Contexte :
Deux ans après la sortie de Procapitalist, les Minimum Serious se font repérer par la major Mercury persuadée que le groupe pourra sans problème endosser l’étiquette de "Sum 41 français". Après réflexion, le groupe décide de signer avec l’ogre capitaliste au grand désarroi de pas mal de monde. Puis les quatres Grenoblois vont enregistrer leur troisième album intitulé Minimum Serious aux cotés de David Salsedo (Silmarils) et Clive Martin. Beaucoup plus pop que le précédent, cet album marque un tournant dans la carrière du groupe et grâce au carton radio du single "Tout Est Faux", le groupe grenoblois touche désormais un public plus large, s’éloignant largement du petit cercle d’amateurs de HxC mélo qu’il s’était constitué.
Chronique :
Autant le dire tout de suite : ce troisième album est réellement décevant à cause de la direction qu’a prise le groupe. Si au début la bande était considérée comme un ersatz de Uncommonmenfrommars et de Nofx, sur cet album le quatuor se débat désormais sur le même terrain que Blink 182 et Sum 41, essayant de prouver à l’hexagone que le "punk à roulettes" comme ils disent n’appartient pas qu’aux groupes précédemment cités. Et les changements sont au rendez-vous : les tunes sont une par une tartinées de pop punk aux accents très rock, les rythmiques hardcore mélodique qui rendaient le groupe motivant dans le passé se sont littéralement effritées pour des chansons en mid tempos (mise à part "47"), et le tout est chanté dans la langue de Molière, ce qui rare dans ce style de musique et pas toujours gage de réussite...
Pourquoi ces changements ? Est-ce par volonté d’avoir une identité à part entière, de ne plus être considérés comme des suivistes ? Ou bien est-ce la pression exercée par Mercury ? Tout ce qu’on sait, c’est que les Minimum Serious ont fait ce qu’ils semblaient être pour eux le mieux, assumant parfaitement leurs choix et acceptant les critiques des grandes gueules du punk rock français.
Le titre d’ouverture et single "Tout Est Faux" est plus rock que punk donc. Et la déception est déjà installée. On dirait que le groupe se fait bien chier. Heureusement qu’arrive à la rescousse "Ce qu’on blesse" qui remonte un peu le niveau. Ce titre a un effet de déjà-vu… Bon sang mais bien sûr ! C’est la version en français de "Believe In" parue sur Procapitalist de même que "Rien A Perdre" qui est la version mid tempo de "Good Mood Good Food". Vive l’originalité !
Cédric AKA Mute Boy le guitariste et désormais chanteur, assure encore plus que Fritz sur le précédent skeud. Sa voix est plus puissante, claire et plus assurée. Cela s’entend sur des chansons telles que "Ca commence à se savoir", "J’encaisserai Les Coups", "47’’". Guish se fait remarqué dans les chœurs. Et pas de la meilleure façon. Pourquoi s’échine-t-il à crier sur "Hate Myself", "Tout Est Faux", "Get In The Van"... ?
Et revenons aussi sur le chant en français. Il faut reconnaître que sur certaines chansons, l’essai est assez bien réussi et les quatres font tout ce qu’il faut pour bien faire passer le message : "Adulés par les gamins de 15 ans, critiqués par les groupes indépendants, on se fout de la mode et des tendances, on se fout de tout ce que les gens pensent" ("Vème Arrondissement"), "J’ai quatre accords, 47 secondes pour tout dire, c’est pas d’la pop, c’est du bon vieux riff qui transpire" ("47’’").
Au milieu de toute cette niaiserie ("Racheal Leigh Cook" surtout), seules quelques chansons sortent du lot comme "47’’" qui nous fait bien regretter que l’album ne soit pas du même acabit, "Ca commence A Se Savoir", la très bonne "Get In the Van", "Hate Myself", "Violins" avec ses violons qui font penser à Yellowcard et une Outro très rock ’n’ roll qui fait bien remuer. 5 chansons sur 12. Bof… Ce qui aurait été original, c’est que le groupe mélange la langue française avec du bon vieux punk mélo sur plusieurs titres à la manière de leurs excellents compatriotes de HL. Cela aurait été plus convaincant. Rien que d’imaginer…
Révélation pour certains, énorme déception pour d’autres, en tout cas ce qui est sûr, les adeptes de pop punk MTV qui ont découvert le groupe par le biais de cet album vont être charmés ; enfin un groupe qui mélange leur style de musique préféré avec leur langue maternelle, cela va leur éviter de fouiller dans leur dictionnaire Français-anglais / Anglais-français pour capter... Mais par contre les fans de la première heure vont tout simplement tourner le dos au groupe devant ce changement radical. Mais il y a une seule chose qui mettra tout le monde d’accord : la superbe pochette dans laquelle le groupe pose aux côtés de la plantureuse star montante du X français Loan Laure ! Et ça c’est le (seul ?) point fort de cet album !
Note : 13 / 20
Année : 2004
Note : 32 minutes
Labels : Universal Music Group
Tracklist :
01. Tout Est Faux
02. Ce Qu'on Blesse
03. Ca Commence A Se Savoir
04. J'encaisserai Les Coups
05. Rien A Perdre
06. Rachael Leigh Cook
07. Get In The Van
08. 47"
09. Vème Arrondisement
10. Hate Myself
11. Violins
12. Outro