Lifetime - Background

Contexte :

Après avoir sorti son EP Ghost, en format vynile sur Break Even Point Records en 1992, Lifetime se fait une petite réputation aux Etats-Unis en contrastant totalement avec la scène New-York Hardcore du moment (Sick Of It All par exemple). Avec une direction plus mélodique que ces groupes, ils tournent aux Etats-Unis et décident de composer leur prochain album dans l’année. En 1993, leur premier effort, intitulé Background, sort sur New Age Records, label qui avait distribué leur première démo éponyme en vynile.

Chronique :

Nous voilà enfin prêt à chroniquer le premier album d’une des légendes incontestées du hardcore mélodique. Aujourd’hui, énormément de groupes avouent avoir été inspirés par Lifetime. Dès la première écoute, on est vite bluffé par la justesse de leur musique, et ils peuvent facilement être considérés comme des précurseurs du genre. Cependant, on peut prévenir les personnes qui ont uniquement écouté le dernier album (2007), le résultat en est tout de même assez éloigné, et ce premier effort est beaucoup plus crade que leur récent travail.

La bande à Dan Yemin, se démarque de toute cette scène Hardcore New Yorkaise du début des années 90, en privilégiant la mélodie au ton plus ou moins brute mais moins sombre qu’un Sick Of It All pour reprendre l’exemple. Ils amènent un côté positif, moins haineux et donc plus accessible à cette scène, et creuse le sillon déjà entamé par Gorilla Biscuits.
On ne peut pas nier que ce son reste propre aux groupes hardcore mélodique du New Jersey de l’époque, tel que les Bouncing Souls à leurs débuts. Effectivement, Background pourrait facilement être comparé à The Good, The Bad And The Argyle ou Maniacal Laughter, premières esquisses des « true believers » menés par Greg Attonito.

Les dix titres studio, qui composent l’album, représentent un savoureux mélange de hardcore avec de légères influences Street Punk, et des mélodies qui sonnent limite de la pop. Tout d’abord, Lifetime nous offre la somptueuse « You », qui plonge réellement bien l’auditeur dans l’album. Des passages rapides s’entremêlent à des moments d’accalmie laissant place à de très belles envolées de voix, magiquement interprétées par Ari Kartz. Les tubes s’enchainent et nous offrent un florilège de mélodies, aux sonorités presque proches d’Husker Dü.

Les fans de hardcore mélodique technique seront déçus et devront se satisfaire de compositions simplistes. Ceci n’empêche en rien l’album d’atteindre un haut degré d’ingéniosité grâce à des titres comme « Myself », au cultissime passage hardcore, ou « Alive », constituant tout deux de véritables tubes qui se démarquent réellement. Dans chaque musique, on reconnaît également les premiers riffs et idées qui donneront naissance aux légendaires Kid Dynamite.
Certains trouveront que toutes les pistes se ressemblent, et on peut leur conseiller de réécouter tous les petits arrangements, les petites subtilités du bassiste qui donnent lieu à de très beaux moments comme sur l’introduction de « Myself », et du jeu varié et très efficace de la batterie.

Sur une édition collector, sortie en 1997, le groupe fait cadeau de quelques pistes en live, et c’est avec plaisir que s’écoute ces titres (« You », « Thanks », « Bedtime », « Dwell »). Chacun fait du très bon boulot, malgré les quelques petits pains, et Ari Kartz impressionne, tant sa prestation est parfaite. Il est époustouflant sur tout l’album, et nous offre un spectacle variant entre agressivité et mélodies aériennes. Cependant, certains moments où la fausseté frôle légèrement son timbre de voix sont présents, mais cela reste tout de même très prometteur.

Background est sûrement le travail le moins abordable de Lifetime, mais il n’en reste pas moins excellent et surprenant quand on sait qu’il est sorti au tout début des années 90.