Voodoo Glow Skulls - Southern California Street Music

Date de publication : 19 mars 2008 par Tominardi

Contexte :

On les pensait mort. On avait brûlé leur cadavre, éparpillé leurs cendres aux vents des sept mers. On croyait enfin pouvoir couler des jours heureux. Les cérémonies et les délires morbides semblaient appartenir au passé. On était tranquille, pourtant, il y avait des signes annonciateurs. Des ossements de poulets étaient retrouvés en bas de nos fenêtres. Des poupées à nos effigies se retrouvaient dans nos affaires, tachées de sang, transpercées par des piques. Il faut bien se faire une raison : les Voodoo Glow Skulls sont de retour, et dans un corps décomposé, ils sont encore plus répugnants !

Chronique :

Le disque à peine avalé par la chaîne, il commence à tourner. Je me pose sur une chaise et profite des premières notes de ce Southern California Street Music pour me remémorer les dernières nouvelles que j’avais des Voodoo Glow Skulls. En grande difficulté depuis son passage sur Victory Records, le groupe avait annulé plusieurs de ses tournées européennes, pour des raisons obscures. Avec une section cuivre en décomposition, la bande des frères Casillas semblait connaître une fin indigne de son statut. J’en avais même sauté un épisode (Adicción,Tradición, Revolución n 2004), et puis on avait annoncé leur split.

Pourtant, ce Southern California Street Music est là et bien là. Comme une résurrection maléfique. A première vue, lorsque l’on regarde le packaging de ce disque, semble se matérialiser le manque d’inspiration des dernières années. L’artwork se résume à un dessin, utilisé en couverture, derrière le disque, sur le disque, sous le disque, dans le livret. Les polices d’écritures sont d’ailleurs peu en accord avec le style de ce dessin, ce crane qui nous fixe de ses orbites vides. "Cela n’est pas de bonne augure quand au contenu", pourrait on d’abord se dire.

Les dernières notes de "Exorcism" se terminent et n’ont pas suffit à me réconforter quand à la santé actuelle du groupe, la chanson étant bien, mais d’un classique !!! Puis les voilà qui mettent le feu à la piste de danse ("Fire In The Dancehall"). Les flammes semblent s’allumer dans la pièce, la cérémonie semble démarrer. Je me laisse peu à peu saisir par la musique que j’entends. Skacore à souhait, VGS jusqu’au bout des ongles. "The Ballad Of Froggy McNasty" suit, et peu à peu mon corps semble possédé. Une envie me prend de danser sur ce titre mid-tempo ska extrêmement bien servi par les cuivres.

Des cuivres qui, sur l’ensemble des titres du disque, sont d’ailleurs d’une pertinence devenue rare depuis la fin des années 90 sur la scène ska-punk. Malgré l’absence de trompette aux crédits, la section est vraiment efficace, utilisée d’une manière unique au monde. Jamais une autre section cuivre au monde n’a sonné et ne sonnera comme les cuivres des Voodoo Glow Skulls. Ils n’accompagnent pas simplement un punk-rock saturé classique, comme on le voit trop souvent. Ils ne sont pas superflus. Ils font partie intégrante des mélodies.

Plus les morceaux s’enchaînent et plus je perds le contrôle de mon corps. La puissance démoniaque de cette célébration vaudou détruit toute raison. "Discombobulated", "Home Is Where The Heart(ache) Is", "While My City Sleeps", le groupe enchaîne des morceaux tous aussi remarquables les uns que les autres, qui sont exactement ce que l’on attend du groupe. Le chant de Frank m’avait manqué, il revient, fidèle à lui même, les phrases découpées de façon nette, prononcées avec conviction, apportent au côté "core" du combo.

Maintenant, dans mon salon, 6 silhouettes célèbrent avec moi le vaudou, une tombe au centre de la pièce, sur laquelle nous dansons ("Dancing On Your Grave"). Sacrifice de cochon sur rythmes frénétiques, le monde s’arrête de tourner ("When The World Stop Turning"). Puis mon âme semble quitter mon corps, l’espace d’un morceau, "Southern California Street Music", qui donne son titre à l’album : je voyage à travers le temps, et me retrouve 20 ans en arrière, au commencement du groupe. Par je ne sais quel tour diabolique, le groupe est sur ce morceau comme il était sur ses premiers albums.

La suite, je ne m’en souviens pas très bien. Cet album, comme tous les derniers albums du groupe, est une anecdote. Le groupe lui seul est mythique, par l’ensemble de sa discographie, par ses concerts, par sa sonorité, par le fait qu’il soit un style à lui tout seul, le "skacore". La célébration touchant à sa fin, après deux morceaux toujours aussi diaboliques, je me réveille, les dernières notes de "Say Hello To My Little Friend" dans la tête, allongé au milieu de la pièce, choqué mais indemne. Le disque a étrangement repris sa place dans son boîtier. Ils sont donc de retour, nous ne trouverons jamais la paix !

Biographie du groupe


Voodoo Glow Skulls



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Note : 15 / 20

Année : 2007

Durée : 32 minutes

Label : Victory Records

Du Son : SOUND

Tracklist :

01. Exorcism
02. Fire in the Dancehall
03. Ballad of Froggy McNasty
04. Morning Air Raid Sirens
05. Discombobulated
06. Home Is Where the Heart(ache) Is
07. While My City Sleeps
08. Dancing on Your Grave
09. When the World Stops Turning
10. Southern California Street Music
11. Death Wish List
12. Say Hello to My Little Friend