Different Directions : The Last Show

Date de publication : 19 janvier 2008 par Roger

Contexte :

Après 7 ans d’existence et de tournées éreintantes, nos cinq coreux de Seattle décident de conclure leurs péripéties en cette année 2006. C’est dans un communiqué mis en ligne sur le site de leur label, Bridge Nine Records, que Jim Hesketh et ses acolytes annoncent la dissolution de Champion, le groupe étant devenu une obligation plus qu’un loisir pour eux. Ils nous quittent donc, après un unique album intitulé « Promises Kept » et la sortie de « Time Slips Away », compilation des deux premières démos du groupe. En cette triste occasion, Bridge Nine Records nous fait le cadeau de distribuer le DVD Different Directions, filmé lors du dernier show de Champion, le samedi 27 mai 2006 (et accompagné de son cd live).

Chronique :

On ne peut pas commencer la chronique d’un tel chef-d’oeuvre sans signaler le travail d’exception réalisé par High Roller Studio, notamment responsable de la réalisation de certains clips de Terror, This Is Hell, Everytime I Die... Il ne s’agit donc pas d’un travail à l’arrache, à l’image de la plupart des vidéos de concerts présentes sur les gros sites de streaming. Plusieurs caméras sont disposées un peu partout dans la salle (c’est quand même mieux), dont quelques unes utilisant le « Fish Eye View », typique des clips de skateboard. La salle est remplie à bloc, l’ambiance est là. On peut seulement regretter la présence d’un poteau en plein milieu de la scène. Comme c’est souvent le cas dans les shows hardcore, Champion était précédé de quatre autres prestigieux groupes, j’ai nommé : Allegiance, The Answer, Sinking Ships (groupe du frère de Jim), et enfin Outbreak. Le public est réparti un peu partout. Effectivement, outre le pit, pas mal de spectateurs sont présents de chaque côtés de la scène de manière à englober le groupe.

Quelques interviews du groupe, parsemées d’images d’archives, sont présentes entre certaines chansons, ce qui nous laisse le temps de souffler. Les membres y racontent les raisons de la formation de Champion, leur envie de sauver la scène hardcore de Seattle. Ils voulaient se différencier des bands tough guys aux influences métalliques et ont préféré se rapprocher du son de leurs références, à l’image de Gorilla Biscuits ou Chain Of Strength. Les gars expliquent aussi leur éternel passion pour les concerts, et que leur motivation a toujours été présente et sincère même dans les pires situations. Ils expriment également l’importance du mouvement Straight-Edge dans leur musique et leur évidente envie de défendre cette façon de vivre sur scène. Difficile d’aborder la question de la fin pour le groupe. C’est avec une émotion retenue que chaque membre donne ses impressions sur la dissolution de Champion, étape difficile à surmonter, avouant que tout cela va leur manquer. C’est en regardant la file d’attente devant la salle que le groupe se rende compte de son succès, insistant bien sur le fait que la rencontre de tous ces hardcoreux, venus du monde entier, est la chose la plus importante pour eux. Les fans sont d’ailleurs accostés par l’équipe avant le show pour donner leurs impressions sur la musique des cinq bonhommes de Seattle.

Passons maintenant à la prestation de Champion. C’est sous les acclamations que le groupe entame son set. Aux premières notes, toute l’équipe saute de partout. Jim mosh et assène des coups de poings un peu partout sur la scène. Les stage-divings débutent avec ferveur et ne s’arrêteront pas durant l’intégralité du show. Vous l’aurez compris, l’ambiance est là, le groupe a l’intention de se donner à fond et le public aussi. Ils démarrent donc sur « Promises Kept », et l’envie de partage se fait déjà sentir puisque le frontman laisse parfois plus de la moitié du chant avec les fans. Aram et Chris sont présents, croix à la main, et motivent les troupes, contrastant avec un bassiste un peu plus en retrait. Ils enchainent directement sur « Fourth Of July », on voit à peine le visage du chanteur, caché sous sa capuche. Au niveau des slammeurs, la mode est à celui qui portera le short le plus court et le plus flashy. Ce ne sont donc pas des hardcoreux mais bel et bien des figurants de la série Fame qui piétinent les personnes présentes dans le pit. On ne peut que se réjouir au premier roulement de « Decision Made » et en regardant les dernières phrases reprises par la foule en délire. Après un discours sur les Straight-Edge, « Different Directions » est évidemment de la partie, et c’est à ce moment là que le drame intervient. Un fan au short jaune, que nous surnommerons « Olaf Iotte » pour des raisons d’anonymats, percute Jim en plein visage. C’est avec l’arcade en sang qu’il terminera avec virulence sa prestation. Ne se laissant par abattre même dans les pires moments - (cf ses lyrics) - c’est avec courage et détermination que le groupe nous offre « Monument », Hesketh finissant allongé contre le premier rang. Cette pose fréquente est une manière de se reposer pour attaquer les hymnes que sont « The Decline » et « The Truth ». Difficile d’assurer un show à cent à l’heure, et pourtant c’est bel et bien le cas, le frontman lançant ironiquement au public : « Qui me bousille l’autre oeil ? ». Seattle est en flammes, ça transpire la sincérité, tout le monde est fou sur des titres comme « Time Slips Away ». Les gaillards n’oublient d’ailleurs pas de remercier le public avec « A Thank You Note »

Des invités prestigieux sont à noter, dernier concert oblige. Le premier guitariste vient donc marquer le coup sur « Left Your Mark », le sourire aux lèvres, remplaçant Aram, qui lui, passe à la basse, l’occasion pour Jim d’enlever son sweat. Le premier bassiste intervient aussi sur la première chanson que le groupe ait écrite, j’ai nommé la légendaire « The Insider ». Une émotion hors du commun vient posséder la salle, et une vingtaine de personnes envahissent la scène pour reprendre en choeur les paroles de cette chanson : « We won’t turn our back, we will stand strong ». Les rares qui trouvaient ça fade ou bien « too much » sur album seront surpris, ça prend toute son ampleur sur scène et ça devient même symbolique. Autres featuring : John Eightclip, frontman du groupe Allegiance, qui intervient un court moment à la fin de « Assume The Worst » mais qui réussit plutôt bien à faire passer le message. Matt de The Answer, prend également possession du micro sur « One Sixteen » mais a un peu plus de mal à contenir l’énergie du public qui lui pique littéralement, le mic’ et la vedette. C’est sur cette musique que le bassiste se lâche vraiment, soutenu par un jeu de batterie toujours aussi bien mené. Les spectateurs sur les côtés se font quelques fois surprendre par les slams des membres du groupe, particulièrement sur les titres « Come Out Swinging Intro » et « Harrison & Brodway ». Malheureusement, il est temps pour Champion d’annoncer la dernière chanson, et c’est avec émotion que le chanteur introduit « Next Year ». Ses larmes de tristesse se mélangent à sa larme de sang. Jim arrive à peine à finir ses phrases tant l’émotion est à son comble. Le public envahit une dernière fois la scène pour reprendre en choeur les dernières paroles que le groupe prononcera sur scène. Les amplis se débranchent, Chris et Andy slamment également sur les coreux présents.

Tout le monde est ému et s’enlace pour se soutenir mutuellement après un show intense d’une quarantaine de minute. Le générique défile sur ces images émouvantes. C’est la fin d’une étape, merci Champion.



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BIOGRAPHIE DU GROUPE


Champion


Note : 19 / 20

Année : 2007

Durée : 54 minutes

Label : Bridge Nine Records

Du Son : SOUND

Tracklist :

01. Promise Kept
02. Fourth Of July
03. Decisions Made
04. Different Directions
05. Monument
06. Decline
07. The Truth
08. Time Slips Away
09. Left
10. Thank You Note
11. Perspective
12. Assume The Worst
13. Insider
14. Miles To Go
15. 116
16. Next Year