No Fun At All - No Straight Angles

Contexte :

Deux années après la sortie de l’ EP "Vision", Jimmy le batteur chanteur quitte le groupe. Ingemar Jansson (chant), Kjell Ramstedt (batterie) et Krister Johansson (guitare) seront les nouveau venus pour ce premier album intitulé "No Straight Angles" accouché en 1994, en pleine explosion mondiale du renouveau punk rock. Mon premier contact avec la scène suédoise. Et quel premier contact !…

Chronique :

Découvrir No Fun At All (et la scène mélodique euopéenne en même temps) dans les années qui ont suivi leur séparation c’est pour l’ado de 14 ans, fan de Blink 182 et Sum 41, à la fois une révélation, et la suite logique d’un parcours où seront passés d’abord les références du punk californien tels Pennywise, Nofx, Bad Religion et Green Day. Lassé petit à petit des groupes de teen-punk et des paroles potaches, le kid commence à lire un vieil article dans un magazine spécialisé trouvé dans la chambre d’un pote, il découvre des noms exotiques comme ‘’Ingemar Janssens’’, "skatepunk", "hardcore mélodique", ‘’State To Flow’’… Intéressé il courre chez un disquaire pour chercher ce putain d’album et, décidé mais un peu anxieux, achète le seul dispo avec un sticker ‘import’ collé dessus, qu’importe le prix d’ailleurs… Beaucoup d’exemplaires de "No Straight Angles" vendus après le split de No Fun At All ont suivi ce chemin…

L’intro est énorme, les guitares aïgues, tranchantes et crunchies à l’extrême, le jeu de batterie du nouveau venu Kjelle tellement rapide que l’on peine à mimer les rythmiques épileptiques avec ses bras et ses deux crayons, des backing vocals hurlés à en lever le poing et la voix de Ingemar bien mélodique comme il faut donnent des frissons. Un titre culte qui ne dépasse pas les 2 minutes 30 (tradition oblige !). Et le plaisir ne se "désintensifiera" pas jusqu’au titre caché.

La voix de Ingemar Jansson, l’un des éléments qui fera la personnalité du groupe et qui l’inscrira au statut des "souvent copié, jamais égalé" sublime du début à la fin ce "No Straight Angles". Tantôt mélodique ( "Believers", "Wow And I Say Wow", "Strong and smart", "So it sadly goes",…) ou désabusée ("Nothing I wouldn’t do"), tantôt un peu plus énervé ("Growing old, growing cold", "Happy for the first time"), voire les trois à la fois (l’excellente "Evil worms", la terrible "I am wrong and I am right"), et bénéficiant d’un son parfait ; ce timbre si particulier impressionne, on reste vraiment accroché à ses lèvres et on ne décroche pas, et ce feeling est encore plus fort lorsque, des voix hurlées ou des très bons chœurs mélodiques (marque déposée) accompagnent les refrains.

Les deux guitaristes Micke et Kricke livrent des riffs rapides et ultra-accrocheurs ("I Can’t Believe It’s True", "Evil Worms"), virevoltants ("Believers", "I Am Wrong And I Am Right"), des intros bien tranchantes ("Growing Old") ou nous gratifient d’excellents soli ("Happy For The First Time", "Wow Wow Wow", "Nothing I Wouldn’t Do") qui ne tombent jamais dans le superflu. C’est carré et ça rappelle déjà les maîtres, Pennywise en tête. Le batteur, aussi à l’aise dans les tempos skate punk que dans les midtempos, varie sans cesse son jeu. De ce fait, les morceaux peuvent être totalement speed ou plus ralenties, les rythmiques restent toujours chaloupées et complexes, tellement caractéristiques au style skate.

Les thèmes abordés par Ingemar sont plus ou moins sérieux : la pression exercée par la religion ("Believers"), le matérialisme ("Wow Wow Wow"), la quête de la sagesse ("Wisdom ?"), côtoient le ras le bol du froid et de la neige (ça caille grave en Suède !) sur "Days In The Sun"", la gaieté ("Happy For The First Time"), et pas mal d’histoire de meufs (évident sur les paroles de "I Am Wrong And I Am Right"). La très moche Pochette signée Maria Ljung provient d’une œuvre de Otto Sthal-Arpke appellé "Le cabinet du docteur Caligari", tandis que l’arrière du CD se déroule une scène hilarante : un gars gonfle un ballon placé sur sa bite…

"No Straight Angles" est un album qui n’a pas besoin de plusieurs écoutes pour être apprécié à sa juste valeur. Tout fait mouche dès la première seconde et on en ressort la tête à l’envers. Une galette de 15 pistes inusables qui figure au panthéon, parmi les meilleurs albums de punk rock mélodique européen et même mondial.