le très bon The Tiger Flambloyant.



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BIOGRAPHIE DU GROUPE


Houston Swing Engine


Note : 18,5 / 20

Année : 2003

Durée : 44 minutes

Label : Gentlemen Records

Du Son : SOUND

Tracklist :

01. Gay Rodeo
02. Accumulator
03. Sympathy For The Devil
04. Brian Molko vs Nigel Tufnel
05. Don't Start Me Up!
06. The Smell Of Horses
07. And You Thought Your Parents Were Weird...
08. The Boogie (take 2)
09. Dead Horse Riding
10. Sweet Thirteen
11. Muchas Gracias Señorita
12. Harley To Hell
13. Earth Girls Are Easy