Lifetime - Jersey’s Best Dancers

Contexte :

Une année après son second opus, Hello Bastards, Lifetime se décide à composer un EP intitulé The Boy’s No Good. Entre les différentes tournées en compagnie d’amis comme les Bouncing Souls, Ari Katz et sa bande décident de se remettre au boulot pour composer un troisième album. Fidèle à son label et son rythme de production, le groupe sort Jersey’s Best Dancers en 1997. Après quelques mois de pause, ayant permi à Dan Yemin de terminer ses études en psychologie, le succès de ce nouveau disque pousse le combo à organiser une tournée conséquente durant l’hiver. Pete Martin, second guitariste, quitte subitement le groupe en plein milieu du tour, remplacé par Frank Vicario de Snapcase. En 1998, le groupe annule le reste de ses dates prévues et décide de mettre un terme à sa carrière.

Chronique :

Comme à son habitude, Lifetime ne nous déçoit pas avec ce nouvel opus encore bourré d’énergie. Jersey’s Best Dancer est pour beaucoup l’un des albums qui a révolutionné le hardcore mélodique US. En même temps, si la plupart des groupes influents des années 90 à aujourd’hui le clament haut et fort, c’est sûrement pas pour rien. Les New-Yorkais peuvent être fiers d’eux puisqu’ils ont réussi à développer une musique unique au court des années, qui mixe hardcore et punk mélodique catchy donnant même lieu à quelques moments pop/punk. Leur son reste tout de même très typé à la manière des groupes originaires du New Jersey tels que les Bouncing Souls, et s’améliore avec le temps. Encore une perle parue chez Jade Tree Records, qui en a vu passer des grand noms (Good Riddance, Strike Anywhere, The Loved Ones, Jets To Brazil...).

A la première écoute, on peut remarquer que les compositions ne tapent pas toutes dans le tempo soutenu et que certains morceaux se veulent volontairement calmes à l’image de « Hey Catrine » et « Theme Song For A New Brunswick Basement Show ». Ces titres favorisent d’avantage la facette pop/punk, plus discrète sur les précédents albums du groupe, mais ils n’en restent pas moins tubesques et ils pourraient rappeler certains morceaux de None More Black. Lentes ou pas, les chansons ne dépassent jamais les 2 minutes 30, ce qui permet de ne jamais être lasser durant l’écoute et d’expédier des pistes efficaces, énergiques et accrocheuses.

Le groupe va donc plus loin dans ce qu’il expérimente et nous offre des morceaux plus violents que jamais, notamment « Bringin’It Backwards », d’une agressivité rarement vue chez Lifetime.
Cette fameuse recette de passages soutenus et de moments d’accalmie est toujours d’actualité et réserve d’excellents tubes comme « Cut The Tension », « Turnpike Gates », « Young, Loud, And Scotty » et la très rapide « How We Are ». Là encore on ne peut qu’être époustouflé par le travail de Dan Yemin et Pete Martin, qui délivrent de bonnes mélodies, à l’image de la mignonne « The Truth About Liars » (et ses fameux « whou-hou »). La basse est également très présente et groovy tandis que le jeu de Scott Golley n’a jamais été aussi inventif.

On a toujours droit à de bonne surprise de la part de Ari Katz qui s’améliore à chaque album, élevant réellement Lifetime au top. Une voix écorchée qui lui permet, comme Thomas Barnett de Strike Anywhere, de chanter les parties mélodiques et hardcore sans grande difficulté. Les passages où Ari s’envole littéralement sur la rythmique ralentie et aérienne de Scott sont purement jouissifs. En revanche, les textes restent dans la même veine que Hello Bastards, sur des thèmes réalistes oscillant entre sérieux et fun, sans grande prise de tête mais auxquels on peut facilement s’identifier.

Certains trouveront ce disque moins bon que Hello Bastards puisqu’il en est juste la continuité, cependant le son de Lifetime n’a jamais été aussi maitrisé que sur Jersey’s Best Dancers, du moins au XXème sicècle... Le groupe reviendra en effet 10 ans plus tard pour en remettre une couche.