Kemuri - Little Playmate

Contexte :

Pas le temps d’attendre. Dès sa première livraison, en 1997 – le ska a le vent en poupe – le tout jeune groupe Kemuri signe sur un important label américain, histoire de ne pas galérer pendant des mois au Japon et de se faire connaître dans le monde entier. Très vite, Kemuri acquiert une belle réputation aux USA où ce premier album a été enregistré. Il est co-produit par Mike Park himself, toujours passionné par les groupes asiatiques, et il est même présent en guest au saxophone. A cette époque, Kemuri n’a dans ses rangs, au niveau des cuivres, qu’un trombone à temps plein.

Chronique :

Qui dit premier album dit aussi son perfectible. En effet, le premier disque de Kemuri est bien produit mais un peu plus brut que les suivants. Ce son brut, que l’on pourra même regretter dans le futur.

Personnellement, ce premier album me fait penser au Quality Soft Core de Mad Caddies, sorti à peu près à la même époque sur Honest Don’s. Le travail des cuivres sur « Givin’up » ou sur « On The Street » rappelle aussi le gang de Santa Barbara.
D’emblée, Kemuri impose sa sauce ska-punk avec un brio certain. Le ska est encore fort présent à cette époque-là chez Kemuri, certainement parce que le genre est en haut de la vague aux Etats-Unis puisque Mighty Mighty Bosstones, Sublime ou Reel Big Fish y font un carton.
L’ambiance globale de Little Playmate est clairement à la bonne humeur. D’ailleurs, le premier titre du disque, « New Generation », fait déjà référence à la Positive Mental Attitude qui reviendra comme un gimmick tout au long de la discographie du groupe.

La facette punk-rock du groupe est ici plus brute, moins speed, moins hardcore en fait que sur les disques suivants. A la limite, l’influence est parfois presque plus anglaise qu’américaine. On n’est pas dans le skate-punk californien. Le ska de Kemuri est sec, incisif et précis. Déjà. Et cet album n’a pas le défaut de certains de ses successeurs : la platitude. Ici, Kemuri alterne déjà les titres furieux et les breaks ska bien posés, comme avec le magnifique instrumental « Sunset » et son solo de trombone, auquel vient se greffer le saxophone invité. Du grand art. Et pour donner du relief au disque, le titre suivant, « Live Up to Ya Right » (un peu leur « Get Up Stand Up » à eux), est beaucoup plus énervé quoique toujours ska(punk). Le refrain est puissant et la deuxième partie de la chanson ravira le plus indécrottable des crêteux.
Le meilleur titre de l’album est très probablement « Workin’s Dayz », un ska/rock bien foutu avec des riffs de cuivres percutants.

Bref, tout l’album n’est pas exceptionnel, mais pour une première livraison, Little Playmate contient déjà une poignée de petits bijoux qu’il serait idiot de ne pas découvrir. En tout cas Kemuri laissait déjà présager qu’il allait devenir une référence de la scène ska-punk internationale.