Contexte :
La bande d’Arno Futur écume les salles de concert et enchaine les disques depuis la fin des années 80 avec un son et des « textes-slogans » qui racontent le quotidien désabusé de la jeunesse française. Les thèmes abordés sont universellement connus des punks de tout poil : les patrons, les flics ou encore la société de consommation de manière générale. Après 6 albums (dont deux lives), 5 maxis et EP’s et un concert mémorable (« Week End Sauvage ») à l’Elysée Montmartre en novembre 2008, ils nous reviennent en pleine forme avec un « Sois Pauvre Et Tais-Toi » plus énergique que jamais.
Chronique :
10 ans qu’on l’attendait et comme toujours les 11 titres de ce nouvel opus laissent une grande place aux textes afin de mieux dénoncer les abus et les excès du "système".
Les sujets punkement abordés ici sont somme toute assez classiques (« Tous Des Salopes » / « Sans Futur ») même si certains thèmes viennent s’ajouter aux revendications habituelles de nos 5 compères, et notamment sur « Les Pollueurs », « Dégage » et « Chez Momo ».
« Les Pollueurs », annonciateur de catastrophe, sonne comme une prédiction, puisqu’un mois après la sortie de l’album, la plateforme de BP explosait dans le golfe du Mexique ! Concernant « Dégage », c’est la pollution globale générée par les industries qui y est dénoncée et le non engagement des Etats-Unis contre le réchauffement climatique. « Chez Momo », quant à lui plus léger, fait l’éloge des épiceries de nuit « qui n’ont pas peur des douaniers raquetteurs » et qui nous rendent un fier service lorsqu’on est en galère de cigarettes ou de bières… (avec modération ?!)
« Les Vacances » et « HLM » dépeignent le quotidien des jeunes de banlieue qui, ne pouvant partir en vacances, trouvent de quoi s’occuper avec les moyens du bord (caillasser les flics ou encore bruler des poubelles... un peu cliché tout ça). Dans « Sauve Qui Peut », c’est à notre cher président qu’Arno reproche son « manque de tact » lorsqu’il s’adresse aux jeunes de banlieue ou aux paysans. Le titre éponyme « Sois Pauvre Et Tais-Toi », résume en 5 mots la politique menée par notre gouvernement en faisant le parallèle entre notre quotidien (« Tous les jours on galère dans le RER ») et celui de Nicolas 1er qui pendant ce temps « fait son footing au bois »... « Sans Futur » m’apparait comme le leitmotiv de toute une génération qui « préfère boire de la bière que de faire des heures supplémentaires » en réponse à un « travailler plus pour gagner plus » bien moins fun ! Petit plus de l’album, la version live de « Vas-y José » au début de laquelle Arno s’emmêle les pinceaux dans les paroles (c’est ça le Punk !)
Dans l’ensemble, ce nouvel album sonne comme un retour à un punk plus énergique (en effet, le son semblait plus calme sur les 5 inédits du best-of « 1992-2002 ») et dans lequel les textes sont plus que jamais d’actualité. Les Sales Majestés, vétérans par comme ’certains autres’, continuent donc de porter bien haut l’étendard d’un punk originel, notamment grâce à un état d’esprit intact (le prix des CD et des places de concert reste très abordable). La cohérence n’étant pas toujours ce qui caractérise le plus le punk hexagonal, rendons hommage à ces glorieux ambassadeurs du punk old school ’à la française’.